TOUT EST DIT

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mardi 22 novembre 2011

Front de maires

Ils sont en première ligne, avec vue sur la crise. Et ils se seraient bien passés de ce poste d’observation qui les expose à toutes les colères et les frustrations de la société. Une situation à la fois inconfortable et paradoxale : ils sont les élus préférés des Français mais on continue de les considérer comme les détenteurs d’un pouvoir secondaire. Ils sont à la fois les bien-aimés de la République… et les mal-aimés de l’État. Les maires qui tiennent leur congrès à partir de ce matin sont bien obligés d’assumer ce statut un brin schizophrène. Un mérite insuffisamment reconnu tant ils parviennent à maintenir la cohésion sociale de la France contre vents et marées, résistant vaille que vaille aux turbulences du microcosme politique.

Plus que jamais, ils doivent affronter des vents contraires. C’est que les tempêtes de l’économie et de la finance ont eu pour effet de concentrer un peu plus encore les centres de décisions à Paris. Elles offrent une revanche au vieux jacobinisme français que Nicolas Sarkozy incarne plus qu’aucun de ses trois prédécesseurs à l’Élysée, et qu’il n’a cessé de renforcer tout au long de son hyperprésidence. Le président de la République, qui n’a jamais oublié les accents du ministre de l’intérieur qu’il fut, a toujours su trouver les mots pour retourner l’humeur maussade, voire la franche hostilité, des séances plénières des 7 000 congressistes de la porte de Versailles. Des succès chaleureux qui ne l’ont pas empêché, le reste du temps, de « charger » assidûment les collectivités locales, accusées - le plus souvent sans distinction - d’être trop dispendieuses.

Cette fois, au prétexte de respecter une neutralité électorale absolue, le chef de l’État ne viendra pas. Cela lui épargnera la grogne des élus un peu traumatisés par une réforme de l’intercommunalité, dont ils acceptaient le principe, mais qu’on a voulu leur imposer d’en haut, à la hussarde. C’est le premier ministre qui s’y collera. François Fillon osera-t-il faire la morale à ces élus locaux dont il a ouvertement et collectivement mis en cause la responsabilité dans l’accroissement de la dette publique? De toute façon, le chef du gouvernement n’aura pas la partie facile en promoteur d’une réforme territoriale que la victoire de la gauche aux Sénatoriales a condamnée pour un bon moment au moins. Quoi de mieux pour éprouver son goût de l’adversité… en pariant sur la résignation de son auditoire.

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