TOUT EST DIT

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dimanche 19 février 2012

La réélection, impossible exploit ?

L'ennui avec la démocratie, ce sont les réélections. Après avoir été une première fois élu, si l'on veut garder son ticket au-delà de la limite, il faut se faire réélire. Gagner la première fois, c'est déjà très difficile, remporter le second match, c'est quasiment impossible. Sauf si l'on a cohabité avec un Premier ministre qui s'est usé à la tâche. La longueur du mandat, d'une part, l'intraitable corps électoral français d'autre part, ont rendu jusque-là la chose presque infaisable.

Le général de Gaulle lui-même, inventeur et incarnation de la Ve République, n'a pu se faire réélire par le peuple, ayant décidé de ne pas aller au bout du septennat. Georges Pompidou mourra avant l'échéance. Valéry Giscard d'Estaing, convaincu de son impériale supériorité, n'arrivera pas à en persuader des Français qui lui imputeront la montée du chômage.

François Mitterrand et Jacques Chirac l'emporteront, mais à l'issue d'un septennat de cohabitation, et, pour le second, face à un candidat qui n'avait aucune chance.

 Nicolas Sarkozy préside et gouverne depuis cinq ans, dans un environnement marqué par une violente crise économique. Et sa cote de popularité n'a pas attendu la tempête bancaire de 2008 pour s'effondrer. Alors qu'il devrait, en cette fin de mandat, apparaître aux yeux des Français comme celui qui les protégera, armé de son expérience et de leur confiance, il passe au contraire pour l'un des responsables de leur situation, qu'ils jugent calamiteuse.

Il n'a pas le regard un peu las des puissants auxquels on est prêt à redonner le pouvoir parce qu'ils n'ont plus l'air de le vouloir vraiment. On le leur avait offert une première fois parce qu'on attendait beaucoup d'eux. On le leur redonne parce que c'est la moins mauvaise solution. On les a d'abord voulus, et puis on les a préférés. Ils ne font plus rêver, mais ils rassurent.

François Mitterrand avait présidé sans gouverner. Il lui a suffi d'envoyer une lettre aux Français, aussi vague que lénifiante, pour s'en faire réélire. Le second mandat, soporifique, tiendra ces promesses épistolaires. Jacques Chirac se retrouvera bombardé sauveur suprême face à l'intrus de la République Jean-Marie Le Pen. Le second règne n'aura rien d'épique. 

Le président actuel est coincé dans une contradiction. La conjoncture est trop inquiétante, et sa propre situation trop dégradée pour qu'il se contente d'un nébuleux programme. Il doit promettre, s'agiter, s'engager, montrer ses muscles. Et il faudrait en même temps, après cinq ans de mandat suprême censés l'avoir arrondi et poli, qu'il dévoile enfin aux Français un profil monarchique, qu'il offre une silhouette protectrice, qu'il suggère une puissance tranquille, qu'il assume une pleine assurance s'il veut avoir une chance de gagner. Ce sera difficile, mais en politique...

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