TOUT EST DIT

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mercredi 17 octobre 2012

Des couacs révélateurs

Des couacs révélateurs 


Réfléchir à la manière de combattre les réseaux et les dangers du cannabis, substance expérimentée par plus de 78 millions d'Européens, révèle l'Agence des drogues, n'a rien d'indigne. Tous les États l'ont fait à un moment ou à un autre, avant de convenir de degrés de tolérance variables selon les pays.
Mais il est très maladroit de procéder selon la manière, improvisée, de Vincent Peillon qui semble parfois oublier qu'il appartient à un gouvernement et qu'il en est le ministre de... l'Éducation !
Les couacs, c'est fini, promettait Jean-Marc Ayrault, il y a moins de trois semaines, à la télévision. En rouvrant le débat sur la dépénalisation du cannabis, alors que personne ne le lui demande, le numéro deux du gouvernement relance la cacophonie que le Premier ministre peine à étouffer. Pire, le vacarme qu'il a déclenché couvre le message sur la compétitivité que le chef du gouvernement adressait, hier, depuis son fief nantais.
Le propos de M. Peillon est inopportun : parce qu'il gêne un Président et un gouvernement en déficit croissant de crédibilité ; parce qu'il offre à la droite et aux compétiteurs pour la présidence de l'UMP une opportunité inespérée d'instruire le procès en irresponsabilité de la gauche ; parce qu'il se discrédite lui-même, lui qui a pour mission de protéger la jeunesse française de tous les trafics.
Ensuite, sa déclaration illustre à nouveau les difficultés de ce gouvernement à afficher des positions communes et constantes. Le cannabis fait partie des sujets qui divisent le PS et la gauche, sa dépénalisation étant souvent évoquée par les élus socialistes parisiens, par les écologistes et par les radicaux. Avec le nucléaire, les grands équipements et l'Europe, il fait partie des désaccords, en principe assumés, entre partenaires de majorité.
Enfin, ce couac n'est qu'une demi-surprise de la part de celui qui n'en est pas à son coup d'essai et qui privilégie facilement son besoin médiatique d'exister à la solidarité gouvernementale. On peut même se demander si le nouvel avertissement de Jean-Marc Ayrault, expliquant publiquement à son ministre qu'il n'a pas à être un commentateur, servira de leçon.
Quelle mouche à donc piqué Vincent Peillon ? Forcer la main de François Hollande ? Ce serait mal connaître le président de la République et méconnaître son récent arbitrage sur la question. Affaiblir Jean-Marc Ayrault ? S'il s'agit de ravir sa place à Matignon, la méthode n'est franchement pas la plus intelligente. Dire ce qu'il pense ? C'est la thèse, probablement exacte, de l'intéressé qui oublie souvent d'arrondir les angles de ses convictions.
Plus largement, les couacs gouvernementaux mettent en lumière une différence formelle entre la gauche et la droite : alors qu'à l'UMP on n'a vu, pendant cinq ans, qu'une seule tête, l'opposition devenue majorité continue d'exprimer des opinions indisciplinées qui brouillent la lisibilité du projet.
Ils confirment un déficit d'autorité au sommet de l'État, qui tient à la fois au Président, au Premier ministre, au premier secrétaire encore provisoire du Parti socialiste.
Enfin, après cinq mois de vol dans ce quinquennat, qui en compte soixante, ils révèlent des fissures peu rassurantes dans les turbulences de la crise.

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