TOUT EST DIT

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lundi 2 septembre 2013

Munich, vous avez dit Munich?


Le secrétaire général du parti socialiste vient d’accuser l’opposition de « propos Munichois », au sujet des réserves exprimées sur le projet d’intervention militaire en Syrie. Rien ne justifie cet amalgame tant les circonstances sont différentes. En 1938, les armées de l’Allemagne national-socialiste menacent de déferler sur l’Europe. Aujourd’hui, nulle menace sur l’intégrité d’un Etat européen. Il est question d’une opération militaire destinée à sanctionner la Syrie. 
A chaque fois qu’une intervention armée est envisagée ou lancée, l’accusation de "Munichois" tombe bêtement sur ses opposants, quels que soient leurs arguments : Suez en 1956, Irak en 1991 et 2003, Ex-Yougoslavie, Libye, Syrie aujourd’hui. Absurde : cela signifierait que la guerre est en toute circonstance la solution de tous les problèmes et que l’alternative de paix est par définition « Munichoise ». D’ailleurs, ce genre de comparaison historique, de la part d’un leader socialiste, me semble particulièrement risqué et hasardeux. Il renvoie à la véritable histoire des accords de Munich dont le parti socialiste, sfio à l’époque,  fut l’un des  fervents soutiens. Ainsi, faut-il le rappeler, Léon Blum, leader de cette formation, déclarait à la Chambre, le 4 octobre 1938 : « Tout entier le groupe participe aux sentiments qui animent d’ailleurs l’unanimité de la Chambre : une joie profonde quand il considère que le peuple de notre pays a été délivré d’une catastrophe dont l’imagination même ne parvient pas à se représenter l’horreur… »  Un homme de droite, Henri de Kérillis, totalement isolé dans son camp, lui répondait : « Il est impossible d’accorder mon vote au gouvernement, car ce vote signifierait mon adhésion à la paix de Munich… Cette paix annule à jamais les bénéfices de la victoire de 1918 ; signifie le renoncement de notre politique historique, de notre politique traditionnelle… consacre le triomphe de Hitler… » Les amalgames historiques douteux, notamment avec une époque où l’histoire de l’humanité a atteint les sommets de l’horreur et de la tragédie, ne devraient pas être de mise dans une démocratie responsable. Combien de fois faudra-t-il le répéter?

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