TOUT EST DIT

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mercredi 2 novembre 2011

Europe : le bateau ivre...

Décidément, la formule « trop peu, trop tard », si souvent utilisée pour caractériser la gestion de la crise grecque par l'Union européenne, sous-estimait encore la gravité de la situation. On croyait que les accords conclus au petit matin, jeudi dernier, à défaut de constituer la solution structurelle dont la zone euro a besoin, allaient au moins offrir un répit. Ils auraient permis de mettre en place les outils juridiques et politiques nécessaires à la gestion de la monnaie unique dans le futur.

L'autosatisfaction des dirigeants européens n'aura été qu'un feu de paille. L'enthousiasme des bourses mondiales au lendemain de l'accord n'était en réalité qu'une prise de bénéfices spéculative, suivie immédiatement par d'autres baisses et d'autres attaques.

On avait oublié aussi que le défaut partiel et non avoué de la Grèce affaiblissait encore un peu plus les banques, que l'accroissement des ressources du Fonds de stabilité financière était surtout une opération sophistiquée d'ingénierie financière, etc. On négligeait aussi la frustration croissante des partenaires de la France et de l'Allemagne, face au Directoire de fait de ces deux pays, se substituant « pour la bonne cause » aux mécanismes (à vrai dire, inefficaces) prévus par les traités. On savait tout cela, mais on espérait encore que les mesures prises accorderaient un sursis et que les pays du G20 qui se réunissent à Cannes apporteraient un soutien bienvenu à ce plan obtenu à l'arraché.

L'annonce par le Premier ministre Papandréou d'un référendum, soumettant l'accord au vote du peuple grec, constitue une véritable bombe. Non seulement l'application de l'accord sera repoussée... aux calendes grecques (des siècles par rapport aux temps des marchés...) ; non seulement le résultat - probablement négatif - est déjà prévisible, mais il aura démontré, une fois de plus, que le directoire des deux grands États peut être mis à mal par le plus faible maillon de la chaîne. C'est une forme inédite de droit de veto qui s'est mise en marche...

Ce ne serait qu'une péripétie anodine dans la saga des processus décisionnels de l'Union s'il ne s'agissait d'un choix dont les conséquences risquent d'être dramatiques non seulement pour l'Europe, mais pour la planète tout entière. La décision grecque peut être l'étincelle qui fait sauter l'ensemble de l'édifice : l'euro, l'Europe puis, par ricochet, l'ensemble du système monétaire international et donc le commerce et les échanges.

Si elle n'est pas rapidement reprise en main par les acteurs internationaux, la décision grecque pourrait être une déroute économique et financière aux conséquences incalculables. Cet événement local (une décision prise par Papandréou sans consulter quiconque) s'apparente à un suicide politique et à un saut dans l'inconnu sur le plan économique et financier, par suite d'enchaînements non maîtrisés.

Dans cette course à l'abîme dont les ressorts semblent échapper au contrôle des dirigeants occidentaux, il reste, par le plus grand des hasards, peut-être une dernière carte. Les dirigeants des vingt plus grandes puissances économiques du monde seront réunis cette semaine à Cannes. Seront-ils capables d'éteindre l'incendie ? Le doute est permis, mais c'est probablement la dernière chance d'éviter la déflagration.

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