TOUT EST DIT

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mercredi 21 mars 2012

Comment les riches sont traités en Europe

Alors que François Hollande veut taxer les riches à hauteur de 75%, le premier ministre britannique veut au contraire diminuer l'imposition des plus fortunés. Tour d'Europe, et au delà de la taxation des très hauts revenus.


Taxer les riches, appelés à un effort supplémentaire au moment où tous les contribuables sont contraints à des sacrifices ? L'idée était très en vogue, à travers le monde, l'été dernier. Elle l'est plutôt moins, aujourd'hui. A l'heure où, en France, un candidat au pouvoir suprême annonce vouloir taxer les plus hauts revenus à hauteur de 75% - cela a encore constitué un sujet de conversation pour plus de la moitié des Français la semaine dernière, selon un sondage IFOP- le premier ministre britannique annonce à l'inverse une baisse de l'imposition des revenus supérieurs, qu'il veut ramener de 50% à 45%... Et, en Allemagne aussi, l'idée est discutée d'une diminution des impôts... Dans les pays du sud de l'Europe, ou un plafond a déjà été atteint (Espagne), il est plutôt question de s'attaquer à la fortune qu'aux revenus (Italie). Aux Etats-Unis, rien n'est décidé, tout est encore en débat, et dépendra de la teneur de la campagne électorale. Petit tour du monde des débats fiscaux... qui ne doivent pas masquer la réalité des chiffres souvent surprenants : même avec une tranche à 75%, telle que voulue par François Hollande, un riche célibataire (1,2 million de revenus imposables par an) paierait moins d'impôt à Paris qu'à Madrid. Et, moins aussi, qu'en Belgique, où, paradoxalement, partent les riches français.
Grande Bretagne : on baisse !
C'est la surprise, et aussi un indicateur de tendance : nos voisins britanniques, qui avaient été parmi les premiers, pendant la récession, à relever le taux d'impôt des riches contribuables, s'apprêtent à le baisser. Le premier ministre, David Cameron, veut ramener de 50% à 45% le taux maximum de l'impôt, touchant les revenus au-delà de 150.000 livres (180.000 euros). Il a pris cette décision sous la pression des milieux d'affaire, au nom de la recherche d'une meilleure compétitivité, et afin d'attirer les talents : à Londres on se dit prêt à accueillir tous les riches français effarés par la créativité fiscale des candidats à la présidence. Quant à l'idée un temps agitée de taxer les « belles demeures », elle est abandonnée.
Allemagne : allègement fiscal en discussion
Les Allemands ont des problèmes de riches : que faire quand l'équilibre budgétaire se profile (ce pourrait être le cas en 2014) ? D'où un débat, lancé par les chrétiens démocrates (CDU) sur un allègement fiscal, dont pourraient profiter les plus aisés. Mais le ministre des Finances, Wolfgang Shäuble, a sonné la fin de la récréation : pas question de dilapider ainsi les fruits de la rigueur. En tous cas, si la discussion re-surgit, elle sera sérieusement cadrée : les baisses d'impôts devront être parfaitement ciblées pour soutenir la croissance. Pas question de distribution générale de cadeaux... Le taux maximum allemand est de 45%, auquel il faut ajouter une surtaxe « réunification » correspondant à 5,5% de l'impôt dû.
Espagne : les millionnaires encore plus taxés qu'avec François Hollande
Les différents plans de rigueur soumettent les riches espagnols à une imposition en forte hausse. Avant la crise, l'impôt sur le revenu était déjà élevé, en raison d'un barème très progressif, mais culminant à 43%. Le dernier plan de rigueur a porté ce taux maximum à 52%. Selon des informations recueillies par le site internet myeurop, un célibataire espagnol déclarant 1,2 million d'euros de revenus annuels doit désormais payer 600.000 euros d'impôt. Soit plus qu'en France, même avec la nouvelle tranche à 75% : sous François Hollande, la facture serait de 580.360 euros, pour un revenu équivalent.
Italie : un impôt sur la fortune qui effraie les riches
Après l'avoir annoncé, Silvio Berlusconi a renoncé à la fin de l'été 2011 à augmenter la taxation des hauts revenus. Le taux marginal italien reste fixé à 43%. Mais le débat porte aujourd'hui sur l'instauration d'un impôt sur la fortune, Mario Monti voulant mettre les riches à contribution, après avoir pris des mesures de rigueur drastiques visant l'ensemble de la population (retraites). Le projet de taxes sur le patrimoine a déjà mis des milliers d'italiens sur les routes de l'Europe : beaucoup convertissent leurs liquidités en lingots d'or, qu'ils partent placer en Suisse, notamment.
Belgique : au sommet
En Belgique, on taxe à peine moins qu'en Espagne, aujourd'hui. Notre célibataire avec 1,2 million d'euros de revenus paie 594.400 euros l'an d'impôt. Voilà pourquoi le débat sur une taxation supplémentaire est inexistant. Quant aux riches Français exilés à Bruxelles, ils font tout pour éviter de déclarer des revenus, profitant par ailleurs d'une imposition très faible des plus-values.
Etats-Unis : un débat de campagne électorale
C'est aux Etats-Unis qu'est née, au cours de l'été 2011, l'idée de taxer spécifiquement les millionnaires. Le milliardaire Warren Buffet a fait sensation en déclarant que sa femme de ménage était -relativement- plus imposée que lui. Cet état de fait est rendu possible par la très faible imposition des plus-values (15%) et autres revenus du capital, principales ressources des plus riches. Le mécanisme que Barack Obama a bien l'intention de défendre pendant la campagne électorale, jusqu'en novembre prochain, consiste à faire payer au moins 30% d'impôt aux millionnaires. Il s'agit là d'un taux moyen (l'impôt représente 30% de la totalité du revenu), et non d'un taux frappant la part la plus élevée du revenu. Pour atteindre un tel niveau de taxation global, il faut déclarer en France un revenu de près de 750.000 euros, aujourd'hui (s'agissant d'un célibataire). Autrement dit, Barack Obama voudrait faire en sorte que l'américain touchant un million de dollars annuels soit taxé peu ou prou comme un Français... Alors qu'aujourd'hui, le taux maximum de l'impôt ne dépasse pas 35% Outre Atlantique.
Il va sans dire que, même en cas réélection de l'actuel président américain, un tel projet fera l'objet d'âpres négociations au sein du Congrès.

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