TOUT EST DIT

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jeudi 18 juillet 2013

Grèce: les prescriptions du docteur Schaüble


Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, principal prescripteur des mesures d’austérité, effectue, ce jeudi 18 juillet à Athènes, sa première visite depuis le début de la crise.
La capitale grecque s’est transformée en camp retranché pour ce déplacement sous haute sécurité: les stations de métro du centre-ville ont été fermées pour la journée, la circulation bloquée sur le passage du cortège et les manifestations ont été interdites pour la journée dans un large périmètre comprenant les principales ambassades et le parlement.  Après une semaine de manifestations, le Parlement grec a voté, au début de la journée, un projet de loi controversé réformant la fiscalité et la fonction publique.

L’homme fort de la première économie européenne a voulu donner aux Grecs  « un signe d’encouragement » en annonçant la mise à disposition de 100 millions d’euros à un nouveau fonds de soutien aux PME grecques. « Je suis très impressionné par ce que la Grèce a déjà réalisé en matière de rééquilibrage budgétaire et de modernisation de l’économie » a déclaré le ministre lors d’une rencontre avec des hommes d’affaires et son homologue grec Yannis Stournaras à Athènes. « Mais il y a encore beaucoup à faire » a-t-il nuancé plus tard.
Wolfgang Schäuble, qui avait qualifié la Grèce de « puits sans fond » l’an dernier, a mis de l’eau dans son vin et ne perd pas une occasion d’exprimer son respect devant les efforts du pays. A quelques semaines des élections du 22 septembre, cette visite, précédée de celle du ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle début juillet, vise en même temps à montrer aux électeurs allemands que la stratégie d’austérité de leur gouvernement pour la Grèce et la zone Euro est la bonne.
« M. Schäuble, voilà votre travail« , titre le quotidien de gaucheEleftherotipia au dessus d’un graphique rappelant les plaies économiques de la Grèce (chômage record, production industrielle en berne). Critique, le quotidien explique que malgré les moratoires, la dette publique du pays sur la période 2009-2013 est passée de 130% à 175% du PIB, que les investissements ont chuté de 50%, et que le salaire minimum a diminué de 20%.
« Schäuble vient avec un cadeau pour la Grèce … et pour Merkel« , explique Ta Nea à ses lecteurs.
Pour le journal en ligne de centre-gauche To Vima, cette visite n’apporte rien et ne constitue qu’une nouvelle atteinte à la démocratie :
« Selon certaines informations qui circulent dans les milieux bien informés en Allemagne, Schäuble vient féliciter le gouvernement grec pour le ‘travail effectué’ ! En d’autres termes, Schäuble vient montrer combien le ‘succès’ en Grèce et le ‘calme’ dans la zone euro sont utiles pour la campagne électorale allemande. Deux notions pourtant inexistantes. … Schäuble a besoin d’un show, notre gouvernement lui fournit la scène nécessaire. Rien ne changera avec sa visite. La seule nouveauté, c’est que pour recevoir nos ‘amis’ allemands, Athènes a désormais inscrit l’interdiction de manifester sur la liste des mesures antidémocratiques. »
En réalité, Wolfgang Schaüble, 70 ans, reste sans doute le plus européen des dirigeants allemands, partisan, contrairement à la chancelière Angela Merkel, de l’élection directe du président de la Commission européenne et de l’octroi de pouvoirs accrus à la Commission comme au parlement européen. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel lui a récemment consacré un long article qui évoque son « combat solitaire pour sauver l’Europe« .  Et donne son diagnostic sur  l’état actuel des relations franco-allemandes.
Extraits:
(…) « C’est un mardi de maiune journée typique dans la vie du ministre des Finances allemand pendant la crise. Il fait encore nuit quand son réveilsonne. À 6h30 du matin, il s’envole pour Paris pour des entretiens avec le président français François Hollande et le ministre des Finances PierreMoscoviciIl s’agit d’un déjeuner de travail, suivi par des entretiens et des conférences. Entre les réunionsSchäuble est accompagné dans la circulation parisienne par une escorte de police avec sirènes hurlantes.
En fin de journée, Schäuble, dans son fauteuil roulantretrouve l’étroit couloir de son avion. Lorsqu’on lui demande si sa visite a fait avancer les relations franco-allemandes, il répond par un long « pffft. »
« Pffft» fait partie du large catalogue de sons politiques de Schäuble, qui comprend également un grognement agacé (« arrgn») et un bégaiementindigné« Pffft » signifie qu’il n’a rien de spécial à dire sur les relationsfranco-allemandes en ce moment, mais qu’elles ont été mieux ».
« En vérité, la situation est plus désespérée que cela. L’économie chancelante de la France menace de faire glisser vers le bas l’ensemble de la zone euro, le budget national est hors de contrôle, le gouvernementest secoué par des luttes intestines du parti, et planant au-dessus de tout cela, il y a un président qui a fait campagne contre les réformes nécessaires et n’a maintenant aucune idée de la façon de contrôler lechaos. Plus que tout, Hollande a une piètre opinion du modèle de Schaüble pour l’Europe (NDLR: un noyau dur de pays très intégrés autour de l‘Allemagne et de la France)Selon Hollande, l’Europe est un club dedirigeants nationauxet la meilleure façon d’accomplir la volonté du peuple est de veiller à ce que les Français obtiennent satisfaction le plus souvent possible« .
« En fait, c’est un cauchemarMais Schäuble ne serait pas Schäuble s’il ne donnait pas une description positive de la situation. Son avion Challengerse rapproche du Rhin, fleuve fatidique dès lors qu’il s’agit de relations franco-allemandeslorsque le ministre des Finances ajuste sa table pliante et dit:« Les Français savent ce qu’ils ont à faire. C’est juste qu’en France c’est un peu plus difficile qu’ailleurs de séduire les électeurs « . (…)

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