TOUT EST DIT

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jeudi 19 juillet 2012

A quoi attribuer la baisse des actes anti-musulmans depuis l’élection présidentielle ?

Selon le Conseil français du culte musulman, les actes anti-musulmans ont baissé depuis l'élection de François Hollande. Ils ont certes augmenté au premier semestre 2012 de 14,49%, mais pour le mois de juin, la baisse est de 7 points par rapport à l'année dernière.

D'après le CFCM, les actes islamophobes auraient baissé en juin de sept points par rapport à juin 2011. Comment expliquer ces chiffres ?

Bernard Godard : Cela ne me surprend pas outre mesure. On s'est rendu compte, depuis quelques années, qu'il y a un lien direct entre la tension créée par l'exacerbation du débat sur la présence de l'islam en France et des actes anti-musulmans. Ces derniers sont l'oeuvre la plupart du temps d'individus ou de groupes d'individus certes isolés, mais particulièrement entraînés à commettre ce genre d'acte dans ces moments-là. Le mois de juin a été  une période de "décélération" car l'attention s'est, enfin, portée sur d'autres sujets.

Abdallah Zekri, le président du CFCM établit un lien entre l’élection de François Hollande et la baisse des actes anti-musulmans... Son arrivée à l’Elysée suffit-elle à régler tous les problèmes ?

L'élection de  François  Hollande a permis de revenir à une période plus  normale, où le moindre fait divers mettant en cause des gens supposés être d'origine musulmane - même si presque toujours la religion islamique n'a rien à faire dans le débat - ne part plus en vrille pour aboutir à ce qu'on a connu. Mais pour autant, il va falloir  du temps pour  rétablir  la confiance, pour dissiper les peurs irrationnelles qui se sont installées depuis quelques années. On sait que ces peurs, ces appréhensions, agitées par l'extrême droite et la Droite populaire de l'UMP, ont laissé des traces durables.
Tout fait qui accrédite ces peurs est à traiter avec une grande maîtrise sur le plan médiatique et politique : ainsi, les faits récents qui ont visé des jeunes juifs, à Villeurbanne ou dans le train Paris-Toulouse, ne doivent pas porter à conclure à un regain généralisé de l'antisémitisme dans nos banlieues. Mais dans le même temps, ces affaires ne peuvent pas être résolues par la simple volonté politique. Elles sont la responsabilité de tous et en particulier des organisations musulmanes qui ne peuvent pas faire "l'autruche" : il n'est pas question de  fustiger l'islam, mais de promouvoir une campagne d'éducation, d'explication en direction de  jeunes dont la culture religieuse et politique est d'une telle pauvreté que tout cela est alarmant.

Au contraire, au cœur de la campagne présidentielle, marquée par une forte présence de thématiques liées à l'islam, les actes islamophobes auraient connu une hausse de 14 points en mai et de 9 points en avril. Les différents débats sur le halal, la burqa, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration ou les prières de rues ont-ils libéré la parole des extrémistes ?

Oui, les actes anti-musulmans sont souvent reliés à une période de mise en exergue  d'une supposée "islamisation" de la France. Je ne crois pas qu'il y ait eu une "libération de la parole" spontanée ces derniers temps. La montée du  sentiment anti-musulman est le  concours de plusieurs  facteurs  qui remontent à  plusieurs années. Nous connaissons en France le phénomène de la peur du terrorisme islamique depuis le milieu des années 1980. Mais le 11 septembre 2001, en même  temps qu'il a donné une dimension planétaire à la menace, a "libéré" un discours venu des néo-conservateurs américains auquel nous n'étions pas habitués. Les néo-conservateurs français ne sont
Ils se trouve en outre que le hasard a voulu que la célébration du centenaire de la loi de 1905 arrive au même moment où les pouvoirs publics consentaient des efforts pour  faire accepter la  religion musulmane dans le paysage religieux français. Les émeutes de 2005, qui n'avaient rien à voir avec le fait religieux, mais cela nos amis anglo-saxons n'ont pas voulu l'entendre, puis l'introduction du thème de l'identité nationale ont fait le reste pour créer une tension extrême autour de l'islam. Il s'agit aujourd'hui de "démêler" les fils : la poussée identitaire autour du halal ne doit pas faire reculer la laïcité, les prières de rue et la question des minarets ont été des problèmes créés artificiellement si on les examine en détail et les chiffres de l'immigration reliés à une "invasion islamique" sont un fantasme, n'en déplaise à  M. Christopher Caldwell.

93% des musulmans ont voté pour François Hollande. Comment l'expliquez-vous ? Parleriez-vous de "vote communautaire" ?

Un vote communautaire suppose une adhésion aux termes d'un  programme qui fait explicitement référence à des revendications d'une communauté donnée. Or, il n'en a rien été. Bien au contraire, certaines promesses liées aux valeurs morales des religions (mariage homosexuel par exemple) ont rebuté les religions et particulièrement des organisations musulmanes dont on aurait pu attendre qu'elles soutiennent explicitement le candidat de la gauche. Cela n'a pas été le cas (elles ont appelé au  vote blanc) et elles ont même exprimé leur appréhension face à la laïcité ombrageuse de certains leaders socialistes. Et pourtant, effectivement, 93% des musulmans ont  voté pour François Hollande. On est en présence d'un vote citoyen de gens qui ont exprimé une sorte de "ras le bol", tout simplement.

pas du tout des gens d'extrême droite et ont pourtant un discours très manichéen.

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