TOUT EST DIT

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mardi 27 mai 2014

PREMIER PARTI DE FRANCE

PREMIER PARTI DE FRANCE


Une bruyante exclamation. Suivie d’une longue acclamation et d’une tonitruante Marseillaise, celle que Taubira ne chante pas. A l’annonce du score sur les écrans de télé, au Carré à Nanterre, c’est le déchaînement. Les jeunes militants explosent, se sautent dans les bras façon finale de coupe du monde de foot. Les plus anciens, émus, ont du mal à en croire leurs yeux. 40 ans qu’ils attendent ça.
Le score est net et sans bavure. Rien à dire. En tête, largement. Premier parti de France. Ce n’est plus une estimation. C’est un tsunami bleu Marine. L’UMP est encore plus distanciée qu’on n’osait l’espérer. Le Front national a réalisé ce soir le meilleur score de son histoire aux élections européennes et le Parti socialiste le plus mauvais, tombant au-dessous de 14 %. Ni la nomination de Valls, ni le remaniement, ni le retournement, ni les faux cadeaux fiscaux et encore moins l’absurde campagne du PS en faveur de Martin Schulz, ne sont parvenus à diminuer l’impact de cette seconde salve de baffes des européennes. Plus sévère encore qu’aux municipales.
« Quelle satisfaction, non ? » C’est ce que je déclare tout de go à mon voisin journaliste de France 2, écœuré. Il me regarde avec une drôle de tête.
« Vous devez bien être le seul média qui est content ici ce soir », me dira un peu plus tard Jean, un sympathique militant FN de 20 ans, tendance Viva Cristo Rey avec sa médaille de baptême qui dépasse de son col. Un de ses camarades me confie que ses parents lisent Présent. Des gens bien ! Et vous les gars ? On a des tarifs jeunes très attractifs vous savez ?
« On a senti venir cette lame de fond »
Au buffet où le champagne coule à flot, au milieu d’une foule de journalistes venus de toute l’Europe, Espagnols, Italiens, Danois, Allemands, Anglais, les nouveaux élus européens se mêlent aux militants. Bernard Monot, Gilles Lebreton, Marie-Christine Arnautu, Philippe Loiseau, agriculteur de profession et abonné de Présent. Tous les quatre sont simples, faciles d’accès, agréables à rencontrer. « On n’a pas ménagé notre peine », me déclare Gilles Lebreton, manifestement fatigué et heureux. « J’ai fait jusqu’à quatre meetings dans une même journée. On voit nos efforts récompensés. Sur le terrain, on pouvait littéralement sentir cette lame de fond qui couvait. »
« Je suis très émue », confie Marie-Christine Arnautu, « je suis une sentimentale et une affective, alors je vis ce résultat très intimement. »
Le nombre de sièges tombe, région après région. C’est un raz de marée. Cinq sièges pour Jean-Marie Le Pen dans le Sud-Est, Gollnisch élu. Cinq pour Marine. Quatre pour Philipot. Trois pour Aliot… En tout ce sont 24 députés européens FN qui vont faire leur entrée à l’Assemblée.
« Trente ans qu’ils trahissent la France »
« Trente ans qu’ils trahissent la France », commente Monot en voyant apparaître les unes après les autres, comme au jeu de massacre, les têtes déconfites des ténors socialistes et UMP qui contemplent les dégâts, du fond de leur trou.
« Ah ! la gueule qu’ils tirent » s’amuse Isabelle, responsable des réseaux sociaux du FN. Une autre très grande satisfaction de la soirée, en effet.
Le big bang. Un autobus est passé sur la tête de Fabius. Un avion à réaction sur celle de Juppé. Rama Yade s’accroche à ses lunettes. Copé dévisse de plateau en plateau. Manuel Valls fulmine et roule des yeux comme un fou. Il va lui falloir un lexomil. Mélenchon suffoque. Il va faire un malaise. « Il y en a qui doivent se retourner dans leurs tombes », pleurniche une militante socialo rue de Solférino. Staline, Mao, Calles ? Leurs grands hommes et leurs héros ?
Un parti de gouvernement
Jean-Marie Le Pen qui a mis Peillon, l’artisan des rythmes scolaires et des ABC de l’égalité, à genoux à 12 % dans le Sud-Est, attend l’arrivée de sa fille d’une seconde à l’autre. Il est impeccable, la tête haute, l’œil pétillant :
« Il faut que le gouvernement tire les conclusions. Il faut dissoudre l’Assemblée nationale, retourner devant le peuple après avoir établi la proportionnelle.
Il n’est pas possible qu’un parti qui fait 25 % des voix soit représenté par deux députés à l’Assemblée nationale. »
Marine Le Pen surgit, radieuse. Les militants lui réservent une ovation :
« Le peuple souverain a parlé haut et clair. Comme dans tous les grands moments de son histoire. (…) Nous saurons nous en montrer dignes. C’est la lutte pour la grandeur de la France qui doit nous rassembler. »
Pour Marine Le Pen, c’est aussi une victoire personnelle. Elle a réussi avec sa personnalité propre à porter les idées du mouvement national à un score encore jamais atteint. Elle pulvérise aujourd’hui l’impossibilité voire l’incapacité que l’on a longtemps prêtées au FN de remporter une élection nationale et éminemment politique. Pourquoi est-ce un tel séisme ? Parce que le plafond de verre a explosé. Et que l’Europe qui faisait ses affaires dans notre dos va devoir compter avec les coups d’arrêt des députés FN, en commençant par le traité transatlantique. Même si toutes les embûches constitutionnelles vont lui être balancées dans les jambes, le Front national a conquis le statut de parti de gouvernement. Et la possibilité d’accéder un jour au pouvoir.

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