jeudi 6 mars 2014
Quand le mandat de François Hollande ressemble à un jour sans fin
Remaniement, retour de Sarko, couacs, ouverture vers le centre... Tour d'horizon de tous ces sujets qui reviennent avec la régularité d'un métronome à la une de l'actualité.
Deux ans après l'accession de François Hollande à l'Élysée flotte dans l'air une litanie d'interrogations. Les circonstances ont beau changer, l'actualité s'emballer, rien n'y fait, les mêmes sujets hantent toujours l'esprit des commentateurs, de l'opinion publique et des ministres... Florilège de ces lancinantes questions.
1) Le remaniement, c'est pour quand ?
Le remaniement à la une. Encore. Depuis sa victoire à la présidentielle, François Hollande n'a opéré que des modifications à la marge du gouvernement dirigé par Jean-Marc Ayrault. Dans la foulée des législatives en 2012 et en réaction à des imprévus : la démission de Jérôme Cahuzac, puis le limogeage de Delphine Batho. Alors, depuis des mois, les observateurs, les commentateurs, les acteurs, médiatiques, politiques, lancent des rumeurs et s'en nourrissent. Remanier le gouvernement. Oui, mais quand ? Oui, mais avec qui ? Oui, mais pourquoi faire ? Pour l'instant, il ne s'est rien passé, hormis une campagne souterraine des candidats à Matignon, digne du lobbying pratiqué par les prétendants aux Oscars avant la cérémonie et le sacre. Éventuel.
2) Le retour de Nicolas Sarkozy
Le retour sur la scène politique de l'ancien président ponctue la vie politique avec une régularité de métronome. Un feuilleton orchestré par l'intéressé, qui alterne petites confidences destinées à filtrer et sorties plus spectaculaires, comme lors de la tournée musicale de Carla Bruni ou la campagne municipale de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris. Nicolas Sarkozy ne maîtrise en revanche pas l'aspect judiciaire, alors que son nom revient dans plusieurs affaires (Bettencourt, Karachi, Tapie, etc.). Il ne maîtrise pas non plus le dernier épisode en date de sa saga politique. Ce sont les écoutes clandestines réalisées par son ancien lieutenant Patrick Buisson, et révélées par Le Point, qui sont désormais à l'affiche. Principale victime de cette pratique unanimement condamnée : Nicolas Sarkozy lui-même.
3) Les Verts doivent-ils partir ?
Deux ministres écolos et un nombre de polémiques inversement proportionnel à ce faible taux.Dernière en date ayant entraîné la question, "les Verts doivent-ils quitter le gouvernement ?" : le soutien de Cécile Duflot aux manifestants contre Notre-Dame-des-Landes, projet d'aéroport défendu par Jean-Marc Ayrault. En octobre 2013, le soutien d'EELV aux manifs lycéennes après l'expulsion de Leonarda suivait de près l'accrochage public entre la ministre du Logement et Manuel Valls sur la question de l'intégration des Roms. En août 2013, le maintien au gouvernement était le principal sujet de conversation lors des journées d'été d'EELV. Début juillet, les Verts laissaient planer le (faux) suspense sur un éventuel départ, après le limogeage de la ministre de l'Écologie Delphine Batho. Ils étaient déjà en colère après celui de Nicole Bricq du même ministère un an plus tôt. Ce tour d'horizon est non exhaustif et des reculs probables promettent de beaux lendemains au débat sur le maintien des Verts au gouvernement.
4) L'aile gauche en colère
Ils étaient des socialistes heureux, pendant la campagne présidentielle. Heureux du discours du Bourget et de la promesse de lutter contre la finance folle. Heureux du projet de taxe à 75 % sur les très, très hauts salaires. François Hollande n'était pas leur favori en interne, mais il ferait sans doute un bon président de gauche. Et puis, patatras ! Une fois élu, il a commandé un rapport à Louis Gallois, défendu surtout les entreprises via d'abord la création du CICE, avant de se déclarer social-démocrate et de créer le pacte de responsabilité, de s'afficher avec Pierre Gattaz et de faire un hug aux Pigeons. Sans parler des sujets sociétaux maltraités. La loi famille abandonnée, la jeunesse négligée, le droit de vote des étrangers reporté... Régulièrement, l'aile gauche est au minimum "déçue", souvent "en colère". Dernière révolte en date, un texte publié dans Le Monde intitulé : "Il n'y a pas qu'une seule politique possible".
5) Hollande et Ayrault chutent dans les sondages
À force de chuter dans les sondages, il est incroyable que François Hollande et Jean-Marc Ayrault soient encore au-dessus de 0 % d'opinion favorable. Depuis septembre 2012, tous instituts confondus et quelle que soit la manière de poser la question, le résultat est presque toujours le même : "Hollande, Ayrault : la chute continue".
6) Couacs, couacs, couacs
Depuis septembre 2012, les "couacs" se multiplient au gouvernement. Le Monde en avait, en octobre 2013, recensé une bonne partie. Vincent Peillon favorable à un débat sur la dépénalisation du cannabis, Kader Arif annonçant la libération d'otages français... qui n'étaient pas libérés, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Cécile Duflot réclamant un assouplissement de la politique d'austérité, etc. Sans compter l'affaire Florange, ou la guerre ouverte entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg... Et bien sûr, le magistral cas Jérôme Cahuzac, ou l'aveu du ministre délégué au Budget qu'il possède un compte caché en Suisse après quatre mois de mensonges aux plus hautes autorités de l'État. Vainqueur toutes catégories. Pour le moment.
7) Le coup monté
À droite, les hostilités commencent en novembre 2012 avec l'élection du président de l'UMP. Jean-François Copé et François Fillon se déchirent devant les caméras des chaînes d'info en continu, les deux camps mettent en scène eux-mêmes une télé-réalité. Copé devient le patron sur fond de soupçons de triches. Le livre Le Coup monté des journalistes Bruno Jeudy et Carole Barjon vient rapidement étayer cette thèse. Cette rivalité entre les deux hommes émaille le quinquennat. Au casting figurent aussi de jeunes ambitieux : Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, NKM, Laurent Wauquiez, etc.Tous prétendants aux plus hautes fonctions.
8) Les coups de gueule de Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon est un homme en colère. Révolté. Contre la gauche en général, contre le PS et contre ses alliés du PCF en particulier, contre la droite, contre l'extrême droite, contre l'Europe, contre les États-Unis, contre les journalistes, etc. Et il le fait savoir. Dans les médias, sur son blog. Une recherche "coups de gueule de Mélenchon" dans Google permet de saisir l'ampleur du phénomène.Cet automne, il nous confiait sa "lassitude". Il plaidait : "Tout ne peut pas reposer sur moi." Mais, à l'approche des élections européennes, son véritable objectif, nul doute qu'il reprend du poil de la bête.
9) Le centre... Ou pas
Grand absent du débat médiatique de ce début de quinquennat : le centre. François Bayrou espère que la fin de sa longue traversée du désert passera par une victoire à Pau. Jean-Louis Borloo, hospitalisé, est contraint à une cure de silence. Hervé Morin a posté un selfie de lui au Salon de l'agriculture. Pourtant, à l'approche des européennes, en pleine période d'euroscepticisme, leurs voix auraient pu compter dans le débat.
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