TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 28 mars 2012

Quand l'Allemagne n'est pas un modèle


Que l'Allemagne soit un modèle à bien des égards et qu'elle surmonte la crise mieux que nous grâce à des réformes courageuses, acceptées notamment par des syndicats qui pratiquent la concertation plutôt que la confrontation, il faut s'en féliciter. La France, d'ailleurs, comme toute l'Europe, a besoin d'une économie allemande forte et dynamique. Cela étant, notre voisin a également de sérieuses faiblesses qu'il nous faut, pour que le tableau soit plus complet, constater, tout en les déplorant. On peut en citer trois.
La première est une désastreuse démographie. Son indice de fécondité plafonne à 1,40, loin du 2,1 qui assure la reproduction des générations. Les projections des démographes vont jusqu'à prévoir qu'en 2050 la population allemande, aujourd'hui de 81,4 millions (France : 65), pourrait se situer entre 69 et 73 millions (France, près de 70). Cette perspective est tout simplement dramatique, même si l'Allemagne peut compenser en recourant davantage à l'immigration.
La seconde faiblesse est un insuffisant budget de la Défense. Cette grande puissance économique ne consacre, aujourd'hui, que 1,3 % du PNB à son armée, (France : 2,4 %), ce qui représente 389 € par personne (France : 484 €). Certes, tous les budgets européens de Défense sont dangereusement en baisse. Ainsi l'Allemagne, qui vient d'abandonner la conscription et s'est engagée dans une profonde réforme de structure de son armée, verra-t-elle les effectifs de la Bundeswehr passer de 245 000 militaires à 185 000 dans les cinq prochaines années, les capacités d'intervention devant toutefois être accrues.
Un avenir énergétique incertain
La coopération franco-allemande s'en trouve affectée et, désormais, c'est plutôt avec la Grande-Bretagne qui, elle aussi, maintient son effort à un assez haut niveau, que la France coopère, comme en témoigne le traité franco-britannique de novembre 2010.
La troisième faiblesse est un incertain avenir énergétique. En renonçant au nucléaire à l'horizon 2022, qui actuellement représente 22 % de ses besoins en électricité, et en fermant dès cette année huit centrales nucléaires sur les dix-sept, Angela Merkel a fait un pari. Certes, en donnant la priorité aux énergies renouvelables, la Chancelière va dans une direction recommandée. Mais, le recours à l'énergie éolienne ne suffisant pas, l'Allemagne devra construire de nouvelles centrales au gaz et même au charbon, alourdissant le bilan d'émissions de CO2. Sans doute lui faudra-t-il aussi conserver, voire accroître, sa dépendance, déjà forte, à l'égard du gaz russe (40 % des importations de gaz), ce qui n'est pas sans conséquences politiques (France : 17 %).
Ces faiblesses doivent nous préoccuper, comme tout ce qui contribue à affaiblir l'Europe. Aussi, faut-il espérer que ces prévisions seront heureusement démenties, que les femmes allemandes feront plus d'enfants, que les Allemands consentiront à contribuer davantage à doter l'Europe de l'outil de défense dont elle a besoin et que l'Allemagne gagnera son pari énergétique sans avoir accru ni sa dépendance ni la pollution.

0 commentaires: