TOUT EST DIT

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mardi 27 mai 2014

Les dernières cartes de François Hollande pour tenir encore trois ans


En changeant de premier ministre au lendemain des élections municipales de mars 2014, François Hollande a
utilisé l'outil politique le plus évident d'un président confronté à une situation de crise grave. Sous la pression de l'urgence, il est surprenant qu'il n'ait pas attendu les élections au Parlement européen qui s'annonçaient perdues d'avance pour jouer cette carte maîtresse. La voie d'un nouveau changement de premier ministre lui est désormais fermée au moins pour les deux ans qui viennent. Il reste au chef de l'Etat trois années de mandat à effectuer. L'impasse dans laquelle il donne l'impression de se trouver, à ce stade de son séjour à l'Elysée, paraît elle aussi sans précédent. Confronté à une impopularité qui pulvérise tous les records de l'histoire de la République et ne cesse de s'aggraver, face à un effondrement sans précédent du parti socialiste qui s'apparente à une humiliation (14% aux Européennes), quelles sont désormais les alternatives qui se présentent à lui? Quatre hypothèses semblent envisageables au regard de la panoplie qu'offrent les institutions et de l'expérience de la vie politique française.

La première est celle de la «reconquête». François Hollande tente de reprendre son destin présidentiel en main en multipliant les initiatives et en essayant de transformer sa «communication» de renouveler son image. Il lui faudrait dans cet objectif quitter l'habit du président «normal» ayant axé ses deux premières années sur la condamnation du bilan de son prédécesseur, et au contraire apparaître en chef de l'Etat unitaire, à l'écoute des Français, le cœur à l'ouvrage pour résoudre leurs problèmes. Le président est alors dans une logique de quitte ou double. Si la situation générale s'améliore, il peut en tirer profit. Si elle se dégrade, il en est tenu pour responsable. Dans quelle mesure est-il possible de redresser une image personnelle fortement dégradée? Cette interrogation est la clé de la réussite d'un tel scénario. Le scénario de la «reconquête» comporte deux sous-options: celle de «l'unité nationale» avec l'ouverture du gouvernement à des personnalités de l'opposition ou celle du «retour aux fondamentaux» de gauche.
La seconde est le retour à la «présidence constitutionnelle»selon la formule en usage sous la IIIe République. Le chef de l'Etat prend de la hauteur, se cantonne à son rôle d'arbitre et de garant des institutions. Il laisse donc au premier plan le premier ministre. Ce partage des rôles est conforme à l'article 20 de la Constitution qui confie au premier ministre la responsabilité de diriger la nation. La nomination de Manuel Valls à Matignon, sa présence médiatique laisse penser à l'adoption d'un scénario de ce type qui permet au président de se protéger derrière l'activisme de son premier ministre. En dehors des cohabitations où le premier ministre est aux commandes, ce type de situation a prévalu à plusieurs reprises, par exemple entre François Mitterrand et Michel Rocard, Jacques Chirac et Alain Juppé. Dans ce schéma, le plus probable, le chef de l'Etat investit son rôle de chef de la diplomatie et de chef des armées celui qui lui a le mieux réussi jusqu'à présent avec l'intervention au Mali et au Centrafrique. L'inconvénient pour lui de ce scénario: le risque d'un effacement et de devoir renoncer à une candidature en 2017 au profit du premier ministre.
La troisième est celle du «coup politique», celui de la dissolution en application de l'article 12 de la Constitution. Le président de la République, à cours de solutions, face à une crise de société et une succession de mouvements sociaux, décide l'organisation de nouvelles élections législatives. Celle-ci, dans le climat actuel, déboucherait inévitablement sur une victoire de l'opposition et sur la perspective d'une cohabitation avec un premier ministre de l'autre bord. Il faut bien voir que dans tous les cas de figure de ce type (1986-1988 et 1997-2002), la cohabitation a permis la réélection du président candidat . Cette formule constituerait un joker pour François Hollande déterminé à tenter le tout pour le tout en vue d'une réélection. Beaucoup de commentateurs de la vie politique penchent vers une telle issue, dans le courant de 2015. Pourtant, les évènements de ces derniers jours semblent en éloigner quelque peu la perspective. En cas d'effondrement total du PS, à l'image du résultat des européennes, l'opposition pourrait refuser de gouverner et le président contraint à la démission à l'image d'Alexandre Millerand qui s'est trouvé dans cette situation en 1924.
La quatrième est celle d'un «référendum suicide» à l'image du général de Gaulle en avril 1969. Elle est extrêmement improbable mais l'histoire politique ne manque pas de soubresauts et d'événements les plus imprévisibles à l'image du caractère humain. On ne peut exclure entièrement le choix personnel d' un François Hollande posant la question de confiance aux Français sur un sujet de société essentiel à ses yeux et engageant la suite de son mandat. Ce peut être une manière de sortir d'une présidence mal engagée par la grande porte, gaullienne. A priori, rien ne laisse aujourd'hui envisager une telle issue.

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