TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 19 juillet 2012

L'UE, cette momie socialiste

L’Europe est trop régulée, gérée par une bureaucratie auto-complaisante et encline à l’intervention de l’Etat. Elle finira en musée si elle ne retrouve pas son esprit d’entreprise, estime l’ancien négociateur pour l’adhésion de la Pologne.

L'Europe ne souffre pas de la maladie de Parkinson. L'Europe est une victime de la loi de Parkinson. Actuellement, une entreprise ou une organisation qui compte plus de 200 salariés, n'a plus besoin de revenus, de bénéfices, ou de clients. La seule chose qui compte, c'est sa bureaucratie et ses procédures internes, qui assurent une occupation à ses employés. Il en va ainsi des entreprises et de l'Union européenne, ou plutôt de la “momie européenne”, comme l’appellent certaines mauvaises langues.
L'Union européenne oeuvre de moins en moins en faveur de la croissance économique et pour ses citoyens, et de plus en plus pour elle-même et ses fonctionnaires. Ses procédures et sa réglementation, au lieu de faciliter l'activité économique, l'entravent.
L'UE est de moins en moins compétitive. Les pays membres n'ont pas les moyens de financer son armée de fonctionnaires et ses dépenses publiques, alors ils s'endettent à l'infini soit à l'intérieur (Belgique, Allemagne, Pays-Bas, France), soit à l'extérieur du pays (Irlande, Portugal, Espagne, Italie, Grèce).
Les anciens schémas de fonctionnement épuisés, l'UE n'est plus en mesure de favoriser la croissance économique. Les réformes proposées sous la forme d'une intégration politique plus étroite, d'une mise en commun de la dette, ou d'une politique de croissance au prix de l'explosion des déficits ne feront que renforcer les rangs de l'armée de fonctionnaires et engendrer de nouvelles réglementations, entravant plus encore l'activité des entreprises.

Le membre le plus ancien a 89 ans 

Personne ne veut se souvenir de l'histoire récente, quand la libéralisation du marché en Pologne en 1989 a déchaîné un esprit d'entreprise sans précédent. L'Europe, elle, veut du socialisme, du monopole d'Etat, du plein emploi artificiel, surtout dans la fonction publique et dans les entreprises d'Etat. Et pourquoi pas des cartes de rationnement ?
Pour ne pas parler dans le vide, appuyons-nous sur un exemple concret, que je connais bien. Regardons le fonctionnement du Comité économique et social européen [dont l'auteur fut membre entre 2004 et 2010], l'un des organes de l'UE censé exprimer la position de la société civile sur la législation européenne. A quoi ressemble en réalité la voix de la société civile ?
Les conseillers qui y siègent sont désignés par les ONG, les organisations syndicales et patronales. Leurs candidatures sont ensuite approuvées par les gouvernements et par le Conseil de l'Union européenne. La plupart des membres du Comité sont des fonctionnaires issus des institutions représentatives des partenaires sociaux. Ainsi, dans le groupe des employeurs, il est très difficile de trouver un vrai entrepreneur, dans le groupe des syndicats, un ouvrier digne de ce nom, et au sein du groupe des organisations non-gouvernementales un véritable travailleur social. Les champions de la longévité occupent leurs sièges pendant des dizaines d'années. Le plus ancien de ses membres a 89 ans.

8 000 euros par mois nets d'impôts

Tout récemment, le groupe des employeurs a pratiqué le vote par acclamation ! A la question – êtes vous un homme d’affaires ? – un de ses représentants m’a répondu qu’il ne l’était pas, mais qu’il se sentait un esprit d’entreprise ! Une réponse similaire m’a été donnée par un représentant des employés ; interrogé sur son profil professionnel, il a déclaré n'avoir jamais été ouvrier. Et lorsque je leur ai demandé s'ils pourraient échanger leurs groupes respectifs, ils ont avoué que cela ne leur poserait pas de problème majeur.
Ces sont ces personnes qui sont censées nous représenter nous, la société civile. En tant qu'employés d’organismes sociaux, ils gagnent à peine plus que la moyenne nationale. Que leur offre l'UE ? Un salaire journalier de 233 euros pour avoir participé à une réunion.  Il suffit de signer la liste de présence et vous pouvez disparaître, ce qui est devenu une habitude pour certains. Quelque 1 084 euros tombent une fois par semaine en remboursement de frais de déplacement. S’y rajoute un per diem de 30 euros pour les dépenses de logement, une double indemnité pour les déplacement en dehors de Bruxelles et de nombreux autres avantages (cantine bon marché, salle de gym, médecin, etc.) Au total, si l’on se donne du mal, on peut empocher jusqu'à 8 000 euros par mois, nets d'impôts.
Les personnes désignées peuvent gagner bien plus, pour peu qu'elles siègent souvent lors des sessions. Et qu'est-ce qui nécessite des délibérations à n’en plus finir? Des centaines de nouvelles réglementations à examiner et à évaluer. Plus il y a de législation, mieux c'est, parce qu'on gagne plus. Quand, il y a quelques années, le cabinet du président José Manuel Barroso a évoqué l'initiative de simplifier la loi, tout le monde a répondu oui. Tout le monde, sauf les membres du Comité.

100 000 réglementations par an 

C'est comme ça dans toute l'Union. Tout le monde travaille et gagne de l'argent, en créant de nouvelles lois. En moyenne, 100 000 réglementations en dix ans, soit dix mille par an.
C'est la course à la réglementation, dont le respect sera étroitement surveillé, aussi bien à l'échelle européenne que dans les pays membres, par de nouveaux fonctionnaires, spécialistes de la supervision bancaire.
Un jour ou deux jours passés dans une telle ambiance et on se sent à nouveau en pleine réalité socialiste. Personne ne veut se rappeler sa triste fin. L'UE et les Etats membres ont besoin de réformes fondamentales comme celles engagées en Pologne en 1989 : la libération de l'activité économique et un discours clair affirmant aux populations que leur destin dépend de leur labeur, et non pas d’une armée de fonctionnaires.
Tant que l'Union et ses citoyens ne comprendront pas que rien n'est gratuit, il sera difficile d'entrevoir une prémisse de reprise et de fin de crise. Pour l'instant, l'Union est en bonne voie pour devenir une Momie européenne.



0 commentaires: