TOUT EST DIT

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lundi 31 mars 2014

Comme un miroir

Comme un miroir


De scandales en affaires, d'écoutes en révélations, de critiques en vociférations, notre vie politique se rabougrit chaque jour un peu plus et touche le fond de la confusion. Plus rien, nulle part, qui soit lisible dans ce paysage cafouilleux. Pire même, à en croire le niveau de l'abstention de dimanche dernier et celui probable de demain, le discrédit du politique a atteint un tel paroxysme que même les maires ne résistent pas au mauvais climat et ne font plus figure de remparts de la démocratie. Le refus des urnes et le vote protestataire ont abouti à une radicalisation surprenante qui menace les plus enracinés des fiefs. Sur les écrans du dimanche soir, le discours des représentants des partis de notre échiquier habituel est devenu si insupportable qu'il est grand temps de se demander où l'on va ?
Dans ces moments charnières de notre système politique, les partis doivent renouer avec le peuple, se préoccuper de leur représentativité et en finir avec les gestions sectaires. La perméabilité entre les frontières idéologiques brouille les repères des électeurs parfois désorientés par ce mélange des genres qui les pousse trop souvent à exprimer leur grogne dans un « tout vaut tout » vénéneux.
Cette élection fait la preuve que plus aucune institution n'est épargnée par la défiance inoculée dans nos raisons démobilisées à force de mauvaise foi et de déliquescence du débat d'idées. La droite, la gauche, la gauche, la droite : la question n'est même plus là, tant les jeux sont faits. Il s'agit par contre de savoir qui aura le courage d'en finir avec les conservatismes pour faire enfin de la France un État moderne. Et le courage de siffler la fin de cette révérence permanente aux Cours et Conseils, ces placards ou des sachants patentés volent le pouvoir au suffrage universel et éloignent les exécutifs de la volonté populaire.
Le rideau se lève sur Hamlet. Du haut des remparts d'Elseneur, Horacio interroge « Où cela va-t-il nous mener ? » Marcellus laisse tomber la réponse : « Il y a quelque chose de pourri dans l'État… » Et les deux personnages de Shakespeare de craindre ensemble l'apparition du spectre que la forteresse de la démocratie ne suffit plus à arrêter. Comme un miroir.

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