TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 7 juin 2013

La cacophonie européenne

La cacophonie européenne


Toute personne qui y consacre un instant de réflexion sait que la survie de la civilisation européenne dépend de la capacité des Européens à s'unir. L'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt insiste sur le fait que, dans trente ans, la population mondiale atteindra 9 milliards d'habitants et que les Européens n'y compteront plus que pour 7 %. "Nous serons tous minuscules", répète-t-il. Ni l'Allemagne ni la France ne représenteront 1 % de la population mondiale ! Et pendant ce temps le milieu dirigeant européen multiplie des déclarations contradictoires, qui ébranlent peu à peu la confiance de l'opinion dans l'efficacité et même l'utilité du projet européen.
1. Les médias anglo-saxons n'y vont pas de main morte ! Le magazine qui a le plus fort tirage mondial présente sur sa couverture le Premier ministre britannique avec pour sous-titre : "Le bon Européen". Il est exact que M. Cameron souhaite que la Grande-Bretagne reste dans l'Union européenne, mais à la stricte condition que celle-ci soit "réformée" et sans accepter aucun nouveau pas vers l'intégration. Il récuse la formule adoptée dans le traité de Maastricht d'"une union sans cesse plus étroite".
Une des demandes britanniques portera sur la réforme de la Commission européenne ; or, sur ce sujet, le parcours est édifiant.
C'est le traité de Nice qui, en 2000 et sous présidence française, a porté à 27 le plafond du nombre de commissaires - un par État membre, grand ou petit -, multipliant ainsi les sources de la réglementation européenne, puisqu'il faut bien que chacun de ces commissaires, assisté de son équipe, justifie son existence.
Le traité de Lisbonne a cherché à corriger cet excès. S'inspirant de la Constitution européenne de 2003, il dispose dans son article 17 paragraphe 5 :
"À partir du 1er novembre 2014, la Commission est composée d'un nombre de membres, y compris son président et le haut représentant pour les Affaires étrangères, correspondant aux deux tiers du nombre d'États membres..." Ce qui signifie, par rapport aux 27 États membres actuels de l'Union, 18 membres de la Commission, dont 16 commissaires. Neuf de moins !
Cela aurait été un progrès, quoique encore insuffisant puisqu'on évalue à 12 ou 13 le nombre des fonctions de la Commission.
Mais, le 2 octobre 2012, le Conseil européen revenait en arrière : "La Commission consistera en un nombre de membres égal au nombre des États membres." Cette décision, ajouta-t-il, s'appliquera à partir du 1er novembre 2014. Avec l'arrivée de la Croatie en juillet, un 28e commissaire rejoindra le collège. Actée lors du dernier Conseil européen, le 22 mai, sans consulter ni même informer l'opinion publique, cette validation est passée inaperçue.
Le tour est joué. La réforme de la Commission a été escamotée !
2. Désireuses de manifester un zèle européen, les autorités françaises proposeraient de fusionner le poste de président du Conseil européen désigné par les 27 États membres et celui de président du "gouvernement économique", ce dernier ne concernant que les 17 États membres de la zone euro. Et d'utiliser les services de la Commission non réformée, où la France et l'Allemagne ne disposent chacune que d'un seul commissaire sur 27, pour exécuter les décisions qui concernent exclusivement la zone euro.
Ce mélange des rôles rendrait le fonctionnement du système difficilement compréhensible.Comment pouvoir compter sur les 10 commissaires, nommés par les pays qui refusent d'adopter l'euro, pour veiller au suivi des décisions de la zone euro ?
La cacophonie est à son comble ! Le public stupéfait voit les violonistes de l'orchestre chercher à s'emparer des instruments à vent. Il commence à siffler. Prenons garde à ses réactions ultérieures : il aura la parole juste dans un an, à l'occasion des élections européennes. Attention à l'abstention et à la poussée du scepticisme et du populisme.
Ma prochaine chronique tentera de proposer une voie de sortie : l'avancée droite et raisonnable vers l'intégration européenne, reprenant le parcours initial et restant respectueuse des identités et des cultures des États d'Europe

0 commentaires: