TOUT EST DIT

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dimanche 8 janvier 2012

TVA sociale, bouc émissaire électoral

Malgré les critiques émises un peu partout, et au sein même de la majorité, le Premier ministre a déclaré jeudi, à propos de la TVA sociale (Présent du 5 janvier), que les décisions seraient prises « à la fin janvier », soit après le sommet social prévu le 18, et que la réforme serait « soumise au Parlement en février ». « Oui nous devons faire évoluer l’assiette sur laquelle repose le financement d’une partie de notre protection sociale, a déclaré François Fillon. Nous ne devons nous interdire aucun débat, nous avons besoin d’entendre les partenaires sociaux, mais (…) notre but est clair : notre fiscalité doit favoriser la création d’emplois productifs sur notre territoire. »

Dans le principe effectivement, la TVA sociale consiste à alléger le poids des cotisations sociales, salariales et patronales, pour le transférer sur la TVA qui pourrait donc être majorée de plusieurs points. On libère donc le travail des charges qui pèse sur lui, pour les faire subir par la consommation. Au point de départ, cela favorise le pouvoir d’achat – mais le restreint à l’arrivée. L’Allemagne, qui a fait ce pari, ne semble pas s’en tirer trop mal. D’autant que la TVA frappe aussi bien les produits de l’étranger que les nôtres. Nos exportations libres de TVA ne sauraient directement en pâtir. Il est vrai que pour les entreprises qui ont préféré, ces dernières années, délocaliser à l’étranger, la question importe peu…

Quoi qu’il en soit, et le débat actuel le prouve, la réponse semble devoir être essentiellement électorale. La taxe est une mal aimée, et toute augmentation de TVA est donc regardée d’un mauvais œil par les consommateurs. Qui, d’ici cent jours, seront des électeurs…

Ainsi Marine Le Pen, dont le discours de campagne se veut très social, y voit donc une TVA patronale. Et l’équivalent d’un troisième plan de rigueur. Même si, par le passé, le FN a pu y voir une piste intéressante de réflexion… Elle est d’ailleurs loin d’être la seule à se méfier de cette mauvaise image de marque. Quand ils ne la dénoncent pas, les autres candidats fuient cette patate chaude comme la peste.

Le problème est que, en période électorale, il est impossible pour un candidat de se prononcer pour des solutions lentes, dont les effets ne se feraient sentir qu’au fil des mois, voire des années. L’électeur aurait tôt fait de sanctionner le parti au pouvoir en estimant qu’il n’a rien fait. L’inaction ne vaut rien à un président qui se rase de près tous les matins. Mieux vaut n’avoir pas réussi que paraître n’avoir rien fait…

L’autre face de la difficulté semble bien être que, dès que l’on évoque les questions économiques, on tombe sur la dette. Une poudrière pour l’actuel chef de l’Etat, puisque la dette publique de la France, qui oscillait autour de 1 200 milliards d’euros à son arrivée à l’Elysée, flirte désormais avec les 1 700 milliards. Encore ne s’agit-il là que de la dette au sens de Maastricht, qui ignore notamment l’ensemble des passifs financiers.

Sur ce plan-là, le moins que l’on puisse dire, c’est que Paris ne fait pas figure d’opérateur vertueux. Ainsi la France a-t-elle réussi jeudi sa première émission obligataire de l’année, pour un montant de près de huit milliards, à 3,29 % (au lieu de 3,18 % lors de la dernière émission 2011), aggravant ainsi sa dette. Et n’arrivant pas à rassurer, au passage, les marchés…

Les adversaires présumés de Sarkozy ont donc bondi sur la TVA sociale, un peu comme sur une peau de banane qu’il conviendrait de placer sous les pas du chef de l’Etat. Le serein Hollande rappelle à qui veut entendre qu’il y est opposé.

Dominique de Villepin s’inquiète de « l’illusion d’un remède miracle », et du risque qu’il y a à « brûler nos meilleures cartouches sans viser la cible ».

Quand aux syndicats, ils dénoncent tout simplement une mesure anti-sociale, à même de grever le sommet social dans dix jours.

Il est vrai que les sondages qui évoquent ce point donnent les deux tiers des Français opposés à une telle mesure. Il n’est donc guère difficile pour nos partis et syndicats de se positionner…

Il n’en reste pas moins que la question de fond est celle d’une consommation atone, et donc celle de la croissance, généralement estimée, dans le meilleur des cas, à 0,5 % pour l’année qui commence. Quand les commerçants parient sur les soldes au lendemain de Noël, ils en font la triste démonstration.

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