jeudi 19 juillet 2012
Mohamed Merah : la haine en direct
Les négociations entre Mohamed Merah et le RAID,
dont quelques extraits ont été diffusés sur TF1, nous sommes
quelques-uns (journalistes ou pas) à les avoir écoutées depuis des
semaines. Dans leur intégralité (1). Minute par minute. Seconde par
seconde. Seulement, comme nous n’avons pas – financièrement – les reins
aussi solides que TF1, nous avons gardé ce scoop inexploitable pour
nous.
Cela posé, que nous apprend cet enregistrement où l’on entend un
Merah, haineux certes, mais toujours calme, précis, rusé, manipulateur,
effrayant de normalité islamiste ? Eh bien que, contrairement à ce qui a
pu être écrit ici et là, les hommes du RAID
ont tenté jusqu’au bout – avec une patience et un sang-froid qu’il
convient de saluer – de le prendre vivant. Et pas de l’abattre. Mais,
d’entrée de jeu, Merah avait écrit le final d’un scénario infernal : il
souhaitait être tué, mais après avoir – ce qu’il n’a pas pu faire bien
heureusement – flingué un maximum de policiers.
Ce qui est sûr, c’est qu’il a promené les négociateurs en leur
laissant croire qu’il allait se rendre. Pour leur balancer au final
qu’il n’avait jamais eu l’intention de déposer les armes. Et qu’il
n’avait accepté de négocier avec eux des heures durant que dans le seul
but de « récupérer ». Et d’être au max de sa forme lors de l’assaut
final. Et l’on attend maintenant avec curiosité les réactions des
avocats du père du tueur, Zahia Mokhtari et Isabelle Coutant-Peyre qui
ont déposé une plainte contre le RAID pour « homicide volontaire ».
Mohamed Merah manipulé par les services français ? Non.
Manipulateur. Et si l’on peut se poser une question, c’est de savoir
comment lesdits services ne l’ont pas plus mis plus tôt hors d’état de
nuire… Rien à reprocher au RAID. En ce qui concerne la DCRI, le DCPJ et le DGSE, c’est autre chose.
Le jeune islamiste dit des choses effrayantes, en effet. Genre
« Moi, la mort, le j’aime comme vous aimez la vie. » Et qui confirme ce
qu’on avait tout de suite compris : il a tué des militaires français
parce que c’était des militaires français. Et des enfants juifs parce
que c’était des juifs. Et que, pour ce faire – « la guerre est une
ruse » –, il est sorti en boîte de nuit, s’est fringué « mode », a
affecté un comportement de racaille ordinaire, pour endormir les
services français. Combien sont-ils aujourd’hui de Mohamed Merah qui,
sous des dehors anodins, sont des bombes qui peuvent exploser à tout
moment ? Le simple principe de précaution, dont on nous bassine à
longueur de temps pour des broutilles, ne devrait-il pas être
systématiquement appliqué à l’égard de ces tueurs would be ?
Le président du CSA, Michel Boyon, s’est dit « profondément choqué » que TF1 (et BFM
et i-Télé) ait diffusé des extraits du délire haineux de Merah : « Ce
n’est pas acceptable que l’on puisse se moquer ainsi de la douleur des
familles. » On ne voit pas bien en quoi cette diffusion se moquerait des
familles. C’est, tout au contraire, un formidable avertissement pour
toutes les familles de France : d’autres Merah sont là, qui n’attendent
que de passer à l’action.
(1) Elles n’ont pas duré quatre heures et demie comme on le lit ici et là, mais plus de onze heures.
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