TOUT EST DIT

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jeudi 9 février 2012

Urgence humanitaire en Syrie 

La peur est en train de changer de camp, disait-on il y a un an. C'était vrai à Tunis, au Caire. Même à Tripoli, le clan Kadhafi s'est mis à trembler. En Syrie, la peur n'a pas changé de camp, elle est partout. Jusque dans ce qui devrait être un sanctuaire, l'hôpital. Les Syriens blessés, qu'ils aient ou non participé aux manifestations, n'osent plus s'y rendre. On y torture. On y meurt. Le bras meurtrier de Bachar, héritier parfait du sanglant Hafez el-Assad, ne tremble pas lorsqu'il s'agit de massacrer les civils. Comme celui de son père. Depuis vendredi, depuis les bombardements sur la ville de Homs, plus de 400 civils ont été tués, s'ajoutant au plus de six mille morts depuis mars 2011. Parmi eux, beaucoup d'enfants. Des familles entières tuées chez elles. L'organisation Médecins sans frontières dénonce une répression sans merci contre les blessés et les personnels soignants. Le Haut-commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme demande une action urgente pour protéger les populations civiles. La Syrie est prise dans un étau dramatique, entre la répression féroce du régime et le risque, chaque jour plus grand, d'une guerre civile incontrôlable. On a même le sentiment que les veto russe et chinois contre l'adoption, samedi dernier, d'une résolution du Conseil de Sécurité, pourtant votée par ses treize autres membres, ont été interprétés par Damas comme un blanc-seing pour tuer. Les bombardements ont redoublé. Pour accentuer la pression, liquider les poches de résistance les plus vives, notamment à Homs. Vladimir Poutine, hier encore, a fait une mise en garde contre toute ingérence en Syrie. À trois semaines de l'élection présidentielle russe, il ne faut pas s'attendre à une rhétorique plus souple du côté de Moscou où les livraisons d'armes à Bachar ne suscitent aucun état d'âme. Et pourtant, le temps presse. Pour des raisons humanitaires évidentes. Pour des raisons politiques également. Car la mosaïque confessionnelle que constitue la Syrie, avec ses multiples communautés musulmanes et chrétiennes, est au bord de l'éclatement. Les chrétiens redoutent comme la peste le scénario irakien, synonyme de mort ou d'exode. Les Alaouites, majoritairement concentrés dans l'ouest du pays, peuvent, eux, être tentés de jouer la carte séparatiste. Surtout, la militarisation du conflit, avec les risques de « libanisation » qu'il comporte, fait débat. Au sein du Conseil National Syrien, qui regroupe les différentes tendances de l'opposition, comme chez les diplomates. Si à Paris on reste hostile à une aide militaire directe aux résistants, le sujet n'est plus tabou. Le 14 janvier, le Qatar a prôné l'envoi de troupes arabes. Mardi soir, sur CNN, des sources américaines laissaient entendre qu'une aide militaire aux résistants était à l'étude, même si les options diplomatiques et économiques restent privilégiées. Un avertissement à Moscou ? Sans doute. Au sein de l'armée régulière syrienne, les défections s'accélèrent. De nombreux gradés font maintenant partie d'un conseil suprême basé en Turquie où pourrait se tenir prochainement une grande conférence internationale. Ligue arabe, Turquie, Union européenne, groupe des treize du Conseil de sécurité : la volonté de chasser Bachar est désormais largement partagée. Une transition maîtrisée est peut-être encore gérable. Jusqu'à quand ?

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