TOUT EST DIT

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samedi 29 juin 2013

Compromis sur le budget et le chômage des jeunes

Compromis sur le budget et le chômage des jeunes



Arrivé jeudi à Bruxelles pour un nouveau sommet européen, François Hollande a dû faire face, pour commencer, à la mauvaise humeur de José Manuel Barroso (et sans doute de l’ensemble de la Commission européenne), après les échanges peu amènes, façon noms d’oiseau, que ce dernier a eu, ces derniers jours, avec certains ministres socialistes français. Situation encore compliquée, si possible, par la déclaration du président français lui-même, assurant que la question des personnes était « secondaire »…
« Lorsque le Front national s’est retrouvé au deuxième tour de la présidentielle française en 2002, était-ce la faute de la Commission que je ne présidais pas encore ? », a lancé jeudi Barroso.
Un point sur lequel, apparemment, ces gens sont d’accord, c’est que la présence du Front national au second tour d’une élection présidentielle pose problème…
Cela dit – parce que les humeurs chagrines de nos hommes politiques sont parfois des révélateurs… –, le but du sommet n’était pas d’étudier ces brouilles personnelles, mais bien de se pencher sur le projet de budget 2014-2020 de l’Union européenne.
De ce fait, il s’agissait encore d’un budget de crise. Mais, en l’état actuel (et quasi systémique) de l’Europe, peut-il en être autrement ? Les difficultés économiques sont nombreuses et, pour tout citoyen européen, qu’il soit Français, Polonais ou Espagnol, les chiffres mêmes du budget européen sont ceux d’un gouffre béant. On s’étonnera, au passage, de ne jamais entendre parler du coût – généralement pharaonique – de ces sommets européens. Il est vrai que, en un temps où nombre d’entre nous sont contraints de se serrer la ceinture, la révélation de ces sommes ferait assurément mauvaise impression – fussent-elles justifiées…
  

Un accord ? Non, des compromis

Dès lors, on devrait être heureux d’apprendre qu’il y a eu, selon la déclaration qu’en a fait à la presse, au terme de la première journée, son président Herman Van Rompuy, « un accord du Conseil européen » ; et qu’en outre « l’approbation par les Etats membres est sans équivoque ».
Ce qui ne signifie nullement qu’il y ait lieu de se réjouir.
D’abord, parce que ce budget ne sera effectif que s’il obtient l’approbation finale du Parlement européen. Or celui-ci a montré à plusieurs reprises, et encore très récemment (Présent du 20 juin), qu’il y avait, sur ces questions économiques, certaines tensions avec le Conseil européen, même si François Hollande les dit aplanies aujourd’hui.
Ensuite, parce que rien ne prouve que ce budget – de 960 milliards d’euros ! – soit un bon budget. L’expérience en la matière commande de rester circonspect, tant il est vrai que les compromis, que sont toujours ces accords, finissent par coincer quelque part – et généralement plutôt au niveau national qu’européen.
Il n’y a pas à chercher bien loin pour s’en assurer… Dès son arrivée à Bruxelles, le Premier ministre britannique a posé un ultimatum à ses partenaires, assurant qu’il ne voterait point ledit budget sans l’assurance de la préservation absolue du rabais britannique. Thatcher pas définitivement morte !
Manifestement, certains pays peuvent se permettre de taper du point sur la table, puisque Herman Van Rompuy a pu rassurer totalement David Cameron, en déclarant qu’il n’y aurait « rien de changé pour le rabais britannique ».
En échange, si l’on peut dire, les autres pays ont obtenu la garantie qu’ils obtiendraient une compensation. Le terme a quelque chose tout à la fois d’insultant et de mesquin…
  

Prudence verbale

Pour en venir – tout de même… – au vif du sujet, François Hollande a déclaré que la France devait « tenir » sa dépense publique en 2013 (ah !), mais jugé néanmoins « prématuré » (tiens donc !) de donner un chiffre. Il faut dire que, après les risques de dérapage des déficits publics signalés par la Cour des comptes, il vaut mieux rester prudent… Car, comme le dit avec une admirable perspicacité Jean-Marc Ayrault : « Malheureusement, du fait de l’absence de croissance, ce que dit la Cour des comptes est vrai. Mais, à la fin de l’année, nous verrons. »
Les Français ont noté le rendez-vous, Messieurs !
Continuant leur réflexion, les dirigeants européens se sont mis d’accord, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour affecter environ huit milliards d’euros à la lutte contre le chômage des jeunes. Treize pays, spécialement touchés, seront concernés par cette « Initiative pour la jeunesse ». Dont la France… qui, pour les deux prochaines années, bénéficiera ainsi de 600 millions, pour 300 000 jeunes concernés.
Nos politiques n’avaient guère le choix, depuis que se dresse le spectre d’une « génération perdue », selon l’expression de Barack Obama.
L’avenir des jeunes est un « test de crédibilité » pour l’Europe, a souligné le président du Parlement européen, Martin Schulz. Il est dommage que tous ces responsables politiques agissent comme si les jeunes n’étaient pas, avant tout, l’avenir de leurs pays…
  

Chômage toujours…

Car, en France tout spécialement, une fois de plus, les chiffres ne sont pas bons. Notre ministre du Travail peut évoquer de « petits signes » d’amélioration, mais ceux-ci, après une succession de « mauvais » mois, ne sauraient constituer une tendance. D’autant qu’en mai donc, 36 400 demandeurs d’emploi ont disparu des listes principales de Pôle Emploi, pour la simple raison qu’ils n’avaient pas actualisé leur situation…
La droite n’a pas manqué de moquer Michel Sapin, parlant de « trompe-l’œil statistique » – voire de « maquillage des chiffres » ou d’« effets d’aubaine ». Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a dénoncé, avec même un brin d’honnêteté, la méthode : « On l’a fait aussi, tous les gouvernements s’y sont essayés. »
Bref, l’« éclaircie » revendiquée par les socialistes est à l’image de notre météo depuis l’élection de François Hollande…
Un sondage publié alors que François Hollande arrivait à Bruxelles le prouve logiquement : 76 % des Français sont mécontents de la politique sociale du gouvernement.
Il est vrai qu’il n’en fait pas d’autre. 
Pour la politique, la vraie, c’est Bruxelles qui tient les manettes.

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