TOUT EST DIT

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dimanche 5 janvier 2014

François Hollande va abattre sa dernière carte… et personne n’y croit


Le président de la République est, aux dires de certains observateurs, habité par l'envie de changer de politique, sur une voie davantage social-démocrate. Mais de là à ce que son camp lui laisse les mains libres...
Les observateurs français ou étrangers ne croient pas possible une volte-face de la politique économique de François Hollande. Qu'il soit habité par l’ambition de lancer le parti socialiste sur une trajectoire social-démocrate, sans doute, mais selon les analystes il n y parviendra pas. D’abord parce qu’il est trop tard, ensuite parce qu' il ne trouvera jamais de majorité au parlement pour le suivre. Enfin parce qu’il n’est pas audible par l’opinion publique.
Et pourtant, pour les milieux  d’affaires, pour la commission de Bruxelles, pour la banque centrale et pour le gouvernement allemand, le diagnostic qu'il a rapidement formulé le 31 décembre au soir en préambule de ses vœux, se rapproche un peu de la vérité  partagée par la majorité des experts (on sort un peu du déni de crise dans lequel on était enfermé depuis la campagne présidentielle, on accepte de penser que le mouvement cyclique ne suffira pas à retrouver de la croissance. D’ailleurs tous les pays d’Europe retrouvent de la croissance, sauf la France .
Mais ce qui a surpris tout le monde surtout, c’est l’annonce des trois séries de réformes à mettre rapidement en chantier.
1. Un pacte de compétitivité avec une baisse des charges pour les entreprises.
2.Une baisse des dépenses publiques pour financer la baisse des charges et si possible une baisse des impôts.
3. Enfin, une initiative européenne pour renforcer la cohérence politique des pays de la zone euro, seul moyen de protéger la monnaie et de la rendre efficace en termes de croissance.

On retrouve là les trois axes d’une politique de l’offre qui met l’entreprise au centre du dispositif et qui est à l’origine de la prospérité allemande, du redressement italien, espagnol et surtout britannique.
Il faut dire que pendant  les deux mois de novembre et décembre, François Hollande a été harcelé de notes , d’analyses officielles et officieuses venant de tous les horizons, de la Commission de Bruxelles, de la Banque centrale, de l’entourage de Mme Merkel, mais aussi du SPD allemand, du Medef et d’officines d’économistes proches de la CFDT et de la CGT,  l’implorant de prendre des initiatives pour libérer la croissance en France. C’est pour cette raison qu' on retrouve dans le discours de fin d’année du président beaucoup de concepts diffusés par la gauche social-démocrate ; on retrouve aussi du Mario Draghi, relayé en France par Christian Noyer, le directeur de la Banque de France ; on retrouve aussi beaucoup de jacques Delors, toujours actif en coulisse, de Jacques Attali qui n’a pas ménagé sa peine pour se faire entendre ou Mario Monti qui a beaucoup séjourné à Paris depuis son départ du gouvernement italien.
En fait, le président de la République a cédé au dernier moment, entre Noël et le 31 décembre,  quand il a eu la confirmation que les chiffres de l’emploi seraient mauvais et qu'il serait obligé de reconnaître que son pari était perdu. A ce moment-là les banquiers français, ( BNP Paribas, société générale...) ont prévenu l’Elysée que la France courait un vrai risque de décrochage sur les marchés au printemps 2014 avec un blocage du marché obligataire, une hausse des taux, ce qui aurait rendu le financement de la dette très coûteux, et surtout le refinancement des compagnies d’assurance françaises (bourrées d’emprunt publics) très compliqué. Or derrière les compagnies d’assurance, il y a les caisses de retraites.
Bref, Emmanuel Macron, le conseiller économique du président, appuyé par la direction du trésor de Bercy, ont sans doute su trouver les mots pour convaincre le président qu'on rentrait en zone rouge et qu' il était urgent de changer de discours.
Le discours du 31 a donc été écrit pour s’adresser d’abord aux marchés, donc pour gagner du temps.
Maintenant, les acteurs de l’économie réelle sont très perplexes parce qu' une fois de plus, ils se demandent comment la promesse sera délivrée.
Le mouvement des PME (jean Pierre Roubaud) attend des mesures concrètes et urgentes, le Medef qui a déjà fourni beaucoup de notes, a pris rendez-vous pour la semaine prochaine... La baisse des charges sur le travail devrait intervenir très rapidement par une baisse de la cotisation familiale, actuellement de 5,25 %, mais personne ne voit par quoi elle sera compensée. Le président s’étant interdit de relever les impôts, on ne pourra  toucher avant longtemps ni à la CSG, ni à la TVA.
Les Allemands ont épluché le projet de François Hollande de renforcer la cohérence politique mais ils ne voient pas comment il pourra le faire avancer avec une opinion publique très réfractaire à l’Europe et à l’euro. Comment faire aujourd hui ce à quoi il avait renoncé il y a dix-huit mois.
Enfin, les syndicats FO notamment sont déjà monté au créneau pour prévenir qu’on ne pouvait pas toucher aux dépenses publiques.
Dès le matin du premier jour de l’année, le président de la République s’est retrouvé dans un océan de doutes et de perplexités, en attendant une levée de boucliers générale.
Vendredi, hier, jour du premier conseil des ministres  de l’année, François Hollande savait qu’il lui faudrait désormais se battre contre beaucoup de ses partisans. Il savait que la gauche du parti, le front de gauche, le parti communiste et les écologistes ne l’accompagneraient pas dans son virage pseudo libéral. Les syndicats ne pourront pas le faire, du moins publiquement.
Quant aux membres du gouvernement, la plupart savent déjà que ça ne passera pas. Et si ça bloque, ils en feront cette fois ci les frais, à commencer par le Premier ministre qui était parti avec l’idée de relancer sa réforme fiscale. Inutile de dire que cette fois, le projet est enterré.  D’où les rumeurs  relancées dès le 2 janvier, d’un remaniement gouvernemental, avant même les élections européennes.
Les ministres qui se disent appartenir à la gauche moderne se frottent les mains en silence... Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Manuel Valls, Michel Sapin et d’autres, soutenus par les maires des grandes villes comme Gérard Collomb, le maire de Lyon, ou François Rebsamen, celui de Dijon.
Conscient que les rapports de force vont changer au sein de la majorité, François Hollande  veut donc aller très vite pour convaincre les marchés d’abord, et l’opinion ensuite, que son intention de réforme est sincère. Lors du conseil de vendredi, il aurait donc demandé aux ministres de Bercy de nouvelles études, sur la compétitivité, la baisse des charges, et surtout sur les économies de dépenses publiques. Il aurait demandé de vérifier si à qualité de service publique équivalente, l’Allemagne dépensait bien 100 milliards de moins que la France.
Au niveau du timing, l’Elysée souhaiterait passer un maximum de mesures avant la saison des élections. Il va donc falloir aller très vite avant le mois d’avril. D’où son idée de passer par décrets et ordonnances. On imagine la réaction des membres du groupe socialiste à l’assemblée ou des amis de M. Mélenchon, qui aura trouve un prétexté de plus pour éructer.
Pour les responsables politiques et syndicaux, tout cela est un peu surréaliste. Le prochain grand rendez-vous est fixé au 15 janvier, jour de conférence de presse au cours de laquelle le président donnera "toutes les précisions nécessaires". D’ici là les lobbys  de toutes sortes vont s’activer pour défendre la sphère publique qui se retrouve, tout le monde l’a compris, dans le collimateur. Or la sphère publique, c’est le socle de l’électorat "hollandais", alors à Paris comme à Berlin ou à Bruxelles, on pense que le président français a pris un tel retard sur la réalité qu'il aura du mal à gagner la course de vitesse où il dit s’ être engagé.

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