jeudi 18 juillet 2013
En France , tout ce qui bouge, on le taxe ; tout ce qui bouge encore, on le réglemente ; tout ce qui ne bouge plus, on le subventionne…
Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.
Quand on entend François Hollande, le président de la République, dire sérieusement :"la reprise est là", on peut se demander où il s’informe avant de faire des déclarations aussi péremptoires. Est-il possible que personne ne lui ait communiqué les dernières notes de conjoncture parues, notamment celle du FMI, qui montre que désormais, le ralentissement est mondial, compte tenu du ralentissement dans les pays émergents. N’a-t-il pas vu que le marché brésilien avait baissé de 25% depuis le début de l’année ? Comme nous l’a expliqué Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, les Européens cumulent des difficultés institutionnelles propres à l’Union monétaire qui reste une construction inachevée et une insuffisance de réformes structurelles dans certains pays de la Zone euro, en particulier la France. Contrairement à ce que pense François Hollande, deux indicateurs font fortement douter d’une reprise rapide : le déficit de l’Etat continue de progresser, car les rentrées fiscales baissent (trop d’impôts tue l’impôt apprend on dans les bonnes écoles) et les défaillances des entreprises sont fortement reparties à la hausse.
Quand on entend ensuite François Hollande dire "tant que je serai président, il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste en France" on reste pantois. Au cours des prochaines années, les gaz de schistes, surtout américains, vont déferler sur la planète pour constituer environ 25% du mix énergétique autour de 2035. D’ailleurs, depuis dix ans, le prix du gaz a chuté de 75% pour les foyers américains tandis qu’il augmentait de 65% en France !
Personne n’a probablement expliqué au président que les sociétés françaises étaient très performantes dans la fourniture d’équipements et de services pour l’exploitation du gaz de schiste notamment : Vallourec (maillon essentiel dans les tubes aux Etats-Unis), Nexans(Amercable qui fabrique des câbles pour milieux extrêmes), Imerys (fabrique de proppants qui sont des billes de céramique pour maintenir ouvertes les fissures de la fracturation hydraulique), Saint Gobain (fabrique de proppants dans l’Arkansas), Saltel (répare les puits défaillants), SNF Floerger (polyacrylamines réduisant la friction diminuant consommation d’énergie et d’eau), Veolia Environnement (gestion complète du cycle de l’eau), GDF Suez(exportation de gaz de schiste). Pourtant, François Hollande aurait pu s’informer auprès de Sylvie Hubac, sa directrice de cabinet, qui est l’épouse de Philippe Crouzet, le président de Vallourec. Les entreprises basées en France payent leur énergie 3 à 4 fois plus cher, à 47 euros le mégawatt heure, que les entreprises américaines avec le gaz de schiste. L'onde de choc du "shale gas" américain va donc secouer fortement l'Europe. Au cours des 10 prochaines années, la chimie aux Etats-Unis pourrait créer 1,6M d'emplois supplémentaires puisque les sociétés chimiques peuvent avoir accès à une source d’énergie bon marché. La chimie en France est donc un des prochains désastres industriels qui se prépare. Pour une fois, Arnaud Montebourg était monté au créneau en faisant l’éloge des gaz de schistes à l’Assemblée. Il s’est très vite fait recadrer par Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre.
La multiplication de mauvaises décisions par le président de la République et le sentiment, comme le disait la semaine dernière à Aix en Provence, Pierre André de Chalendar, président de Saint Gobain, que l’on passe en permanence du déni de la réalité au zig zag aboutit à dresser contre lui pratiquement tous les acteurs de la vie économique :
Les chefs d’entreprise sont démotivés après le matraquage fiscal, les pigeons, les auto-entrepreneurs, c’est au tour des patrons de PME d’être attaqués par Benoit Hamon, ministre de l’Economie Sociale et Solidaire, qui veut obliger les dirigeants qui souhaitent céder leur entreprise à informer leurs salariés deux mois avant la vente dans l’espoir de créér des coopératives ouvrières, les Scop, (sociétés coopératives ouvrières de production) qui sont les héritières du Fouriérisme. !
Les investisseurs privés et institutionnels sur le marché de l’immobilier sont complètement tétanisés par les propos et les décisions de Cécile Duflot, la ministre de l'Égalité des territoires et du Logement. Le marché locatif est étouffé par un droit hostile aux propriétaires et à l’encadrement des loyers. Le rythme des mises en chantier de logement s’effondre alors que la France souffre d’une pénurie de 1M de logements.
Les bénéficiaires de services à la personne sont victimes des décisions prises depuis 2010 visant à taxer ces prestations qui sont nécessaires à la vie quotidienne de nombreux ménages. Elles montrent bien comment, voulant réduire le déficit public, l’Etat aboutit par des mesures stupides à l’inverse recherché, puisque l’augmentation du coût horaire a immédiatement entraîné une baisse de l’activité déclarée.
La plupart des parents d’élève sont ahuris, comme Pierre Gattaz, le nouveau président du Medef, devant l’intitulé du sujet du bac de sciences économiques de cette année : "Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale". Comment peut-on encore avoir une vision de ce type aussi caricaturale, aussi dogmatique, aussi éloignée de la réalité des entreprises ?
Les salariés et les fonctionnaires vont être les prochains à manifester, car il faudra bientôt prendre des mesures pour sauvegarder la retraite par répartition.
Il faudra bien annoncer que le maintien des régimes spéciaux, avec leur bonification d’annuités, n’est plus possible. Alors qu’en 2011, le commun des salariés cotisait 40,75 annuités pour valider une carrière complète, des centaines de milliers de fonctionnaires accédaient au taux plein en n’ayant cotisé que 35 voire 30 annuités. En clair, ils gagnent des années gratuites pour leur retraite sans avoir travaillé pour les obtenir. Cela va être très difficile de faire évoluer la situation, car la "Commission pour l’avenir des retraites" nommée pour faire des propositions est composée d’ "experts" qui sont tous proches du Parti Socialiste. Pendant ce temps, le régime spécial d’EDF GDF continue de pomper la caisse des salariés du privé comme un parasite gourmand avec la complicité de l’état. Cela permet de pérenniser les privilèges exorbitants dont ils bénéficient : calcul de la pension sur les 6 derniers mois de traitement ; garantie du montant de la pension garanti ; départ dès 50 ou 55 ans pour près de 94% des agents car la réforme reportant l’âge de départ à 52 ou 57 ans ne recevra un début d’exécution qu’à partir de 2017 !
Les jeunes sont désespérés, par un pays qui ne sait leur proposer que les "Emplois d’avenir" ou des "Contrats de génération" de Jean Marc Ayrault. Les contrats aidés, tout le monde le sait depuis 36 ans, sont sans effet durable sur le chômage. Un pays qui sacrifie sa jeunesse et organise la dégradation relative de leur niveau de vie est un pays qui va mal .
Finalement, c’est Ronald Reagan, ancien président Républicain des Etats-Unis, qui aimait décrire la situation de l’économie de son pays dirigé par les Démocrates par la formule très claire : "Tout ce qui bouge on le taxe ; ce qui bouge encore on le réglemente ; tout ce qui ne bouge plus on le subventionne."
En Allemagne, il faut regarder de près les exportations, qui sont en baisse de 3% sur les douze derniers mois, et les importations, qui reculent de 2% avec une production industrielle en retrait de 1%. En revanche, l’emploi est à un plus haut historique avec un marché immobilier qui a l’air de repartir.
En Chine, tous les moteurs de la croissance ralentissent. L’indice PMI calculé par HSBC est à un plus bas de 9 mois à 48,2 en juin. Le gouvernement a brisé le tabou de la croissance à 6,5%.
Les seules bonnes nouvelles en relatif se trouvent aux Etats-Unis, avec une croissance des résultats des entreprises en voie de stabilisation selon Ed Hyman de ISI. Les résultats des sociétés du S&P 500 seront de 108$ en 2013 et de 115$ en 2014. A suivre comme du lait sur le feu pendant tout l’été …
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