TOUT EST DIT

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dimanche 7 octobre 2012

Hollande slalome entre reculs et couacs

Cinq mois après son élection, le chef de l’État et le gouvernement s’enfoncent dans les difficultés en livrant des informations contradictoires sur plusieurs sujets.

Les "pigeons"

La fronde des patrons de start-up contre la réforme fiscale a décollé vendredi 28 septembre, la décision de revoir la mesure décriée leur fut annoncée mardi 2 octobre. Quatre jours et une intense guérilla sur les réseaux sociaux ont suffi à faire reculer le gouvernement. Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a humblement reconnu une erreur. Dans certains cas - pas tous - des créateurs d’entreprise auraient pu être taxés à 60% sur la revente de leur société, une hypothèse qu’ils ont jugé insupportable. Le dispositif ne s’appliquera donc pas. Jean-Marc Ayrault, lui, estime en revanche qu’"il n’y a pas de recul", évoquant "une correction nécessaire".

Le coût du travail

Durant la primaire socialiste, François Hollande avait défendu une baisse des cotisations familiales. Par la suite, il n’a plus mis ce projet en avant. La gauche a souvent contesté que le coût du travail puisse être un handicap pour l’économie française. L’argument est celui du patronat. Ayrault a même estimé récemment que "la question du coût du travail pour expliquer le retard de compétitivité est une facilité". Or, la vaste réforme envisagée par l’Élysée et dévoilée cette semaine dans Le Monde passe bel et bien par un allégement massif des cotisations familiales qui pèsent sur les salaires.
Il regarde en arrière, il commence à craquer. Pas fait pour le job le type !

La CSG

La hausse de la CSG fut évoquée à l’occasion de la conférence sociale début juillet. Par petites touches, le gouvernement laisse entendre qu’il est favorable à l’idée du Medef et de la CFDT consistant à augmenter cet impôt pour financer la Sécu, en contrepartie d’une baisse des cotisations sur les salaires. Mais officiellement, il ne confirme pas, au contraire. Ayrault le dit sur France 2 le 27 septembre : "Pas de hausse de la CSG", en parlant de 2013. Or le projet de l’Élysée pour doper la compétitivité rejoint bien celui du Medef et de la CFDT : la CSG créée par Michel Rocard est la principale piste pour financer la branche famille de la Sécurité sociale.

"Neuf contribuables sur dix"

Selon le Premier ministre, "neuf contribuables sur dix" ne seront pas touchés par les hausses d’impôts en 2013. Une assertion démentie par les mesures prises (redevance audiovisuelle, tabac, bière, etc.) ou reconduites (gel du barème de l’impôt sur le revenu). À l’arrivée, deux Français sur trois devraient être concernés.

Le récépissé pour contrôle d’identité

Début juin, Ayrault avait annoncé la délivrance d’un "reçu" aux personnes soumise à un contrôle d’identité. L’idée était de lutter contre la multiplication de "contrôles au faciès", une promesse du candidat Hollande. Fin septembre, le fameux récépissé est enterré. Le Premier ministre s’est déclaré "convaincu" par les arguments de son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls.

Le droit de vote des étrangers

L’engagement numéro 50 du candidat Hollande vise à accorder sous conditions le droit de vote aux élections locales pour les étrangers hors Union européenne. Le ministre de l’Intérieur a estimé qu’il ne s’agissait pas d’"une revendication forte dans la société française" ni d’un "élément puissant d’intégration". Les sondages n’y sont plus favorables. Ayrault a promis un projet de loi l’an prochain. Mais sans donner aucune date pour sa mise en œuvre effective.

La séparation des banques

Elle était prévue à l’été dans l’agenda de campagne intitulé "La première année du changement". La "loi d’assainissement des activités bancaires" devait couper en deux les banques, la gestion des comptes d’une part, la spéculation de l’autre, pour protéger les clients des dérives. Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a repoussé le texte en fin d’année. Aucun banquier ne croit à un découpage pur et simple. Le secteur anticipe seulement l’interdiction de quelques pratiques contestées.

Les sondages

Hollande avait promis - avant de se rétracter - qu’il ne commanderait pas de sondages. Une façon de se démarquer de Sarkozy, qui en était boulimique. En fait, l’Élysée passera par le Service d’information du gouvernement, un organe dépendant de Matignon, pour commander des études d’opinion aux instituts.

Le traité budgétaire

Le candidat Hollande avait annoncé son intention de "renégocier" le pacte budgétaire européen, "pour l’amender, le compléter". Le texte qui sera soumis mardi aux députés pour ratification est identique à celui validé par Sarkozy à Bruxelles. Ayrault a reconnu que, "juridiquement", il n’y avait pas une ligne de différence.
Nicolas Prissette - Le Journal du Dimanche

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