TOUT EST DIT

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mardi 8 novembre 2011

L'heure de vérité

Douze milliards fin août, huit aujourd'hui : en moins de trois mois, c'est le second plan que décrète le gouvernement pour respecter ses objectifs de déficit, rassurer les marchés et convaincre les agences de notation. Annoncé il y a dix jours par le président de la République, il traduit une accélération un peu affolante des réajustements, qui pose autant de questions qu'elle n'apporte d'assurances.

Ce nouveau plan sera-t-il suffisant ? Les députés n'ont pas le temps de discuter le budget qu'il est déjà caduc. La commission des Finances du Sénat prévoit un besoin de financement très supérieur à ce serrage de ceinture, de l'ordre de quinze milliards.

Il y a un moment où le niveau des déficits monte si vite que les digues érigées à la hâte ne suffisent plus. À cause de l'addition des plans de rigueur qui, sans volet de relance, ralentiront la croissance, pas seulement en Grèce. À cause de la solidarité européenne qui coûte plus cher que prévu. Et des taux d'intérêts qui augmentent, y compris un peu pour la France.

Ne fallait-il pas agir avant ? « Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite », disait François Fillon en... 2007. Quatre ans après, les déficits ont doublé, la croissance ralenti, le chômage augmenté. Il faut savoir gré au Premier ministre d'avoir diagnostiqué, à temps, une situation qui aurait supposé, lorsque pointait la crise, que l'on ne diminuât pas les recettes. C'est quand il y avait de la création de richesses qu'il fallait lester les caisses publiques pour anticiper les coups de tabac.

Les tensions économiques soulignent ainsi une différence d'approche entre François Fillon, soucieux de limiter la dépense, et Nicolas Sarkozy, surtout enclin à alléger l'impôt, ce qu'ils n'ont réussi ni l'un ni l'autre. Le paquet fiscal ou la TVA dans la restauration apparaissent ainsi comme des mesures inappropriées que les difficultés obligent à revoir. D'où le sentiment d'un détricotage fiscal illisible, d'abord destiné à tenir jusqu'aux élections.

Cette rigueur est-elle gérable à six mois de la présidentielle ? Pour en limiter l'impact politique, on assiste à un clair partage des rôles. Le président de la République réserve son énergie aux grandes manoeuvres internationales, supposées valoriser ses mérites. Tandis qu'il revient au Premier ministre de dire aux Français qui paiera.

À l'exception de l'impôt sur le revenu, le plus sensible, la hausse des prélèvements obligatoires se chiffre en dizaines de milliards. Aller au-delà suppose une adhésion des Français à la rigueur, c'est-à-dire une pédagogie de la crise, conjuguée à une équité des mesures attendues ce midi.

Les malheurs du pouvoir sont-ils une aubaine pour l'opposition ? Après avoir donné le tempo politique pendant deux mois, voici François Hollande à la remorque de l'agenda présidentiel avec une équipe incertaine et un programme dépassé. Dans le creux médiatique de l'après primaires, et alors qu'il avait fait de la réforme fiscale sa colonne vertébrale, il ne peut pas se contenter de réduire Nicolas Sarkozy à un « animateur » de sommets. Toute attitude moqueuse risque de passer pour une incapacité à opposer au Président une alternative anticrise crédible.

L'heure de vérité a sonné et 2012 se joue désormais chaque jour.

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