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vendredi 9 décembre 2011

UE : pourquoi Cameron a dit "no"

Alors que la grande majorité des pays de l'UE ont accepté un accord intergouvernemental pour juguler la crise de la dette, le Premier ministre britannique David Cameron s'est opposé à une réforme des traités européens, quitte à isoler son pays du reste de l'Europe. 

Défendant la position britannique de façon très "viril", selon les observateurs à Bruxelles, David Cameron a opposé son veto à toute réforme des traités européens. Le Premier ministre britannique a tenu tête au tandem franco-allemand, quitte à s'isoler du reste de l'Europe. En effet, outre le Royaume-Uni, seuls trois autres pays (Hongrie, Suède et République tchèque) se sont opposés à l'accord intergouvernemental, scellé vendredi matin, et ils pourraient revenir sur leur décision, croient savoir des sources interrogés par les agences de presse.
Il n'y a toutefois rien de surprenant au "clash" entre Londres et les autres capitales européennes. A Bruxelles, de nombreux fonctionnaires européens se disent même étonnés qu'il soit arrivé si tard après l'arrivée de David Cameron au pouvoir, en mai 2010. Pendant la campagne législative qui l'a mené au 10 Downing Street, le chef des Tories, les conservateurs britanniques, était connu pour ses opinions eurosceptiques.

La réforme des traités européens, prétexte au "clash"?

Observant les règles de la Realpolitik, il avait toutefois opposé avec Bruxelles à cause de la présence, dans son gouvernement de coalition, de ses alliés libéraux-démocrates. Ces derniers, traditionnellement europhiles, sont pilotés par le vice-Premier ministre, Nick Clegg, qui a longtemps défendu, en tant qu'eurodéputé, les bienfaits de l'Union.
Mais les pressions de l'aile droite du parti conservateur, qui réclame le rapatriement de certains pouvoirs transférés aux instances européennes, ont contraint David Cameron à durcir le ton. Et, devant l'ampleur de la crise de la dette, les libéraux-démocrates ont fini par céder. Jeudi, avant le début du sommet européen, le Premier ministre était ainsi prêt à en découdre avec ses partenaires. Bien que non concerné par la reconstruction de l'architecture de la zone euro, puisque son pays refuse toute idée d'adhésion, David Cameron a saisi la perche qui lui était tendue pour monnayer le feu vert du Royaume-Uni à l'exercice.

Un affrontement de personnes

"Pour accepter une réforme des traités à 27, David Cameron a demandé, ce que nous avons considéré tous comme inacceptable, un protocole dans le traité permettant d'exonérer le Royaume-Uni d'un certain nombre de réglementations sur les services financiers", a déploré le président français Nicolas Sarkozy, lors de sa conférence de presse matinale, vendredi.
Alliés encore tout récemment lors de l'intervention militaire des occidentaux en Libye, Nicolas Sarkozy et David Cameron sont adversaires en Europe. Le précédent sommet de l'UE fin octobre avait déjà été l'objet d'une franche explication entre les deux hommes, le premier s'agaçant en pleine réunion que le second donne des leçons à la zone euro sur la conduite à tenir. A Bruxelles cette fois, David Cameron a demandé concrètement à pouvoir disposer d'un droit de veto pour permettre à la City de Londres d'échapper à la supervision des autorités paneuropéennes.

Des premières réactions sceptiques

William Hague, ministre des Affaires étrangères, a tenté de justifier la position de son Premier ministre vendredi midi, sur la BBC. Le diplomate a ainsi rejeté toute idée d'isolement de la Grande-Bretagne. "Voudrions-nous au Royaume-Uni être partie prenante d'un accord où l'on abandonnerait davantage de notre souveraineté (...). Non ?", a-t-il argué. Son homologue suédois, alors même que Stockholm "demande à réfléchir" avant d'accepter ou non l'accord intergouvernemental, l'a raillé sur son compte Twitter. Carl Bidlt s'est ainsi dit "préoccupé que la Grande-Bretagne commence à dériver de l'Europe de manière aussi grave", avant d'ironiser : "Pour aller où? Vers une alliance forte avec la Hongrie..."
Reste à savoir si la stratégie partisane de David Cameron peut convaincre ses électeurs. Les éditos de la presse britannique, publiés sur Internet, donnaient quelques éléments de réponse vendredi. Le Daily Telegraph, conservateur, comme le Guardian, plus proche du parti travailliste (gauche), ne s'y trompaient pas : "Le Royaume-Uni est isolé", titraient leurs sites Internet dans la matinée. "L'UE traverse la pire scission de son histoire", lâche le Daily Telegraph alors que le Guardian souligne la position difficile du Premier ministre : "Il pourra dire à ses députés eurosceptiques qu'il a refusé de signer un accord qui mettait en péril les intérêts britanniques."

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