TOUT EST DIT

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dimanche 8 janvier 2012

Un jeu de massacre ?

À une centaine de jours du premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril prochain, tous les scénarios semblent possibles. Dans un climat de récession économique, de hausse du chômage et d’austérité budgétaire, le combat s’annonce impitoyable.

arement l’issue d’un scrutin présidentiel aura été aussi imprévisible, soulignent les politologues : le pessimisme et même la démoralisation des Français, démontrés par toutes les enquêtes et accentués par une crise financière et économique sans précédent, peuvent produire «un jeu de massacre» du type 21 avril 2002, où le candidat PS Lionel Jospin avait été éliminé au premier tour, laissant le président sortant Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen (FN).
Depuis plusieurs mois, le socialiste François Hollande est placé en tête des intentions de vote, atteignant un sommet au cours de la primaire de son parti en octobre. Depuis, il a cédé du terrain, tombant sous les 30 % d’intentions de vote, mais devançant toujours Nicolas Sarkozy (entre 24 et 26 %).
François Bayrou (MoDem), crédité de 11 à 14 % des suffrages, est celui qui profite le mieux de la forme moyenne des deux favoris.

«La cristallisation, le débat sur le fond, aura lieu plus tard qu’en 2007»

Marine Le Pen (FN)est ancrée à la troisième place avec 16 à 20 %. Classé comme elle dans le camp «protestataire» mais à l’opposé de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) suit son bonhomme de chemin (7 % environ), tandis que l’écologiste Eva Joly (4 à 5 %) et Dominique de Villepin (1 à 3,5 %) restent dans de basses eaux.
La parenthèse de la bipolarisation entre François Hollande et Nicolas Sarkozy «semble donc s’être refermée», estime Frédéric Dabi, de l’Ifop. Si leur recul dans les sondages se confirme, de même que la progression de Marine Le Pen et de François Bayrou, «la campagne pourrait prendre une nouvelle tournure, passant de l’opposition classique et attendue entre une droite sortante et une gauche d’alternance, à un jeu à trois, voire à quatre, susceptible de changer les perspectives d’accession au second tour».
Pour Pascal Perrineau, directeur du Centre d’études de la vie politique (Cevipof), le ton de la campagne, loin des préoccupations des Français, «risque de décevoir les électeurs». De fait, 84 % d’entre eux considèrent que, pour le moment, la campagne est «surtout l’occasion de petites phrases et d’attaques personnelles», selon un sondage TNS-Sofres.
«On a l’impression qu’il y a un déficit de l’importance des enjeux financiers, sociaux, sociétaux… Le débat s’enlise dans des petites phrases, des postures, et ne parvient pas à se poser autour des vraies questions. Je crains qu’à servir ce spectacle on ne renforce le vote protestataire ou l’abstention», analyse et prévient Pascal Perrineau.
Bruno Jeanbart, d’OpinionWay, relève que l’on est dans une campagne d’attente «au moins jusqu’en février-mars : Nicolas Sarkozy ne va pas se déclarer avant et François Hollande n’a pas intérêt à dévoiler son programme d’ici là. La cristallisation, le débat sur le fond, aura lieu plus tard qu’en 2007».
Le contexte économique, financier, international, peut se dégrader très rapidement et «n’est pas favorable à l’adhésion à de grands projets», ajoute-t-il. D’où la stratégie d’attentisme des candidats : «On démonte d’un côté le bilan du président sortant, on critique de l’autre le camp d’en face, et on est prudent sur les annonces.»
Toutefois, le retard de M. Sarkozy dans les sondages, ainsi que la pression de Marine Le Pen et de François Bayrou, semblent avoir poussé le chef de l’État à passer la vitesse supérieure, comme en témoignent le sommet social du 18 janvier et les annonces sur la TVA sociale et la taxe sur les transactions financières.
D’autant que, selon un baromètre de l’Ifop sur la popularité des présidents sortants de la V e République quatre mois avant la présidentielle, Nicolas Sarkozy est le plus mal placé : 66 % de mécontents, suivi par Valéry Giscard d’Estaing (46 % en décembre 1980), Jacques Chirac (36 % en décembre 2001), François Mitterrand (30 % en décembre 1987) et Charles de Gaulle (25 % en août 1965).

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