Entre Nice, où se sont réunis les amis de l'ex-président, ou Châteaurenard, où Jean-François Copé officialise sa candidature à la présidence de l'UMP, et La Rochelle, où les socialistes serrent les rangs autour du chef de la majorité, il y a comme une inversion des rôles.
Le parti sarkozyste, pétri de culture du chef, entre dans une période inédite : en plus de la défaite, il doit apprivoiser une innovation démocratique pour se choisir un président, François Fillon ou Jean-François Copé, qui pourrait être, au terme d'une inévitable primaire, candidat en 2017.
En tout cas, l'éventuel retour de Nicolas Sarkozy n'aura pas de pertinence avant longtemps. Cette spéculation n'a d'avenir qu'en cas d'échec patent de François Hollande, que si la crise rendait le peuple et l'Europe ingouvernables, que si le chef élu de l'UMP renonçait à son dessein présidentiel...
Sans être simple, la situation de la gauche est plus claire. Encore plus depuis ce week-end où Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry ont fermement recadré la majorité.
Contrairement au calamiteux congrès de Reims, en 2008, il n'y aura pas de nuit des longs couteaux, à la fin octobre, à Toulouse, pour succéder à la première secrétaire. La « patronne » a tout organisé pour pacifier la compétition entre Jean-Christophe Cambadélis et Harlem Désir, deux favoris au charisme pourtant moyen pour enthousiasmer le peuple de gauche. En déposant une motion forcément majoritaire, Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry ont maîtrisé le congrès deux mois avant qu'il ne se tienne.
Le problème socialiste n'est pas vraiment que Benoît Hamon joue la mouche du coche lors du congrès. Il n'est pas tellement qu'il y ait quelque trouble autour de la sécurité ou des Roms, questions clairement recadrées à La Rochelle par le Premier ministre. Il ne porte pas sur les projets sociaux à venir, les emplois d'avenir, les contrats de solidarité, la sécurisation de l'emploi, les contrats de générations, la justice fiscale...
Il serait que la gauche se divise sur l'Europe et que le PS ait besoin de l'UMP au Parlement pour ratifier le traité revu et complété, en partie sous l'impulsion de François Hollande. Que la gauche du parti se le tienne pour dit : il n'y a pas de place pour ceux qui refusent la solidarité gouvernementale sur l'essentiel. Le message s'adresse aussi à Jean-Luc Mélenchon et aux amis de Cécile Duflot : on ne joue pas une carte personnelle sur le dos de ses alliés.
Entre la droite et la gauche et au sein même de la gauche, l'Europe reste un clivage non soldé. En échappant, grâce au Conseil constitutionnel, à l'inscription d'une règle d'or anti-déficits dans la Constitution, le gouvernement pense avoir échappé à l'austérité.
En constatant les effets de la rigueur en Europe chez ceux-là mêmes qui la prônent, l'Allemagne en tête, la gauche considère que l'inflexion de la politique européenne et du rôle de la Banque centrale restent possibles, à condition de ne pas affaiblir François Hollande. De la position du curseur européen dépendent les choix budgétaires et fiscaux qui vont polariser le débat des mois à venir.
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