D'après ses conseillers, l'ex-président serait opposé à un vote préalable du Parlement.
vendredi 6 septembre 2013
Syrie : ce que Sarkozy pense mais ne dit pas
«Je vous l'avais bien dit!» Tel est, en résumé, le sentiment de Nicolas Sarkozy à propos de la Syrie, sur laquelle, il y a un an, il avait critiqué l'inaction deFrançois Hollande. L'ancien président s'interdit néanmoins d'intervenir publiquement et garde pour lui ses considérations géostratégiques. «Nicolas Sarkozy observe avec attention, mais il ne se livre à aucune diplomatie parallèle», résume un membre de son entourage. L'ancien chef de l'État n'a «pas parlé à Ban Ki-moon», s'agace-t-on Rue de Miromesnil après avoir pris connaissance d'une rumeur reprise par certains médias. Il avait rencontré le secrétaire général de l'ONU à New York, mais c'était avant l'été, lors d'un déplacement privé.
Nicolas Sarkozy sait que le moindre mot de sa part sur la Syrie pourrait susciter une polémique dont François Hollande tirerait aussitôt parti pour dénoncer les interférences de son prédécesseur. «Il ne lui offrira pas cette occasion», confie un proche. Il n'y aura donc pas de deuxième communiqué de la Rue de Miromesnil pour commenter la tragédie syrienne, après celui du mois de juillet 2012.
Il est vrai que Nicolas Sarkozy avait prématurément rompu son vœu de silence au cœur de l'été 2012, pour dénoncer l'inertie de la communauté internationale face à Bachar el-Assad. Dans un communiqué commun avec le président du Conseil national syrien (CNS) et principal chef de l'opposition, Abdebasset Sieda, il s'était alarmé de «la gravité de la crise syrienne»,et avait rappelé «la nécessité d'une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres». L'un et l'autre soulignaient aussi les«grandes similitudes avec la crise libyenne».
Les anciens conseillers de Sarkozy soulignent que le parallèle avec la Libye est riche d'enseignements. «Il faut parfois un peu de culot! Nicolas Sarkozy avait réuni un sommet européen sur la Libye, alors qu'il était peu légitime sur ce dossier, mais ça créait une dynamique. Il a reconnu officiellement un gouvernement provisoire, et cela a déclenché un processus», rappelle un proche. Dans le dossier syrien, les capitales européennes sont restées très «attentistes», regrette-t-on.
Aujourd'hui, l'ancien président est très favorable à des frappes aériennes contre la Syrie. «Il souhaite une intervention depuis l'année dernière, il regrette l'absence de leadership sur ce dossier», résume ce proche. Avec ou sans l'ONU? «Les experts de l'ONU ne pourront jamais apporter la preuve formelle qu'Assad a décidé de recourir aux armes chimiques! Pour obtenir une résolution du Conseil de sécurité, il faut souvent forcer le passage. Si vous agitez la menace d'une intervention en dehors de l'ONU, cela change la donne», juge un diplomate proche de Sarkozy. Mais l'ancien président reste très sceptique sur la méthode suivie par Barack Obama - «qui n'est pas un leader, mais un suiveur», selon l'un de ses anciens conseillers. À en croire l'un de ses proches, Nicolas Sarkozy est également sans concession à l'égard de David Cameron et François Hollande. La position de son successeur lui paraît juste sur le fond, mais, selon l'expression d'un proche, il «ne peut que s'agacer de la méthode des bras ballants chère à Hollande. S'il avait été plus actif au niveau européen, cela aurait pu aider, au passage, David Cameron à obtenir le soutien du Parlement britannique»,note ce conseiller.
En revanche, son entourage ne cache pas que Nicolas Sarkozy n'est pas favorable au vote préalable des députés: «C'est contraire à l'esprit de la modification constitutionnelle qu'il a fait adopter en 2008.»
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