TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 5 juin 2011

La zone Euro au bord de la panique

Une très lente panique bancaire s'empare des banques de la périphérie de la zone euro.

Rarement analyse a été plus pessimiste sur l'avenir de la zone euro. L'éditorialiste vedette du Financial Times, le britannique Martin Wolf, laisse entendre qu'une sorte de très lente panique bancaire s'est déjà emparée des pays périphériques de la zone :
"Dans une véritable union monétaire, un dépôt dans n'importe quelle banque de la zone euro doit être l'équivalent d'un dépôt dans n'importe quelle autre banque. Mais que se passe-t-il si les banques d'un pays donné sont au bord de l'effondrement ? La réponse est que cette présomption d'égalité ne tient plus. Un euro dans une banque grecque n'est plus la même chose qu'un euro dans une banque allemande. Dans ce cas, il n'y a plus seulement un risque de panique bancaire sur une banque précise, mais sur un système bancaire national dans son ensemble."

L'impasse

En conséquence, les banques des pays périphériques, qui voient leurs capitaux fuir, sont refinancées par les banques de pays en meilleure santé, comme l'Allemagne. D'ailleurs, en 2010, les crédits détenus par la Banque centrale allemande étaient à peu près équivalents aux dettes cumulées des banques centrales de la Grèce, de l'Irlande, de l'Espagne et du Portugal. La Bundesbank accumule donc des titres de dettes qui sont censés être garantis par les Etats. Or, leur solvabilité est plus qu'incertaine. Cette situation ne peut pas durer, comme l'explique Martin Wolf :
"L'insolvabilité de certains gouvernements menacerait aussi la solvabilité des banques centrales des pays créditeurs. Cela impliquerait de lourde pertes pour elles, que les contribuables nationaux devraient compenser. Ce serait un transfert fiscal dissimulé".
En clair, les fourmis allemandes paieraient l'addition pour les cigales grecques ou portugaises. Une solution que les électeurs des pays vertueux ne supporteraient pas.
Martin Wolf juge inévitable une restructuration de la dette des pays périphériques, même s'il n'imagine pas la BCE continuer de prêter de l'argent contre des titres de dette de pays en faillite. Comme le résume sur son blog le prix Nobel d'Economie Paul Krugman, qui souscrit totalement à la thèse de Martin Wolf :
"La BCE répète qu'il est impensable de restructurer. Pourtant les programmes d'austérité ne marchent pas ; la perspective d'un retour à un financement normal recule au lieu de se rapprocher."

Un ministre des Finances européen ?

Face à cette crise de la zone euro, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne Jean-Claude Trichet prône une intégration européenne encore plus poussée. Il a évoqué jeudi la création d'un poste de ministre des Finances de la zone euro. Ce dernier, sans avoir un budget fédéral trop élevé, serait chargé d'agir dans trois domaines, résumés par l'AFP :
"La surveillance des politiques budgétaires et des politiques en matière de compétitivité (...); toutes les responsabilités assumées généralement par les gouvernements en ce qui concerne le secteur financier intégré de l'Union; et la représentation de la confédération de l'Union au sein des institutions financières internationales."
L'idée serait que les autorités économiques de l'Union puissent avoir leur mot à dire sur des décisions financières nationales, en particulier en matière budgétaire. Il s'agirait donc d'éviter de se retrouver à nouveau dans l'impasse dans laquelle la zone euro est coincée en ce moment. Mais ce n'est pas un simple ministre des Finances européen qui suffira à régler la crise actuelle.

0 commentaires: