TOUT EST DIT

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jeudi 14 février 2013

Merci Très Saint-Père !

Merci Très Saint-Père !


Pour avoir poursuivi l’oeuvre de Jean-Paul II. Pour avoir pris votre part des débats de société. Et pour cette grande leçon d’humilité contenue dans votre démission.

A l’heure où, pour la première fois depuis des siècles, un pape décide de renoncer à sa charge, la stupéfaction laisse la place à l’incompréhension, puis à l’émotion et enfin à l’admiration. Quel courage faut-il au chef de l’Église catholique — par ailleurs chef de gouvernement — pour dire qu’il n’est plus en état d’assumer sa charge ? Quelle humilité faut-il au plus grand “meneur d’âmes” au monde pour décider de se retirer dans un monastère en attendant d’être rappelé par ce Dieu dont il n’a cessé de vanter l’amour ? Quelle intelligence faut-il pour comprendre que l’Église de 2013 doit être menée par un pasteur doté de toutes ses forces et de tout son esprit ? Pour tout cela, il ne reste au commentateur rien d’autre à dire que merci.
Merci Très Saint-Père pour avoir assumé pendant huit ans cette charge immense qu’est le trône de Pierre. Pour avoir pris la si difficile succession de ce pape extraordinaire qu’était Jean-Paul II. Pour avoir assumé tout l’héritage de ce dernier en dépit des critiques venues des courants les plus modernistes. Pour avoir entendu le message de ces centaines de milliers de catholiques qui criaient dès le mois d’avril 2005 « Subito santo ! » (“Saint tout de suite !”) en accélérant le processus de sa béatification, puis en installant sa sépulture dans l’aile droite de la basilique Saint-Pierre afin d’en faire l’un des plus grands lieux de recueillement à Rome.
Merci Très Saint-Père pour avoir su régler pendant huit années très difficiles les affaires les plus sombres de l’Église, celles de la pédophilie — notamment au sein de l’Église américaine —, celle de l’argent sale à la banque du Vatican ou celle de cette fuite de documents secrets provenant de votre propre cabinet. Jamais vous ne vous êtes éloigné de la devise que vous vous êtes choisie : “Nous devons être les coopérateurs de la vérité”. Au point de laisser à votre successeur une Eglise lavée de tout soupçon, de toute controverse et de toute obscurité.
Merci Très Saint-Père pour avoir amené l’Église à renouer avec le message de l’Évangile. C’est à vous que l’on doit la renaissance d’un catéchisme tombé en désuétude. C’est à vous que l’on doit d’avoir défendu « la beauté et la nécessité » du culte eucharistique. Oui, sa beauté ! C’est aussi à vous que l’on doit la réhabilitation de la génuflexion devant le saint sacrement. Rappelant ainsi à tous les chrétiens que “l’homme n’est jamais si grand qu’à genoux”.
Merci Très Saint-Père pour avoir poursuivi les oeuvres de vos prédécesseurs dans le cadre du dialogue interreligieux. Nous avons tous en mémoire votre visite au camp d’Auschwitz où, marchant seul dans ce lieu que vous aviez qualifié de « symbole de l’enfer sur la terre », votre visage semblait porter le poids de ce crime indéfinissable. Nous avons aussi en mémoire votre émouvant passage au mémorial Yad Vashem, à l’occasion de votre voyage en Terre sainte. Nous avons enfin le souvenir de cette visite à la synagogue de Rome, où — toujours guidé par le souci de la vérité — vous avez rappelé que le si contesté Pie XII avait sauvé des juifs « de façon souvent cachée et discrète ». C’est à cause de tout cela que parmi les plus grands hommages à votre renonciation surprise il y a celle du grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, qui a affirmé que votre pontificat a permis « une diminution des actes antisémites dans le monde ».
Merci Très Saint-Père pour avoir pris votre part des grands débats de société du moment. En étant le premier à évoquer les fondements d’une écologie humaine. Et en rappelant que la crise de l’écologie naturelle et de l’écologie sociale est due au fait que « la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité ». Un message qui n’a jamais été aussi actuel quand la France, fille aînée de l’Église, institue cette ineptie de “mariage pour tous”. En se préoccupant en permanence du sort des chrétiens d’Orient, mais aussi de l’Église de Chine.
Merci enfin Très Saint-Père pour cette renonciation destinée à donner à l’Église un chef doté de toute sa vigueur et de toute son intelligence afin de poursuivre votre oeuvre pastorale, de manière à aller dès cet été à la rencontre de centaines de milliers de jeunes attendus à Rio de Janeiro, dans le cadre des désormais traditionnelles JMJ. De votre retraite au sein de ce petit monastère perdu dans les jardins du Vatican, vous allez vous livrer à votre occupation favorite : la prière. Quelle insatiable preuve d’amour pour tous les croyants ! Car comme l’écrivait Saint-Exupéry : « Aimer, c’est donner sans attendre de retour, et tout acte est prière s’il est don de soi. » Pour tout cela, Très Saint-Père, nous ne vous dirons jamais assez merci.

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