TOUT EST DIT

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lundi 2 septembre 2013

"Grèce : vers la guerre civile ?"


De la crise économique qui bouleverse la Grèce depuis 2008, on a presque tout dit. L'explosion du chômage (27 % de la population), le désespoir d'une jeune génération perdue (60 % de chômeurs chez les 15-25 ans), les sans-abri sans cesse plus nombreux et un pays qui ne vit plus qu'au rythme de l'austérité dictée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

Pour ce numéro de "Spécial investigation", Thierry Vincent a ausculté les conséquences politiques de cet étiolement. Et les souvenirs douloureux que cette crise réveille, dans son analogie avec une histoire plutôt récente. La guerre civile de 1945-1949, d'abord, où droite et extrême droite étaient opposées à la gauche révolutionnaire et communiste. Après 150 000 morts, les forces de droite l'emportèrent. Puis le coup d'Etat de la junte militaire - marquée à l'extrême droite -, en 1967, et les sept années de la "dictature des colonels" qui suivirent.
FORCE SUPPLÉTIVE DE LA POLICE GRECQUE

Près de soixante-dix ans plus tard, les similitudes sont effarantes. Leclimat politique est nauséabond et les extrêmes se sustentent de la dépression, de la rage et de la révolte. Syriza, la coalition de la gauche radicale, d'un côté, avec plus de 26 % des suffrages lors des législatives de juin 2012. Et Aube dorée, de l'autre. Le parti d'extrême droite, ouvertement xénophobe, a obtenu vingt et un sièges de députés aux mêmes élections.
C'est dans ce conflit larvé, cette guerre civile qui ne dit pas son nom, que nous conduit Thierry Vincent. Dans une Athènes parfois affamée - à travers les files de sans-abri attendant de la nourriture -, parfois insurrectionnelle. Le journaliste a réussi à amener sa caméra dans le quartier tenu par les anarchistes de la capitale grecque. A l'extrême gauche, ce sont les plus puissants et les plus farouches opposants au fascisme. Pas une semaine ne passe sans qu'ils manifestent contre Aube dorée. La stratégie du harcèlement.
Mais le succès électoral du parti d'extrême droite fondé et dirigé parNikolaos Michaloliakos a ouvert la brèche. Depuis, attaques racistes et ratonnades d'immigrés sont monnaie courante. Pis, Aube dorée serait devenue une force supplétive de la police grecque. Grâce à des images de manifestations et à des témoignages de policiers en activité, le réalisateur met en lumière les inquiétantes relations entre l'extrême droite et le pouvoir en place. Il n'est pas rare que des militants du parti épaulent la police pour réprimer les manifestations de la gauche antifasciste.
Thierry Vincent dresse un funeste tableau d'un pays désormais habitué aux images de guérilla urbaine. Aux gaz lacrymogènes répondent les cocktails Molotov. Aux exactions xénophobes répondent les démonstrations de force anarchistes. Comme en 1945. Les armes en moins. Pour combien de temps ?

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