TOUT EST DIT

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jeudi 16 août 2012

La culture, ressource estivale 


Confidence récente d'un professionnel de l'édition : « Les librairies sont désespérément vides. » Les acheteurs de livres se seraient-ils déportés vers Internet ? Non, répond le même interlocuteur. Alors, la crise serait-elle là avec ses effets dépressifs sur la consommation culturelle ? Pas sûr ou, en tout cas, pas dans tous les domaines de la culture si l'on en juge par la bonne fréquentation des musées et des salles de cinéma.
La période d'été étant celle des festivals avec une offre fort abondante, qu'il s'agisse de musique, de théâtre, de danse, de photographie ou d'arts de la rue, on saura à la fin de ce mois si l'inquiétude des Français quant à l'avenir les a poussés à restreindre leurs dépenses culturelles ou, au contraire, à chercher dans les diverses expressions artistiques qui leur sont proposées de quoi se ressourcer ou... se divertir.
Dans un flot d'actualité particulièrement âpre - massacres en Syrie, plans sociaux de grande ampleur, crise financière européenne, etc. - il peut paraître « léger » d'inviter à regarder ailleurs, voire à se faire plaisir, car la culture, même quand elle est grave, est un lieu de plaisir. D'aucuns ajouteront que ce ne sont pas les oeuvres d'art qui nous aideront à résoudre les problèmes de compétitivité de nos entreprises ni à susciter chez elles la créativité qui leur manque par rapport à nos concurrents internationaux.
Est-ce si sûr ? Se divertir, en effet, n'est pas nécessairement futile. Il n'est pas vain, après des mois où l'on a eu « la tête dans le guidon » des tensions économiques et sociales, où l'on a « bouffé de la politique » jour après jour, pour cause de campagnes électorales, de s'aérer l'esprit pour penser à autre chose. C'est même une question d'hygiène mentale pour se préparer à affronter une rentrée que tout le monde appréhende.
« Faire le détour »
Certes, la culture n'apporte pas de solutions immédiates. Mais faire le détour des oeuvres est une façon de se donner le moyen de réfléchir autrement, de se mettre à l'écoute de ce que nos fortes préoccupations quotidiennes étouffent le plus souvent. C'est une manière de reconsidérer nos relations aux autres, à notre environnement, au monde. Bref, cela permet de renouveler notre capacité d'imagination et de relation en apportant du décalage, de la profondeur, de la surprise. Cela conduit à questionner nos manières d'être et de voir pour nous ouvrir davantage à ce que nous laissons d'ordinaire de côté, ce dont nous nous préservons spontanément, par peur ou par méconnaissance alors que cela pourrait être une chance.
Puisque les mois à venir s'annoncent difficiles, la culture est une ressource à mobiliser et l'été, un moment privilégié pour nous préparer à tenir dans l'épreuve. À l'heure de la rigueur, sans doute faut-il apprendre à chercher moins de satisfaction dans les consommations matérielles et à réinvestir les richesses de l'esprit pour trouver, produire et partager davantage de sens dans ce que nous vivons. Ce pourrait être une manière de donner à la célèbre formule attribuée à Malraux, « le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas », un contenu plus ouvert et dynamique que le repli sur une vision fondamentaliste de la religion, comme on l'observe parfois chez les croyants de différentes confessions. Alors, puisque les créateurs ne manquent pas de ressources, profitons de ce riche été culturel !



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