TOUT EST DIT

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jeudi 29 août 2013

La « France à la croisée des chemins »

Mais les boutiquiers de l’UMP nous parlent de leur « inventaire »


Le matraquage et même l’oppression fiscale ; la détérioration du pouvoir d’achat ; une non-réforme des retraites réglée à l’aide d’une nouvelle hausse des prélèvements, sans toucher aux structures d’un système obsolète et à bout de souffle ; et surtout pas d’allongement de la durée de cotisation, pourtant indispensable, mais qui indisposerait les syndicats et la gauche de l’actuelle majorité ; un chômage colossal qui, malgré l’onéreux subterfuge des emplois aidés, continue de croître ; l’insécurité tout autant ; les Roms qui s’abattent sur la France comme la misère sur le pauvre monde ; Christiane Taubira et sa politique pénale controversée, s’apprêtant à vider les prisons avec ses peines de probation, de substitution et faridondon… Le Premier ministre le signalait dimanche dans son discours de La Rochelle : « La France est à la croisée des chemins. » Dont certains conduisent à des impasses et d’autres, souvent privilégiés par le pouvoir en place, au bord du gouffre… Mais les boutiquiers de l’UMP nous parlent de leur « inventaire ». Du « bilan » des années Sarkozy… Comme s’ils n’avaient, en cette période de tous les dangers, rien d’autre à dire aux Français.

Le procès du sarkozysme ?

Cet inventaire aurait dû être fait à l’automne 2012. Mais, alors, le parti de l’ex-majorité désavouée par les électeurs se trouvait plongé en pleine guerre intestine. Un combat des chefs qui allait dégénérer pendant plus d’un mois, avec, à la clé, accusations de malversations et de votes frauduleux. On se serait cru chez les socialistes. Aujourd’hui, plus d’un an après la défaite de Nicolas Sarkozy et à quelques mois des élections municipales, puis européennes, et vu le contexte politique qui s’alourdit, avec notamment d’inquiétants bruits de bottes et des choix budgétaires cruciaux pour l’avenir de la France et des Français, le moment de faire le bilan du sarkozysme semble déplacé. Pour ne pas dire incongru. Il y a de l’urgence dans l’air, mais les apothicaires de l’UMP ont le nez dans leurs livres de (règlements) de comptes, avec des préoccupations d’arrière-boutique.
Pour la petite histoire, l’expression « droit d’inventaire » a été créée en février 1995 par Lionel Jospin. Investi comme candidat à l’élection présidentielle après le retrait inattendu du favori Jacques Delors, l’ancien Premier secrétaire du PS entendait, par cette formule, prendre ses distances avec le pouvoir mitterrandiste en pleine déliquescence et massivement rejeté par les Français. Certains ténors de l’UMP se jospinisent donc dans leur démarche de se dissocier de ce qui, dans le sarkozysme, a déplu aux Français.
Jean-François Copé, longtemps hostile à l’idée d’inventaire, s’y est rallié de façon impromptue le 17 août dernier dans un entretien publié par Corse-Matin, pour des raisons que nous expliquions hier dans Présent. A la grande fureur des sarkozystes, qui redoutent que cet inventaire ne tourne au procès de l’ancien chef de l’Etat. Pour Brice Hortefeux, qui fustige une « politique du rétroviseur », « le temps que l’on passera à l’inventaire sera du répit pour le gouvernement ». Ce n’est pas faux. Mais à part quelques coups de gueule, donnés le plus souvent à tort et à travers, l’UMP n’a, jusqu’ici, pas beaucoup gêné le gouvernement socialiste. Et surtout pas par ses contre-projets…

La décennie perdue

Les fillonistes, évidemment, ne font pas confiance à Copé. « Il va organiser une convention bidon pour pouvoir dire, C’est bon, le bilan a été fait ! N’en parlons plus. » Proche de l’ancien Premier ministre, le député Pierre Lellouche souhaiterait « prendre le temps d’analyser le passé pour rebâtir un projet ». Pour cela, il faudrait étendre l’analyse à ce que beaucoup d’économistes nomment aujourd’hui la « décennie perdue » et passer au crible les dix années d’immobilisme ou de faux-semblants – l’agitation permanente masquant alors la stagnation et l’inertie – de la droite libérale, de Chirac à Sarkozy. Laurent Wauquiez parle, à ce propos, de « réformettes », pourtant vendues à l’époque comme de « grandes réformes ». Un ancien ministre de Sarkozy témoigne, lui aussi : « Notre première proposition dans l’opposition a été d’appeler à la suppression des 35 heures. Des électeurs m’ont alors dit : Pourquoi ne l’avez-vous pas fait quand vous étiez au pouvoir ? Bonne question. A laquelle, d’ailleurs, Copé fait écho lorsqu’il déclare : « Nous devons pointer du doigt ce que nous n’avons pas osé faire et en tirer les conséquences. » Pour le président de l’UMP, « il faudra assumer une baisse massive des impôts », « lutter contre l’assistanat » et, sans doute, « revenir sur le RSA ». Mis en place sous Sarkozy…
Conséquences à tirer de tous ces ratages ?  Changer entièrement le logiciel de la droite libérale, héritière en France d’une conception étatique et dirigiste de la société. Et surtout changer de dirigeants, qui ne gouvernent plus dans l’intérêt du pays, mais l’œil rivé sur les sondages en vue de leur prochaine réélection.
A cela s’ajoute, pour l’UMP, un problème de leadership, qu’entretiennent les manigances manœuvrières de Nicolas Sarkozy. « Pas une semaine ne passe sans que l’ancien chef de l’Etat ne s’entretienne avec des dirigeants de la droite, ne convoque à son bureau un député battu ou un ancien ministre à qui il promet un avenir radieux. » L’objectif étant de faire savoir : Coucou, je suis toujours là. Et je compte bien y être plus que jamais.
Seulement voilà : pour des gens comme Fillon, et plus encore Juppé, 2017 représente leur ultime chance d’atteindre l’Elysée. En finir avec ce président battu qui continue à s’accrocher les préoccupe plus que l’état de la France.
Au fait, que pense Nicolas Sarkozy de cette initiative « d’inventaire » ? Officiellement : « Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, ce n’est pas ma préoccupation ! ». Mais en off : « L’UMP est vérolée. » Petite ou grosse vérole ?

Raffarin : le pavé de l’ours ?

Dans Le Monde daté de mercredi Jean-Pierre Raffarin, qui fut l’un des premiers à réclamer cet inventaire, déclare : « Nicolas Sarkozy n’aurait jamais dû perdre la présidentielle de 2012. Nous devons éviter collectivement certaines récidives. » Sous entendu : si le récidiviste a perdu, c’est bien sa faute. L’ex-Premier ministre souligne notamment « quelques faiblesses comportementales et politiques ». Trop de bling-bling, d’arbitraire et d’agitation permanente, sans doute ? A la question : L’UMPdoit-elle tourner la page Sarkozy ou attendre son retour ? Raffarin répond : « L’UMP doit n’attendre personne. Elle doit avancer et construire son projet. » Mais, tient aussi à préciser l’ancien Premier ministre : « Le bilan de Nicolas Sarkozy est globalement positif. » Comme celui des ex-pays communistes selon, jadis, Georges Marchais ? Raffarin fait dans l’épicerie fine…

Le son Aubry


Dans un des nombreux entretiens qu’elle a donnés durant le week-end dernier, Ségolène Royal feignait, faussement naïve, de s’interroger sur le silence observé par Martine Aubry. Je cite : « Ah, elle ne s’exprime pas ? Elle fera bien un petit son demain. (…) Vous voulez que je lui demande de faire un son ? »
Faire un son… Curieuse expression ! On ne sait trop s’il s’agit d’exécuter un solo de trompette, d’un borborygme intestinal ou de lâcher quelques phrases dans un micro. En tout cas, même si Ségolène a fait l’âne pour avoir ce son, Martine Aubry ne l’a pas produit durant les journées de La Rochelle. Juste des photos où on la voit notamment, sur l’une d’elles, étreindre chaleureusement, presque amoureusement, Christiane Taubira. En revanche, Martine Aubry s’exprime longuement dans Le Monde daté de mercredi. Un article intitulé : « Vers une nouvelle Renaissance. La France a la possibilité d’inventer un autre monde ». L’ancien Premier secrétaire du PS écrit notamment : « L’heure n’est plus au rafistolage : nous avons la responsabilité de faire émerger un monde nouveau. » Le son Aubry ? Planant et psychédélique en diable. Un vrai « trip » digne des lendemains qui chantent. Décidément, les socialistes veulent emmener les Français à Katmandou…

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