TOUT EST DIT

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mardi 8 novembre 2011

Grèce : la spirale infernale, économique et politique



Dans l'histoire contemporaine, aucun pays n'a reçu d'aide financière aussi massive que la Grèce.

À court terme, il n'est guère contestable que la formation à Athènes d'un gouvernement d'union nationale soit une bonne nouvelle, à la fois pour la Grèce et pour la zone euro. Le nouveau cabinet va pouvoir en effet très ­rapidement faire adopter par le Parlement, à une large majorité, le plan de sauvetage élaboré lors du sommet européen de Bruxelles du 27 octobre dernier (130 milliards d'euros de prêts bonifiés supplémentaires à la Grèce, effacement de 50% de la dette souveraine grecque détenue par les banques) et éviter ainsi l'exclusion du pays de la zone euro. Ensuite, le gouvernement sera en mesure de recevoir les 8 milliards d'euros de la sixième tranche du premier «paquet» obtenu par la Grèce en mai 2010 (110 milliards de prêts de la part du FMI et des pays de l'Eurogroupe).
Faute de cet influx d'argent frais, l'État grec ne serait pas ca­pable d'honorer ses échéances du mois de novembre. Enfin, il sera en mesure de faire voter le budget 2012 et d'entamer un programme de privatisations.
À moyen et long terme, la Grèce n'est pas pour autant tirée d'affaire. Son histoire politique n'offre pas d'exemple de grandes coalitions ayant fonctionné correctement. Par le passé, ses deux grands partis politiques (le Pasok, socialiste, et la Nouvelle Démocratie, conservateur) se sont toujours montrés incapables de prendre des décisions qui soient électoralement douloureuses à court terme, même si elles protègent l'intérêt du pays à long terme. Or l'élite politique grecque s'est entendue pour que des élections générales anticipées aient lieu dès le mois de février prochain. Que se passera-t-il dans un mois, lorsque le gouvernement d'Athènes devra commencer à négocier avec l'UE et le FMI les réductions de dépenses pu­bliques grecques attachées à l'accord bruxellois du 27 octobre? Les partis se lanceront-ils dans un concours d'aus­tère vertu ou retrouveront-ils, par peur de la rue, leurs démons démagogiques des vingt dernières années?
De surcroît, il existe un second grand facteur d'inquiétude, qui est écono­mique et non pas seulement politique. Dans l'histoire contemporaine, aucun pays n'a reçu -proportionnellement à sa population- d'aide financière aussi massive que la Grèce. Aux 240 milliards d'euros des deux prêts européens exceptionnels, il faut ajouter quelque 100 milliards de refinancement des banques grecques par la BCE de Francfort, laquelle a généreusement accepté les bons du Trésor grecs comme garanties collatérales. Or ces montants considérables (à comparer à un PIB grec de 220 milliards) n'ont pas réussi à relancer l'économie -qui accuse une récession de 6% cette année-, ni à rassurer les marchés.

Marasme

Les investisseurs, qu'ils soient grecs ou étrangers, continuent à fuir le pays. Les simples citoyens ne font plus confiance à leur pays, retirant massivement leurs dépôts des banques grecques. La conséquence, c'est une restriction considérable de la capacité des banques à assurer le financement normal des entreprises du secteur privé. Une spirale infernale qui risque de faire passer la Grèce de la récession à la dépression.
La réalité est que, désormais, une sortie de crise de la Grèce ne dépend plus seulement du gouvernement d'Athènes, aussi bien intentionné qu'il veuille se montrer. Fondée sur le tourisme, l'armement maritime et la petite industrie manufacturière, l'économie grecque n'a aucune chance de se relever si le marasme se poursuit dans l'eurozone, son débouché naturel.
Si la décroissance du PIB grec continue, le pays n'aura tout simplement pas les moyens de rembourser sa dette. En 2010, le secrétaire au Trésor américain avait, en vain, invité les dirigeants européens à être beaucoup plus ambitieux dans leur premier «bail out» destiné aux «PIGS» (Portugal, Italie, Grèce, Espagne). Les faits lui ont, hélas! donné raison.

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