TOUT EST DIT

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vendredi 20 avril 2012

Tesson : "Nicolas Sarkozy seul contre tous"

La campagne du premier tour s'est résumée à une seule question : "Pour ou contre Sarkozy". Dommage, la France méritait mieux. 

 

On dit : cette élection se joue entre la droite et la gauche. C'est un leurre : cette élection se joue entre Sarkozy et la coalition objective de l'ensemble de ses adversaires. Si Hollande devait l'emporter le 6 mai, sa victoire ne serait pas celle de la gauche, elle serait celle de l'anti-sarkozysme. Hollande porterait sur ses épaules les intérêts de son camp certes, mais également ceux de l'extrême droite, de la droite transfuge ("je ne suis pas socialiste, mais je vote Hollande"), du centre, des Verts et de l'extrême gauche. Triste destin et lourde responsabilité !
Cette analyse n'est un sophisme que dans les apparences. Certes, le type de scrutin qui gouverne l'élection présidentielle réduit le second tour à un duel schématique qui contraint l'électeur à un vote radical. Mais ce duel n'a de sens que s'il s'inscrit autour d'une ligne de partage idéologique entre gauche et droite. Tel est le principe fondateur de la Ve République. Or, la campagne du premier tour que nous venons de vivre est allée totalement contre ce principe, elle l'a bafoué. Elle n'a eu pour ainsi dire aucun contenu idéologique. Elle s'est résumée à une mascarade référendaire, dont l'enjeu n'était pas l'avenir de la France, mais l'avenir de Sarkozy. Pour ou contre Sarkozy.

Le premier tour est décisif

On peut le comprendre de la part des électeurs de gauche, puisque Sarkozy est de droite. On ne parviendra jamais en revanche à le comprendre venant des électeurs de droite, dont un grand nombre semblent prêts aujourd'hui à sacrifier leurs convictions et leurs intérêts à leurs humeurs et à la mode du temps. Qu'ils aient été déçus par les comportements du président sortant, soit. Par son bilan politique, c'est déjà beaucoup plus discutable. Mais par son projet pour les cinq années à venir rapporté à celui de Hollande, c'est pour le moins déconcertant.
On entend cette objection : le vote du premier tour n'a qu'une conséquence relative, et l'on peut se permettre d'y affiner son choix, quitte à le polariser au second tour. C'est oublier que le premier tour crée une dynamique périlleuse. Le premier tour est décisif.

Une forme de terrorisme

La gauche est experte en matière de diabolisation. Elle s'est servie longtemps de Le Pen pour donner mauvaise conscience à la droite. C'est Sarkozy qu'elle utilise depuis quelques années à cet effet avec une habileté et une mauvaise foi redoutables. Cette tactique lui tient lieu de politique et l'exonère de toute réflexion idéologique. C'est une forme de terrorisme. La droite est tombée tête baissée dans le piège, embarrassée comme à l'ordinaire de ses complexes. Le paradoxe veut que Marine Le Pen se soit, de ce fait, peu à peu banalisée, quasiment blanchie par l'effet de cette machination perverse. Elle est aujourd'hui l'une des alliées objectives de Hollande dans la chasse à l'animal. Si bien que voter demain Le Pen, c'est voter Hollande. De même que voter Bayrou, c'est risquer de voter Hollande, puisqu'il ne sait pas pour qui voter et qu'il ne le saura jamais.
La droite est majoritaire dans ce pays, c'est un fait. Or, elle risque d'être battue. Il y a chez elle un masochisme, une frivolité suicidaire, un fascinant tropisme du cocuage.

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