TOUT EST DIT

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vendredi 8 juin 2012

Élysée : les limites prévisibles de la «normal attitude»

Même son bulletin de santé est « normal ». Depuis qu'il a utilisé l'adjectif pour décrire le type de présidence qu'il souhaitait incarner, tout, autour de François Hollande, devient normal.

Sa photo officielle de président de la République, son appartement dans le XVe arrondissement de Paris qu'il essaye de conserver, ses déplacements en train jusqu'à Bruxelles… Et autour de lui, la contagion opère: le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, emprunte le RER B pour se rendre en Seine-et-Marne lors de la campagne pour les législatives, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, voyage sur une compagnie low-cost entre l'Allemagne et l'Italie, Cécile Duflot pose en jean sur la photo officielle du gouvernement. De même que beaucoup de ministres s'étaient mis au jogging après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, ceux de François Hollande s'essaient à la «normal attitude».
Homo crétinus, président français
À en croire les enquêtes de popularité, les Français apprécient. «Aujourd'hui, on ressent plutôt une forme d'apaisement», raconte un proche du président. «Les nôtres sont heureux d'avoir gagné. Même à droite, n'oubliez pas que beaucoup de gens ont voté pour nous.» Mais combien de temps s'écoulera-t-il avant que ce qui fait aujourd'hui la force de François Hollande commence à agacer et finisse par se retourner contre lui? A fortiori s'il fait des entorses à sa normalité revendiquée, comme mercredi en roulant à plus de 160 km/h sur l'autoroute pour se rendre à Caen, soit bien au-dessus de la limite autorisée.

Marque de fabrique

Fin mai, l'ancien premier ministre François Fillon mettait en garde: «Le président normal ne le restera pas longtemps.» Autant qu'il le peut, François Hollande s'efforce pour l'instant de rester fidèle à sa marque de fabrique. Autour de lui, on jure qu'il n'en rajoute pas. «Il est naturellement normal», assure un ministre. À l'Élysée, les anecdotes sur le comportement de François Hollande n'en finissent plus d'alimenter les conversations.
Tel jour, il a fait le tour de tous les bureaux du palais pour saluer chacun des collaborateurs de la présidence de la République. Tel autre jour, il a fait entrer dans la cour de l'Élysée une classe de gamins qui passaient devant la grille, provoquant une certaine tension dans les services de sécurité. Une autre fois encore, il fait arrêter sa voiture qui sortait du palais pour serrer les mains des badauds qui le saluaient sur le trottoir. L'ivresse des débuts?
Pour l'heure, cette aura l'a protégé de beaucoup de polémiques qui, en d'autres temps, n'auraient pas manqué d'entacher son image: couacs des ministres, conservation de la résidence de la Lanterne à Versailles, condamnation d'Arnaud Montebourg pour injure. Tout glisse sur François Hollande. Il est vrai qu'avant les élections législatives, son gouvernement n'a annoncé que de bonnes nouvelles: retraite à 60 ans, allocation de rentrée scolaire, coup de pouce au smic… Il sera bien temps après le second tour de voir si la «normalité» résiste au «redressement du pays dans la justice» et aux mesures fiscales que cela suppose.

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