TOUT EST DIT

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jeudi 16 août 2012

La Grèce s’enfonce dans la récession

Comme un pilote de montgolfière qui se contenterait de larguer du lest sans relancer le brûleur, le ministre de l’économie grec largue, largue sans arrêter ni même freiner la perte d’altitude. Le sol se rapproche, « jusque-là tout va bien »…
En Grèce, les mauvaises nouvelles se succèdent tellement qu’on en arrive à ne même plus y prêter attention. Nous apprenions le 13 Août 2012, de l’Autorité des statistiques grecques, que le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 6,2% au deuxième trimestre 2012 en rythme annuel. Tout à fait dans le rythme du premier trimestre (6,5%). Pourtant, cette information tombe assez mal, Athènes devant se refinancer, le 14 Août, à hauteur de 3,13 milliards d’euros afin de pouvoir… rembourser deux emprunts qui arrivent à échéance le 20 août.
C’est là que nous sommes obligés de nous demander si les dirigeants grecs et leurs mentors de la « troïka » ne sont pas tombés sur la tête. Le pays traverse sa cinquième année de récession. L’économie s’est contractée de 17,5% depuis le deuxième trimestre 2008. Le chômage a atteint un taux de 23% en mai dernier et, pour les jeunes de 15 à 24 ans, de 54,9%, soit le niveau le plus élevé au sein de l’Union européenne. Que fait le gouvernement ? Il s’est engagé à réduire le déficit budgétaire à 7,3% du PIB en 2012, contre 9,1% l’an dernier. Bien sûr qu’il faut les réduire les déficits. Bien sûr que la politique mise en place par le nouveau ministre des Finances, Yannis Stournaras, qui s’est lancé dans une guerre ouverte contre les dépenses de l’État doit être menée car sinon la situation grecque deviendra endémique. Mais s’aligner sans modération sur les conditions exigées par la « Troïka » et mettre en place un nouveau plan d’économies de 11,5 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014, dans l’espoir du déblocage d’une prochaine tranche de crédit de 31,5 milliards d’euros dans le cadre du deuxième plan d’aide de 140 milliards d’euros adopté en février, n’est-ce pas simplement « perpétuer le système » en affaiblissant le pays ? Il y a chez ce ministre des accents que l’on retrouve chez certains experts comptables ou certains médecins qui, comme lui, prescrivent des remèdes dont la seule finalité que l’on perçoit est de mourir en bonne santé.
Si Yannis Stournaras analyse assez justement les dysfonctionnements de l’économie grecque, «Les salaires des fonctionnaires sont le double que dans le secteur privé, ironise-t-il. Nous avons 100% de plus de fonctionnaires qu’en 1980.», il manque visiblement de sens politique. Vouloir privatiser la quasi totalité des services publics en pleine récession économique, sans nulle part, jamais, mettre en place le contexte qui pourrait permettre une relance de l’activité, vouloir avant tout rembourser prioritairement les créanciers étrangers au détriment du soutien d’investissements productifs dans le pays, c’est beau sur le papier, c’est grandiose dans les réunions feutrées d’un « think tank » mondain comme la « Fondation pour la recherche économique et industrielle » que Yannis Stournaras dirigeait précédemment, mais cela ne fait pas une politique. Le principe même de la politique, c’est de savoir composer, trancher, faire les concessions nécessaires afin de toujours maintenir le cap vers l’objectif fixé et l’impérieuse nécessité de « soulager les souffrances du peuple ». La politique actuelle du gouvernement grec ne tient pas compte des souffrances du peuple et n’analyse que partiellement l’objectif à atteindre.
L’équilibre budgétaire ne peut être le seul objectif. L’équilibre budgétaire n’a d’intérêt que dans la mesure où il s’obtient à un niveau de richesse suffisant à l’échelle du pays. Nous sommes donc en face d’un double objectif. Qu’importe de guérir si c’est pour mourir ? Maintenir le corps en vie en faisant en sorte que sa situation s’améliore, quitte à ce que la maladie soit encore présente jusqu’à ce que ce corps, revigoré puisse accepter le traitement sans risque vital. C’est toute la différence entre un idéologue et un pragmatique. Mais voilà, les idéologues donnent toujours l’impression que leur panacée peut tout et comme les peuples sont en demande et ont envie de croire, ils leur font confiance.

C’est le cas de la Grèce, c’est aussi, dans un autre genre, le cas de la France.

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