TOUT EST DIT

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dimanche 11 mars 2012

Peut-on se passer des très riches ? 


Les riches font vendre. Des livres, des magazines, des films. Ils intriguent et ils agacent. Et même ils choquent. Plus la crise s'installe et moins on comprend comment ils peuvent encore s'enrichir quand tout semble s'appauvrir autour d'eux.


À en croire les sondages, François Hollande a visé juste en proposant de taxer à 75 % les revenus annuels supérieurs à 1 million. Économiste et fiscaliste averti, il sait que cette mesure ne rapportera que des poussières (250 millions) au regard du déficit du budget de l'État prévu en 2012 (85 milliards) et devant l'abîme de la dette publique française (1 700 milliards).
Mais la mesure est politique et son annonce tactique. Il fallait envoyer un message complice aux Français, du centre droit jusqu'à l'extrême gauche, et il fallait renvoyer Nicolas Sarkozy, qui se veut aujourd'hui le candidat du peuple, à cette image d'ami des riches qui lui colle aux basques depuis le Fouquet's et le yacht.
Au-delà du coup électoral, la mesure évoque le rôle des riches dans la société et le regard sur eux de l'opinion.
Années quatre-vingt. La financiarisation de l'économie s'affirme. Le monde s'enrichit en s'endettant. Des bulles se créent sans qu'on le sache. Il est d'assez bon ton alors d'être riche, et même nouveau riche - Bernard Tapie en fait son fonds de commerce. Quand la société s'enrichit, espère s'enrichir, ou croit s'enrichir, les riches deviennent pour certains des modèles.
Trente ans plus tard, l'opinion craint pour son emploi et son pouvoir d'achat. Elle sait que la dette est une bombe à retardement. Elle n'aperçoit pas la croissance qui pourrait permettre de résorber les déficits. Elle sent venir la décennie de l'austérité, des efforts et des sacrifices. Et on lui dit que les très riches se sont considérablement enrichis depuis vingt ans.
L'étalage des signes extérieurs de richesse, l'annonce des revenus annuels des grands patrons, des artistes ou des sportifs, la montée sans fin du prix de l'immobilier, sont perçus comme des provocations quand le progrès social est menacé, quand l'emploi se raréfie et qu'on se loge difficilement.
Et c'est d'autant plus vrai dans un pays qui n'aime pas l'argent et qui adore l'égalité.
En période de croissance, on demande aux riches d'enrichir le pays par leur dynamisme. En période de crise, on attend d'eux qu'ils soient solidaires par l'impôt.
On attend en réalité des riches qu'ils ne soient pas déconnectés de la vie de la collectivité.
Qu'ils ne s'enrichissent pas quand les autres stagnent. Et qu'ils ne s'enrichissent pas dans des proportions telles qu'ils finissent par vivre dans un autre monde.
En période de croissance, on demande aux riches d'enrichir le pays par leur dynamisme.
En période de crise, on attend d'eux qu'ils soient solidaires.

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