TOUT EST DIT

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samedi 6 octobre 2012

Lequel est le plus chaud, le paradis ou l'enfer ?

On a beau être physicien, on n'en a pas moins une âme. Et donc l'envie de savoir ce qui l'attendra dans l'au-delà. La douceur du paradis est-elle vraiment au rendez-vous ? Et les damnés rôtissent-ils réellement en enfer ? Les témoignages des revenants de l'autre monde n'étant guère concluants, mieux vaut tenter d'utiliser les lois de la physique pour calculer les températures qui règnent dans les deux lotissements post mortem. C'est ce qu'a fait un chercheur anonyme dans une célèbre correspondance publiée par la revue Applied Optics en 1972. 
Pour récolter des indices objectifs, cet auteur s'est appuyé sur les meilleures sources en la matière, à savoir la Bible. Il a ainsi découvert dans le livre d'Isaïe un passage décrivant l'atmosphère du paradis. Selon son interprétation, la Lune y brille comme le Soleil sur Terre et la lumière reçue de notre étoile est 49 fois plus brillante que celle tombant sur le sol de notre planète. Par conséquent, le rayonnement, aux cieux, est 50 fois plus important que celui au sol. Après application de la loi de Stefan-Boltzmann, il en découle que la température du paradis est de... 525 °C ! Les ailes des anges sont sûrement ignifugées.
Mais qu'en est-il de l'enfer ? L'Apocalypse nous donne un indice en disant que la place des lâches, des infidèles, des menteurs, des êtres abominables, des meurtriers, des personnes immorales, de celles qui pratiquent la magie ou adorent les idoles est "dans le lac de soufre enflammé, qui est la seconde mort". Or la science nous dit que le point d'ébullition du soufre se situe à 444,61 °C. Au-delà, cet élément devient gazeux. On en conclut donc qu'il fait moins chaud en enfer qu'au paradis !
Cette découverte a fait grand bruit en 1972, mais les années qui ont suivi ont montré que l'anonyme physicien s'était trompé sur ses deux estimations. La première correction est venue en 1979, via le Journal of Irreproducible Results, magazine consacré à la science humoristique. Celui-ci a rappelé que le point d'ébullition d'un élément dépend de la pression environnante. Or la Géhenne, où est bibliquement situé l'enfer, est un endroit au volume restreint. Les milliards et les milliards de pécheurs qui s'y sont retrouvés depuis la création du monde y entretiennent une pression monstrueuse évaluée à 14,5 milliards de fois la pression atmosphérique terrestre. Dans ces conditions dantesques, le soufre est liquide à des températures bien plus élevées que 525°C. Le bon sens reprenait ses droits : l'enfer était bien le pire des endroits à visiter après la mort.
La seconde correction a concerné la température du paradis. En 1998, dans une lettre adressée à Physics Today, deux chercheurs espagnols ont expliqué que l'interprétation du livre d'Isaïe retenue dans Applied Optics était fausse et que le rayonnement lumineux reçu chez saint Pierre n'était que huit fois - et non pas cinquante - plus important que celui reçu sur Terre. Grâce à cette correction, on peut désormais affirmer que la température de la Jérusalem céleste est de 231 °C. Soit une chaleur largement suffisante pour prendre un bain de soufre liquide (à condition que la pression soit normale...).
Au terme de cette enquête scientifique, on s'aperçoit que le paradis est loin d'être aussi hospitalier que promis. Chers physiciens, l'un d'entre vous pourrait-il nous indiquer la température du purgatoire ?

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