TOUT EST DIT

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jeudi 9 février 2012

La “Grexit” n’est plus taboue

En évoquant, comme l’a fait en début de semaine la commissaire Neelie Kroes, la sortie de la Grèce de la zone euro, les dirigeants européens semblent préparer le terrain à cette éventualité. De son côté Athènes continue de négocier avec ses créanciers privés la restructuration de sa dette. 

Bien entendu Neelie Kroes a été rappelée à l’ordre le 7 février par ses collègues de la Commission européenne. La ligne officielle de Bruxelles est et reste qu’il faut maintenir la Grèce à bord coûte que coûte  – et avec un nouveau prêt d’urgence de 130 milliards d’euros. Car s’il tombe une seule pierre, tout l’édifice de l’euro s’effondre.
Le coût dépasserait alors de loin celui de l’aide d’urgence aux Grecs. Le fait que la commissaire à la Société numérique n’ait pas tenu compte, [dans l’interview qu’elle a donnée la veille] dans le Volkskrant, de cette théorie financière des dominos, n’était ni un lapsus ni une gaffe. Ses paroles s’inscrivent dans une tendance qui a été amorcée à l’automne dernier.

"Ces Grecs à la con"

Elle consiste à faire tomber les tabous européens, de sorte que les esprits soient mûrs pour laisser, le cas échéant, les Grecs s’enfoncer dans leur pétrin.
Le premier tabou – le dénigrement des politiciens grecs – a été remis en question en septembre dernier par des diplomates de l’UE.
L’exaspération refoulée depuis des mois au sujet des promesses de réductions des dépenses qu’Athènes oubliait plus rapidement qu’elle ne les appliquait, a abouti à des critiques acérées de la part des diplomates.
On en a assez des atermoiements de ces Grecs à la con” a dit l’un d’entre eux. Un autre a qualifié [la gestion de la crise] de “véritable scandale” ; un troisième avait déjà spéculé à l’époque sur une faillite de la Grèce : “On ne peut pas continuer à pomper. Il y a un moment où le capitaine dit : “Tous aux chaloupes, il faut quitter le navire.
Le deuxième tabou – un pays peut être exclu de la zone euro – a disparu début novembre grâce à la chancelière allemande Angela Merkel et au président français Nicolas Sarkozy.
Lorsque le Premier ministre grec a provoqué leur colère en annonçant un référendum sur les réductions de dépenses, “Merkozy” a laissé entendre qu’une seule question se posait encore : la Grèce reste-t-elle oui on non dans la zone euro ? Il était donc possible de partir.
Le même mois les présidents européens, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont mis fin au troisième tabou : l’euro a une fin. Dans un exposé émotif devant le Parlement européen, ils ont tous les deux prévenu que la survie de l’euro serait bel et bien mise en jeu si les dirigeants de l’UE n’intervenaient pas rapidement.

Tout le monde est prêt

Ces dernières semaines, ce futle tour du tabou numéro quatre : un pays de la zone euro peut faire faillite. Une fois de plus Merkel et Sarkozy, mais aussi le ministre néerlandais des Finances Jan Kees De Jager, ont déclaré qu’Athènes pouvait faire une croix sur son deuxième prêt d’urgence de 130 milliards si elle ne satisfaisait pas aux exigences de réduction des dépenses des bailleurs de fonds (l’UE et le FMI).
Et sans cet argent, la Grèce fait faillite, a ajouté pour plus de sûreté le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Et voilà que la commissaire Kroes fait tomber le cinquième et dernier tabou, qui est en fait plutôt un dogme : la zone euro s’effondre si la Grèce retourne à la drachme. “Ce n’est absolument pas vrai”, déclare Kroes.
Il est à noter que dans ce contexte, la commissaire européenne grec Maria Damanaki (en charge de la Pêche) prétendait déjà le week-end dernier que des plans d’urgence sont prêts à Bruxelles pour la sortie de la Grèce de la zone euro. Ce qui a été démenti par la Commission. Ce que font Merkel, Sarkozy, Kroes et les diplomates de l’UE, c’est permettre la discussion sur la sortie de la Grèce de la zone euro.
Le Premier ministre [néerlandais] Mark Rutte et le ministre des Finances Jan Kees De Jager reconnaissent depuis mardi [7 février] que cette démarche est possible. Non pas qu’elle sera entreprise cette semaine – les négociations extrêmement pénibles qui se déroulent à Athènes entre les bailleurs de fonds et le gouvernement grec aboutiront tout de même probablement à un accord au cours des prochains jours.
Mais toutes les parties concernées savent que dans trois mois, les bailleurs de fonds seront derechef à Athènes pour conclure de nouveau que la Grèce n’a pas tenu ses promesses pour la enième fois. Et tout le monde sera alors prêt pour la sortie de la Grèce. Et personne ne pourra dire que c’est une surprise.


Crise grecque

La sortie grecque ne sera pas une tragédie pour l'UE

Le chaos politique et économique va contraindre la Grèce à faire faillite, écrit Dziennik Gazeta Prawna, qui analyse le dernier rapport publié par Citibank sur la crise grecque.
L’étude, qui évalue à 50% le risque d’un défaut de paiement de la Grèce dans les 18 prochains mois, note que de nombreux facteurs laissent penser que "la sortie de la zone euro serait une tragédie pour la Grèce mais pas pour l’UE ". Pourquoi ?
"Premièrement, à chacun des plans de restructuration, les banques europénnes se sont petit à petit délestées de la dette grecque.  En cas de faillite, les titres grecs deviendront donc sans valeur et les pertes pour les institutions financières de l’UE seront limitées.
Deuxièmement, les marchés financiers ont fait une distinction nette entre les cas grec et portugais, qui sont incapables de survivre sans l’aide extérieure, ainsi que des cas irlandais, espagnol et italien. […] Dans cette situation, Bruxelles a une position beaucoup plus forte dans les négociations avec les Grecs. Toutefois, les pourparlers sont au point mort, et de plus en plus de responsables de l’UE pensent qu’une faillite grecque et la sortie du pays de la zone euro seraient un moindre mal."

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