Les leaders des pays du G20 n'ont pu que constater jeudi à Saint-Pétersbourg leurs divisions sur une éventuelle intervention militaire en Syrie, cristallisées autour des tensions entre Barack Obama et Vladimir Poutine.
Le chef du gouvernement italien Enrico Letta, dont le pays rejette toute action militaire sans mandat de l'Onu, a déclaré sur Twitter que le dîner avait "confirmé les divisions à propos de la Syrie".
"Condamnation générale de l'usage des armes chimiques"
"Il y a quand même eu une condamnation générale de l'usage des armes chimiques", selon une source diplomatique française.
"La question pour certains était de savoir qui avait utilisé ces armes chimiques. Poutine n'y répond pas. Il dit 'les uns ou les autres et sans doute les uns et les autres'", selon cette source.
Vladimir Poutine, soutien indéfectible de Damas, avait décidé de transformer ce repas, qui s'est achevé vers 1h du matin, heure locale (21H00 GMT), en tribune ouverte sur la crise syrienne, chacun s'exprimant à tour de rôle, mais sans forcément chercher d'accord.
La guerre en Syrie a écrasé les thèmes économiques habituellement abordés au G20. "L'atmosphère était concentrée mais pas tendue" selon la source française.
"La solution politique est la seule voie"
L'ambassadrice américaine à l'Onu, Samantha Power, s'en est vivement pris à la Russie, accusée jeudi de "prendre le Conseil de sécurité en otage" en bloquant, ainsi que la Chine, toute décision sur la Syrie.
A Saint-Pétersbourg, lors d'une rencontre avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, Barack Obama avait exprimé le voeu que les leaders mondiaux admettent "que l'utilisation d'armes chimiques en Syrie n'était pas seulement une tragédie mais aussi une violation du droit international qui devait être réglée".
Le président français François Hollande, également partisan d'une intervention, s'est notamment entretenu avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, aussi favorable à l'option militaire et dont les troupes se renforcent à la frontière syrienne, selon les médias turcs.
L'autre verrou onusien à une opération militaire, la Chine, a fait savoir jeudi que, selon elle, "la situation actuelle montre que la solution politique est la seule voie" possible pour régler la crise.
Bras de fer
Depuis Saint-Pétersbourg, Barack Obama continuait jeudi à exercer une pression sur les élus pour obtenir leur soutien, mais la partie s'annonçait serrée, à tel point que le président a annulé un déplacement prévu lundi pour défendre politiquement l'intervention.
Ce même 9 septembre, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem sera chez son allié russe, à Moscou.
Le Premier ministre britannique David Cameron a affirmé avoir de nouvelles preuves de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Mais Obama ne peut compter, dans son bras de fer, sur des alliés européens unis: seul François Hollande est aujourd'hui prêt à frapper Damas.
L'Allemagne, de son côté, pense que "cette guerre doit prendre fin et cela ne se fera que politiquement", selon la chancelière Angela Merkel qui assure que son pays "ne s'associera en aucun cas à une action militaire".
Les leaders européens ont multiplié les contacts à Saint-Pétersbourg pour accorder leurs violons. Ils ont par exemple eu un aparté avec Barack Obama dans la salle du dîner, juste avant de prendre place, selon les images télévisées. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE vont se réunir vendredi et samedi à Vilnius pour tenter de trouver une position commune.
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