mardi 4 mars 2014
La vraie France contre le Drang nach Osten en Ukraine
Voix de la Russie. Monsieur Aymeric Chauprade, vous êtes rédacteur en chef du sitewww.realpolitik.tv, une plateforme d’expression de nombreux contributeurs. Politique actif au sein du Front National, vous avez également travaillé à l’Ecole de Guerre et à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Dans votre dernier article consacré à l’Ukraine, vous avez écrit : « Les pyromanes de salon qui ont joué avec le feu en poussant une partie de l’Ukraine contre une autre, sans se préoccuper des conséquences humaines, pourront bien dénoncer l’arrivée des pompiers russes. Ils porteront cependant, devant l’Histoire, une responsabilité écrasante quant à l’affaiblissement général de la souveraineté étatique ukrainienne. » Pourriez-vous expliciter ?
Aymeric Chauprade. « Ecoutez, je crois que la Russie a été confrontée à une réalité qui est la suivante : c’est qu’à Kiev il n’y a plus de gouvernement légal. Les personnes qui sont censées représenter la souveraineté ukrainienne sont arrivées par un coup de force. Un président qui a été légalement élu, Ianoukovitch, que l’on pouvait apprécier ou non et qui était le président légal de l’Ukraine et il l’est toujours ! – donc ces personnes ont agi sous la pression des milices radicales qui ont annulé la démocratie et qui ont balayé les droits linguistiques des russophones. C’est toujours eux qui essaient d’arracher les églises orthodoxes de Kiev au Patriarcat de Moscou… Moscou, bien évidemment, ne pouvait rester les bras croisés face aux menaces qui pèsent sur la population russophone et russe d’Ukraine et sur la population russe de Crimée également. Il y a des accords qui protègent l’Autonomie de la Crimée et qui protègent les droits de la population russophone. Tout cela a été manifestement balayé et, par conséquent, Moscou a été obligé d’en tirer des conclusions. Le sens de la réaction de Moscou est une réaction tout à fait mesurée, car il ne s’agit pas d’une intervention militaire au sens d’une invasion, mais d’une volonté d’interposition pour sécuriser les populations et éviter d’abord des conflits qui sont souvent graves pour les populations civiles quand elles commencent à s’armer. Il faut donc s’interposer pour maintenir la paix civile et la concorde en Crimée et en Ukraine de l’Est. C’est une opération que je traiterais comme une réponse à une urgence humanitaire. C’est important de le dire ! On se souvient que la France est intervenue au Mali et c’était une intervention militaire qui visait aussi à stabiliser la situation et éviter un bain de sang général. Je crois qu’on est dans la même logique. A partir du moment où la Russie est un acteur local, régional extrêmement important, elle a un devoir historique et politique d’assurer la paix et la sécurité à sa périphérie et, en particulier, quand il s’agit de la population russe. »
LVdlR. On sait que le site du FN a été attaqué dans la nuit et rendu inaccessible à ses partisans. Il a en a été de même d’ailleurs pour le site de « Russia Today », grande chaîne de télévision russe émettant en plusieurs langues dont l’anglais. Croyez-vous que cette attaque du site du Front National soit liée à la problématique ukrainienne ?
Aymeric Chauprade. « Cela est directement lié, c’est évident ! D’abord parce que nous n’avons jamais eu d’incident technique de cette ampleur sur notre site et que, comme par hasard, cela s’est passé au moment où je publiais un communiqué qui est la ligne officielle du FN en politique étrangère s’agissant de la Russie et de l’Ukraine. Ce communiqué explique aussi quelle est la position de notre mouvement et de Marine Le Pen. Et c’est à ce moment-là que le site se trouve attaqué dans la nuit massivement et de façon très professionnelle !
Vous savez, nous sommes dans une scène globale : c’est une guerre d’information en même temps qu’une guerre économique et géopolitique. Il est évident que des forces considérables viennent essentiellement des Etats-Unis et cherchent aujourd’hui à transformer le monde en fonction de leurs normes géopolitiques et économiques. Cela passe aussi par la scène médiatique et informationnelle. Ils utilisent les hackers comme un moyen de guerre. Nous sommes aujourd’hui dans une forme de conflit, et nous, au FN, nous estimons répondre aux normes du droit international en fonction de la justice et de l’équilibre des puissances.
Nous pensons qu’une agression stratégique a été lancée contre les Ukrainiens à partir de Kiev et ce avec le soutien du Maïdan, de Svoboda et tous ces mouvements ultra-radicaux qui jouissent de l’appui des Etats-Unis et de certains pays de l’UE. C’est une agression stratégique contre les Ukrainiens et contre l’Ukraine. Par conséquent, il convenait de réagir en fonction de cela de manière juste, équilibrée et proportionnée. »
Commentaire de l’Auteur. Quels qu’eussent été les envahisseurs qui essayèrent d’assujettir la Russie, cela a toujours tourné au pire pour eux : on se souvient de Napoléon, de Hitler ou des Polonais du dix-septième siècle qui envahirent le Kremlin et brûlèrent les monastères orthodoxes. L’histoire a de ses constantes qu’il n’est pas donné d’outrepasser impunément. Obama n’a qu’à s’attendre à la même chose, car l’envahisseur doit souffrir dans sa chair pour que la leçon soit retenue. L’Amérique est allée trop loin pour que la Russie puisse passer l’éponge et faire comme si de rien n’était. Quant aux criminels qui fourbissent leurs armes sous les swastikas à Kiev, ils n’ont qu’à s’attendre à l’achèvement logique de leur histoire. C’est bien de cette façon-là que l’on traite les rebuts de l’humanité un peu partout à travers le monde civilisé que ce soit en Europe ou au Proche-Orient.
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