La présidence française du G20 avait tout prévu pour faire du sommet de Cannes, qui s'ouvre ce mercredi jusqu'à vendredi, un moment fort de la gouvernance mondiale. Six thèmes de travail parfaitement balisés par une succession de G20 ministériels qui se sont tenus en France en cours d'année ; invitation du monde associatif et syndical pour donner à cette réunion une dimension résolument sociale ; préouverture du sommet, ce matin, par un B20 (Business 20) qui réunira jusqu'à demain les principaux chefs d'entreprise des 20 pays les plus riches de la planète. Tout était donc prévu pour ancrer, à Cannes, le sommet des pays les plus riches de la planète comme l'incontournable lieu de décision annuel des grands dirigeants politiques et économiques mondiaux.
Las ! La mécanique parfaitement huilée par les sherpas de l'Elysée a été grippée par l'aggravation de la crise de la dette souveraine européenne, durant l'été, mais surtout par la décision surprise, lundi, du Premier Ministre grec George Papandreou d'organiser un referendum sur l'accord conclu la semaine dernière entre les 17 pays membres de l'euro.
A ses partenaires - chinois et américains en tête - inquiets de la tournure prise par la crise de la dette de la zone euro au cours des dernières semaines, l'Europe avait promis d'arriver unie au G20. C'était tout le sens de l'accord obtenu à l'arraché la semaine dernière à Bruxelles. Cet accord global devait régler à la fois la crise grecque et garantir la reprise de l'activité à moyen long terme. Mais la volte- face de George Papandreou menace désormais la survie de ce plan et replace dramatiquement la crise de l'euro au centre du G20.
Pour preuve, alors que le sommet devait débuter par un diner de travail ce soir entre le président français, Nicolas Sarkozy, et son homologue chinois, Hu Jintao, le véritable lever de rideau consistera en un sommet dans le sommet - improvisé - qui réunira en milieu d'après midi sur la croisette Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, ainsi que des représentants de l'Union européenne et du FMI. Cette rencontre sera suivie d'une réunion avec George Papandreou, convoqué en urgence à Cannes pour venir s'expliquer devant ses partenaires européens. Autant dire qu'au cours des trois prochains jours, le G20 vivra en permanence sous le regard inquiet des marchés financiers concernant l'avenir de la zone euro.
Rassurer les marchés, c'était pourtant le principal objectif de l'Elysée, avant le coup de Trafalgar d'Athènes. «Nous devons montrer aux investisseurs que les grandes économies ont une vision à long terme de la gouvernance mondiale - à travers la régulation de la finance ou la transformation du système monétaire international - tout en ayant la volonté de résoudre la crise à court terme en affichant une solidarité sans faille», explique-ton dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Faute de chiffres spectaculaires à afficher pour relancer une activité en net ralentissement dans de nombreux pays - crise budgétaire oblige -, les pays du G20 feront donc assaut d'unité pour rassurer.
Concrètement, chacun s'engagera à prendre les mesures adéquates, à son niveau, pour participer à la relance globale. «Le G20 doit montrer que chaque pays a intérêt, pour sa pro pre croissance, à ce que son voisin aille bien», explique-t-on à l'Elysée. Une volonté de coopération qui devrait conduire les 20 plus grands dirigeants de la planète à conclure un certain nombre d'accords techniques, en matière d'aide au développement, de régulation des marchés agricoles ou encore des flux de capitaux, sans laisser espérer d'avancées majeures dans la réforme du FMI. Quand au principal sujet de tension entre grandes nations - les monnaies - il sera soigneusement contourné. Depuis quelques semaines, américains et chinois se déchirent sur cette question, après le dépôt d'une proposition de loi au Congrès à Washington visant à surtaxer certains produits importés de Chine en cas de sous évaluation manifeste du yuan. Mais les japonais ont achevé de doucher tout espoir d'accord sur les devises en intervenant massivement en début de semaine, pour réduire la valeur du yen. La coopération trouvera là ses premières limites.
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