TOUT EST DIT

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vendredi 7 juin 2013

On ne peut hélas dissoudre la haine..., ni la mauvaise foi !

Les principaux partis politiques réclament la dissolution des Jeunesses nationalistes révolutionnaires après la mort de l'étudiant lynché à Paris. Le gouvernement veut aller dans ce sens. Votre parti pris est fataliste : on ne peut, hélas, dissoudre ni la haine ni la mauvaise foi. C'est-à-dire ?

Hervé Gattegno : L'annonce de ce drame épouvantable a donné lieu, comme souvent, à une litanie d'incantations, de postures et d'accusations qui ne sont pas toutes sincères - de la gauche vers la droite et inversement. Par prudence et par décence, il vaut mieux attendre que les faits soient établis avant de désigner des coupables - a fortiori pour invoquer des responsabilités d'ordre idéologique dans ce qui est malgré tout plus un crime de brutes, de barbares, qu'un meurtre politique. La victime était un militant et ceux qui l'ont tué, des fanatiques. Pour le reste, on ne répond pas à la haine par la passion, mais par la raison.
Vous voulez dire qu'on en fait trop ? Que réclamer la dissolution de ce groupuscule d'extrême droite ne sert à rien ?
La dissolution n'est pas la solution. Elle est discutable sur le plan juridique et vaine sur le plan politique. D'abord, il faut être sûr que les skinheads impliqués sont liés à ce groupe - et que ce groupe a une existence officielle. Dans tous les cas, on peut interdire à ses membres de se rassembler sous cet intitulé, on ne pourra pas les empêcher de se réunir dans des lieux privés pour partager leurs délires fascisants ni de se reconstituer sous d'autres noms. C'est regrettable, mais c'est ainsi : on ne peut pas dissoudre l'intolérance ni l'ultra-violence. Mais on peut les combattre par la loi et devant la justice.
Plusieurs personnalités (dont Pierre Bergé et Harlem Désir) ont établi une relation entre ce crime et le mouvement d'opposition au mariage pour tous, qui aurait alimenté les tensions. Vous êtes d'accord ?
Non. L'amalgame est un procédé classique de l'extrême droite et il ne faut pas dénoncer l'extrémisme avec les mêmes armes que lui... Que des tensions, des incompréhensions et de l'intolérance soient apparues à l'occasion de la loi sur le mariage gay est une évidence. Il y a eu des heurts, mais peu, et il serait malhonnête d'en rendre responsables les dirigeants de ce mouvement - qui ont plutôt été débordés par des extrémistes. Frigide Barjot et Christine Boutin ont dit des énormités, mais elles n'ont tué personne - même pas elles-mêmes, puisque le ridicule ne tue pas.
Jean-Luc Mélenchon, lui, met en cause le FN et dénonce la campagne de dédiabolisation dont bénéficierait Marine Le Pen. Ça vous paraît pertinent ou hors sujet ?
C'est de la récupération politique. Qu'on le veuille ou non, Marine Le Pen a dénoncé le crime. Elle aurait dû être plus explicite pour condamner les auteurs, mais c'est un fait que le leader des Jeunesses nationalistes a été exclu du FN en 2011 parce qu'il était ouvertement pro-nazi. Ça prouve que des liens existent entre ces mouvements et le FN, mais que Marine Le Pen s'efforce de les couper - ce qui relève peut-être plus de la décontamination que de la dédiabolisation. En tout cas, ça justifie qu'on fasse preuve envers elle à la fois d'honnêteté, d'intransigeance et de vigilance. Ni plus, ni moins.

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