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dimanche 20 octobre 2013

Front de gauche: le divorce à Paris pose la question de sa survie


FRONT DE GAUCHE - Voilà enfin une raison de se réjouir pour les Socialistes. Alors que la majorité est empêtrée dans l'affaire Leonarda, l'horizon s'éclaircit légèrement pour elle en vue des municipales de mars prochain. A Paris, les militants communistes ont en effet dit oui à une alliance avec Anne Hidalgo dès le premier tour, laissant leurs partenaires du Parti de Gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon en plan.
La dauphine de Bertrand Delanoë ne s'y est pas trompé, faisant par de sa "joie et de sa fierté de voir la gauche rassemblée à Paris". C'est oublier un peu vite qu'elle ne sera pas à la tête de la seule liste de gauche dans la capitale. Les écologistes partent au premier tour en solitaire, conduits par Christophe Najdovski et le PG a confirmé samedi soir qu'il aura des listes autonomes menées par Danielle Simmonet.
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Et c'est là que la décision des Communistes prend toute son d'importance. Si ce vote est une bonne nouvelle pour la majorité sortante dans la capitale, il est en revanche un net coup d'arrêt pour le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon. "Comment peut-on faire une bêtise pareille? Comment peut-on être aussi mauvais stratège?", se demandait l'ancien candidat à la présidentielle avant le vote. Qu'il ait ou non la réponse à sa question, il se retrouve aujourd'hui à gérer la plus grave crise de la jeune histoire de cette alliance PG-PCF, née en 2009.
Feu nourri sur Pierre Laurent
"Tout cela va faciliter la tâche de ceux qui veulent faire des croche-pieds au Front de gauche", déplore Alexis Corbière, secrétaire national du Parti du gauche. Pour lui comme pour de nombreux mélenchonistes, il est inconcevable de combattre la "politique d'austérité" du gouvernement socialiste et de s'allier "pour quelques postes" avec les Socialistes. Ceux-ci ont ainsi promis treize sièges de conseillers de Paris (contre huit aujourd'hui), 32 conseillers d'arrondissement et trois postes de maire adjoint. "Que feront les candidats communistes quand des syndicalistes viendront aux meetings d'Anne Hidalgo pour demander des comptes", lance le conseiller de Paris.
Mais le coupable est bien identifié: il s'agit du patron du Parti communiste, Pierre Laurent. Ce dernier s'est clairement prononcé en faveur de l'union avec Anne Hidalgo. "J'ai vu tout le poids que Pierre Laurent a mis pour que les communistes votent ainsi. C'est bien qu'il voulait donner une dimension nationale à cette consultation. Mais je crois qu'il n'analyse pas très bien la situation politique du pays", déplore Alexis Corbière.
Danielle Simmonet est encore plus nette vis-à-vis du leader communiste: "Pierre Laurent porte la responsabilité du fait que le PCF a décidé de quitter le Front de gauche à Paris", estime la tête de liste PG à Paris. Mais cela ne remet pas en cause selon elle le besoin d'une alternative à gauche. Elle compte d'ailleurs rassembler "sept des neuf mouvements qui composent le Front de gauche" en vue de la campagne de mars prochain. Mais l'absence des Communistes devrait l'empêcher d'utiliser le logo et l'appellation Front de gauche.
Tout le monde réuni pour les européennes ?
A l'inverse, les communistes veulent circonscrire ce choix à la seule capitale. Ils rappellent ainsi que dans la très grande majorité des autres villes, le Front de gauche sera uni. "Seulement à Paris, le parti socialiste fait des efforts pour rassembler et il a compris que pour gagner, il a besoin de s'ouvrir", explique Ian Brossat, leader du groupe communiste au Conseil de Paris.
Opérant ainsi, le PCF parisien prend néanmoins le risque que le Parti de Gauche surfe sur l'impopularité du gouvernement pour réaliser un bon score sans lui. Et que cela donne des idées pour la suite à Jean-Luc Mélenchon. Car dans un coin de sa tête, l'eurodéputé théorise déjà un "Front d'un type nouveau" qui pourrait exister sans les Communistes. Les liens qu'il a récemment noués avec les Ecologistes dans plusieurs villes et ses appels du pied à Eva Joly sont la pour en attester. "Ce qui est sûr c'est qu'il y aura un avant et un après samedi 19 octobre", affirme Danielle Simmonet.
Cette hypothèse, pourtant, les communistes refusent d'y croire. "Le Front de gauche sans le PCF, ce n'est pas le Front de gauche. C'est ensemble que nous gagnerons d'autres victoires", veut croire Igor Zamichiei, numéro un de la fédération PCF de Paris. "Bien sûr que non, le Front de gauche n'est pas mort ce soir. On ne peut pas suspendre l'existence de ce mouvement à une stratégie locale, à une ville même s'il s'agit de la capitale. Au delà de cette élection, nous nous présenterons unis à commencer par les Européennes où nous nous opposerons totalement aux Socialistes", promet Ian Brossat.
Mais au lendemain du second tour des municipales, communistes et mélenchonistes auront deux mois, pas plus, pour tenter de recoller les morceaux.

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