TOUT EST DIT

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dimanche 12 août 2012

L’autre « chine » 


Elle n’a rien à voir avec Mao ou le communo-capitalisme de ses successeurs : la « chine », à laquelle s’éveillent des Français de plus en plus nombreux, est plus modeste. Elle se pratique le dimanche ou en semaine, dans les salles où l’on vend des objets de seconde main. Elle n’a plus rien à voir avec la brocante chic, où l’on espère décrocher la toile méconnue de Picasso, ou une vénérable porcelaine.
Cette « chine » est celle de la crise. On y achète des vêtements d’enfant, les jouets délaissés par des gamins dont le mois des parents ne se termine pas le dix ou le quinze. De plus en plus de Français y trouvent non pas leur bonheur, mais l’utile qui est moins cher. Un moins cher qui ne sera pas donné car, même si on tire le diable par la queue, la fierté, elle, ne se brade pas encore.
Des millions de Français ne font même plus les soldes, sauf quand Emmaüs ou une autre association caritative organisent une braderie. Eux sont moins que les demi-soldes d’un monde sans merci.
« La deuxième vie des objets » est en passe de devenir un véritable circuit économique. Internet s’y intéresse et, mieux encore, développe ce secteur qui pèse des milliards d’euros. Aujourd’hui, on vend son vélo, ses vieux CD ou ses DVD, comme le vase ébréché ou la tondeuse. Les mieux lotis font du rangement, ou s’achètent une conscience en chassant le gaspi. Beaucoup d’autres améliorent leurs fins de mois. De nombreux retraités vendent sur les marchés aux puces, parfois pas grand-chose. Mais les quelques euros grappillés seront utiles à un moment ou un autre.
Les professionnels profitent évidemment du système pour s’y insérer et faire fortune. L’empire de la « chine » a ses mandarins et ses miséreux.
Derrière ce monde, que l’on commence à étudier avec intérêt, se cache la crise. Ses victimes ne parlent pas de subprimes ou de la dette grecque. FMI, pour les habitants de ce monde de la misère, cela signifie surtout Faim, Malheur, Insécurité. Le commerce traditionnel grince des dents et hurle à la concurrence déloyale face aux déballages du dimanche. La France qui se lève tôt ce jour-là n’en a cure. Sa « chine » est espace où l’on peut s’offrir ces « petits riens » qui apportent une once de plaisir. Et c’est déjà beaucoup.

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