TOUT EST DIT

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mardi 22 novembre 2011

Besoin de crédit

À cinq mois de l'élection, l'écart entre François Hollande et Nicolas Sarkozy se resserre, au premier tour. Disposant de plus de réserves à gauche que Nicolas Sarkozy n'en possède à droite, à cause du Front national, le candidat socialiste reste très largement favori au second tour.

Malgré un nombre élevé d'indécis, notre sondage BVA (lire page 3) confirme une évolution, pour l'instant, assez logique.

Après l'euphorie de la primaire, François Hollande flottait sur un nuage artificiel. Nicolas Sarkozy, à cause du rejet de sa personne autant que de sa politique, restait au plus bas. Pour des raisons banalement mécaniques, accentuées par une « présidentialisation » du chef de l'État dans la crise, on retrouve des niveaux réalistes.

Deuxièmement, pendant que le Président se démenait sur la scène internationale, François Hollande, rentré d'urgence de quelques jours de repos, a perdu la maîtrise du tempo médiatique. Il a subi les attaques assassines de Jean-Luc Mélenchon et la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Il a semblé très politicien par rapport à la gravité de la crise. On ne ridiculise pas un capitaine en pleine tourmente.

Enfin, François Hollande a semblé faire des concessions en réservant soixante circonscriptions aux écologistes. La cacophonie autour de la filière mox, le combustible du futur EPR, et le plan de fermetures de réacteurs ont pu inquiéter par leur ampleur. On n'adresse pas un message rassurant quand, déjà, on peine à conclure avec un petit parti allié.

En réalité, François Hollande n'a pas changé de ligne et n'a même rien cédé, ni sur l'EPR ni sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Son programme, annoncé jusqu'en 2025, correspond, pour ce qui est du prochain quinquennat, à deux ou trois fermetures de centrales, pas plus, compensées par des économies d'énergie et par la mise en service du nouveau générateur de Flamanville. Ce n'est pas demain que l'on s'éclairera à la bougie !

Mais que l'on soit pour ou contre le nucléaire, cette affaire inquiète confusément l'opinion : peut-on mettre des circonscriptions dans un plateau de la balance et notre indépendance énergétique dans l'autre ? Notre avenir peut-il se décider dans le huis clos d'un marchandage électoral ?

Les Français ont le sentiment ¯ fondé ou pas, mais c'est ainsi ¯ que la tactique prévaut sur le projet jusqu'à en modifier le contenu. François Hollande - mais aussi Nicolas Sarkozy quand il exploite la sécurité ou l'immigration pour séduire la droite extrême - doit veiller à ne pas faire passer son avenir avant l'intérêt des Français.

On ne résoudra pas les problèmes avec une moitié du pays qui s'opposerait à l'autre ou qui s'abstiendrait. L'élection ne peut pas se jouer sur le rejet, toujours très fort s'agissant de Nicolas Sarkozy, mais sur l'adhésion à un projet. Faute d'en créer les conditions, on s'exposerait à des lendemains sociaux douloureux.

Nicolas Sarkozy profite, mais ça ne suffit pas, de l'autorité que lui confère sa fonction. François Hollande, lui, va devoir gagner du crédit en démontrant ce que serait, à Bruxelles, une présidence de gauche dans une Europe au bord de l'implosion. Et à Paris, à la tête d'une France menacée de dégradation. Si, avec ça, on n'a pas une vraie campagne...

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