TOUT EST DIT

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samedi 24 mai 2014

Des émirs à l’hôpital !


C’est un Arabe qui a mis le feu aux poudres. Entre le 8 et le 14 mai, un riche émir du Golfe s’est fait hospitaliser à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Sud Santé n’a pas apprécié : un émir à l’hosto, ça fait clinique privée. La honte. Du coup, le syndicat trotskiste a balancé l’info aux médias : « L’émir avait privatisé neuf chambres de l’hôpital et réservé sept places de parking. Il avait même fait poser des douchettes dans les toilettes. » Pis, toujours selon Sud Santé, l’indélicat patient se faisait livrer ses repas par un traiteur.
Précisons toutefois que ce curieux patient a intégralement payé son séjour (250 000 euros) et qu’une surtaxe lui a été appliquée…
Je m’interroge. Qu’est venu faire cet émir dans un hôpital public français ? Pourquoi a-t-il réglé son hospitalisation rubis sur l’ongle alors que le président algérien Bouteflika, hospitalisé plusieurs semaines en France, a été dispensé de tout paiement… ?
En général, les populations aisées du golfe Persique se font opérer à Francfort, Munich ou Cologne. En Allemagne, c’est tapis rouge et limousine à l’aéroport. Cliniques et hôpitaux publics bichonnent cette patientèle providentielle. Les meilleurs médecins du monde ont été recrutés et les voisins Dubaï et Abou Dhabi imitent le modèle. Objectif : créer la meilleure offre de soins du monde dans la péninsule arabique. Pour compenser ces investissements pharaoniques, les Émirats ont eu une idée : attirer des milliers de patients étrangers — russes, indiens… Certes, pour l’instant, les riches émirs vont encore se faire soigner en Europe, mais pour combien de temps ?
En France, des établissements privés essaient timidement d’attirer les étrangers, comme l’Hôpital américain de Neuilly ou le célèbre Institut Gustave-Roussy, dans le Val-de- Marne. Cet hôpital privé à but non lucratif dispose d’une cellule internationale qui trie les demandes venant de l’étranger. L’année dernière, le plus grand pôle anticancer d’Europe a accueilli 864 “riches étrangers”, qui lui ont permis de recueillir 13 millions d’euros.
À part ces deux exemples, la France préfère bouder les patients aisés. Pourtant, le déficit de nos 1 029 établissements publics frôle les 500 millions d’euros. Pis, depuis dix ans, nos hôpitaux ont emprunté près de 30 milliards, soit 1,4 % du PIB. Notre pays dispose aujourd’hui d’équipements surdimensionnés dans un contexte chronique de cessation de paiement…
Depuis deux ans, sur fond d’emprunts toxiques, des hôpitaux insolvables attaquent leurs banques, d’autres affichent des déficits prévisionnels abyssaux… Dans ce contexte, Sud Santé devrait admettre que la meilleure façon d’aider notre service public hospitalier serait d’attirer davantage de riches émirs dans nos blocs opératoires !

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