TOUT EST DIT

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vendredi 20 avril 2012

Juppé et le "copier-coller" de Hollande

Devant la presse étrangère, réunie jeudi matin à Paris, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a fait le bilan de la diplomatie menée par son président pendant cinq ans. Souvent sur la défensive, il a insisté sur les succès de Nicolas Sarkozy en évitant de trop se projeter vers l'avenir. 

Exercice délicat pour Alain Juppé. Jeudi matin, face aux membres de l'Association de la presse étrangère, le locataire du Quai d'Orsay a dû faire le bilan de la politique étrangère que Nicolas Sarkozy a menée, alors même qu'il n'a pas été son ministre pendant cinq ans. Contraint d'évoquer l'action de Bernard Kouchner et de Michèle Alliot-Marie, qui l'ont précédé à son poste, Alain Juppé a surtout voulu parler des "succès" de son président : le retour de la France dans l'Otan, la présidence française de l'Union européenne, les sommets du G8 et G20 présidés par la France, les interventions en Libye et en Côte d'Ivoire, et la signature du Pacte européen en janvier dernier.
Surtout ne pas parler des choses qui fâchent. Mais les correspondants des médias étrangers à Paris sont justement là pour parler de ces sujets. Les relations entre la France et certains pays d'Afrique, les tensions entre Paris et Pékin, la résistance de la Russie dans le dossier syrien ou les Rafale que Dassault peine à vendre au Brésil… Rien n'est épargné au ministre. "Nos relations avec ce pays sont excellentes", a-t-il pondéré chacune de ses réponses. "A vous entendre, tout va mal avec tout le monde", a-t-il même lâché en fin de conférence de presse.

"Une absence de toute idée nouvelle"

A plusieurs reprises, Alain Juppé s'est cantonné dans son rôle de diplomate, refusant de s'avancer sur les dossiers de Florence Cassez ou du nucléaire iranien. Même sur la crise syrienne, il a répété la position officielle de la France déjà énoncée dans les communiqués du Quai d'Orsay. En revanche, dès qu'il s'agissait de parler présidentielle, l'homme politique a repris le dessus.
En bon soldat, Alain Juppé a ainsi attaqué bille en tête François Hollande, dont "le discours en matière de politique étrangère est un mauvais copier-coller de ce qu'a fait Nicolas Sarkozy en cinq ans". "Il y a chez lui une absence de toute idée nouvelle, à l'exception de l'Afghanistan, dont un retrait précipité de nos troupes serait techniquement impossible et militairement déshonorant", a encore critiqué le ministre.

Juppé cite Cohn-Bendit

Mais c'est au sujet de la renégociation souhaitée par François Hollande des traités européens, signés en janvier dernier, que l'ancien Premier ministre est le plus en verve. Faisant le lien entre "Europe forte" et "France forte", Alain Juppé n'a pas résisté à la tentation de citer Daniel Cohn-Bendit : "La position de François Hollande constitue une bourde historique."
Pour le ministre d'Etat, le socialiste fait de la démagogie : "Je suis absolument convaincu qu'il ne renégociera rien. Ce qui se passera? Il ajoutera un protocole additionnel sur la croissance." L'utilisation du futur, et non du conditionnel, est notable. Et de reprendre l'argumentaire de l'UMP, après avoir assuré qu'un volet 'croissance' était déjà présent dans le traité signé en janvier : "François Hollande n'a rien inventé sinon un risque majeur de déstabilisation financière des marchés."
S'il cite le candidat socialiste, Alain Juppé n'en a pas oublié ses autres concurrents. A Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, il a rappelé que "ceux qui veulent sortir de l'Europe" sont dans "l'utopie". Mais cela ne l'a pas empêché de pointer le problème de certaines frontières de l'Union, dont celle qui sépare la Grèce de la Turquie – "une vraie passoire". Un élément déjà entendu dans le discours de la candidate du Front national. A l'adresse de la gauche radicale, Alain Juppé n'a eu qu'une phrase, lapidaire : "Quand on voit que certains candidats ont le poing levé et chantent l'Internationale en meetings, on se dit qu'une partie de la classe politique est restée au XXe siècle."

"Fabius est déjà installé dans mon bureau"

Le rendez-vous d'Alain Juppé devant la presse étrangère avait pour thème : "Le bilan de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy". L'avenir? Alain Juppé a refusé d'en parler, que ce soit sur le programme de l'UMP ou sur les dossiers en cours. Le ministre a ainsi refusé de préciser le calendrier ou les positions de la France, à long terme, sur les dossiers syrien ou iranien. Nicolas Sarkozy, en tant que candidat, est avant tout une victime : "Dans cette campagne, neuf candidats tapent ensemble sur le dixième, qui est donc celui de l'UMP."
Quant aux médias, "et je ne parle pas de la presse étrangère" ajoute Alain Juppé, "les journalistes ont déjà élu leur président, François Hollande". Avant de fustiger une nouvelle fois les socialistes "qui se distribuent déjà les places" : "Ségolène Royal est déjà installée à l'Assemblée nationale, Laurent Fabius dans mon bureau…" Le même Alain Juppé voyait pourtant, la semaine dernière au détour d'une interview, François Bayrou nommé à Matignon.

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