Les dirigeants et les élus de la majorité sont, en privé, de plus en plus critiques envers l'équipe de Jean-Marc Ayrault. Ils souhaiteraient que François Hollande constitue un gouvernement de combat face à la crise.
mardi 2 avril 2013
L'hypothèse d'un remaniement aiguise les ambitions au PS
S'il avait voulu mettre en difficulté son premier ministre, François Hollande ne s'y serait pas pris autrement. Pas une fois, au cours de son interview télévisée de jeudi dernier, le président de la République n'a prononcé le nom de Jean-Marc Ayrault. Ni celui d'un ministre, à l'exception du numéro deux du gouvernement,Laurent Fabius.
Cet oubli, volontaire ou non, relance les spéculations sur un éventuel remaniement. «Un chef de bataille a des généraux, non?» s'étonne Emmanuel Maurel, de l'aile gauche du PS. La mise en garde de Hollande vis-à-vis des ministres sonne aussi comme un avertissement. «Il n'est pas exclu qu'il profite d'un prochain dérapage pour mettre à la porte un sous-ministre», réagit un ancien membre de l'équipe Jospin.
La pression a été suffisamment forte pour que le premier ministre en tire très vite les conséquences. Dès vendredi, il remaniait son cabinet. Désormais, c'estJérôme Batout, patron du département affaires publiques de Publicis Consultants et associé de l'agence, qui aura la haute main sur la communication de Matignon, jugée tâtonnante et vieillotte. Il y avait urgence.
Dans la majorité, les critiques se font de plus en plus pressantes contre le dispositif gouvernemental, jugé faible et générateur de trop de couacs. Certains militent même pour un remaniement à court terme, sans attendre les municipales de 2014. «Une petite moitié seulement du gouvernement est à la hauteur», estime ainsi un puissant élu local PS. «Ce qui manque à François Hollande, analyse un conseiller ministériel, ce sont les tempéraments, des grandes gueules, des gens qui donnent le sentiment de croire à quelque chose. Il y en a quelques-uns: Christiane Taubira, par exemple, ou Manuel Valls, qui croit à la République. Le reste est monochrome.» Un poids lourd de l'Assemblée nationale acquiesce: «Le casting gouvernemental a besoin d'un sacré lifting. Il y a les ego qui vont à la télé, les inutiles, ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'il faut exfiltrer, comme Vincent Peillon, qui s'est fâché avec les enseignants.»
Le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, est plus sévère encore: «Il faut que les ministres pensent à leur job, pas à leur avenir», lâche-t-il. Rousset n'est pas totalement désintéressé. Il fait partie des «réservistes» du PS, de ceux qui aimeraient entrer au gouvernement. Tout comme François Rebsamen, qui juge que le gouvernement manque «d'unité» et «d'expérience».«L'expérience, ça s'acquiert, mais les ministres doivent tirer tous dans le même sens, sans tirer la couverture à eux.» Et le maire de Dijon de décrire «une génération qui porte moins d'ambitions collectives que (la sienne) en port(ait)».
L'Élysée entend ces critiques. Un proche conseiller de Hollande admet même en creux que l'équipe n'est pas au point: «Dans le gouvernement, il y a les confirmations: Michel Sapin, Manuel Valls, Stéphane Le Foll et Christiane Taubira. Il y a les révélations: Bernard Cazeneuve et Najat Vallaud-Belkacem.» Et les autres? Passés par pertes et profits.
Reste que l'Élysée ne compte pas remanier dans l'immédiat. «À quoi cela servirait-il? interroge un ex-ministre de Lionel Jospin. Dans trois mois, un nouveau premier ministre serait aussi impopulaire que l'est Ayrault.» Un dirigeant PS ne voit pas Hollande réagir sous la pression: «Il n'a pas profité de l'exfiltration de Jérôme Cahuzac pour remanier à chaud, il ne le fera pas à froid. Il attendra les échéances électorales de 2014.» Les réservistes du PS vont devoir s'armer de patience.
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