TOUT EST DIT

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vendredi 28 octobre 2011

De la corde raide

La crise a fourni, hier soir, à Nicolas Sarkozy l'occasion d'une prestation aussi attendue que millimétrée. Absent des plateaux télé depuis huit mois et dépossédé par le PS de l'initiative médiatique, le chef de l'État lie, sans l'avouer, son redressement personnel à celui de l'Europe.

Pour reprendre la main et réduire son retard sur François Hollande, il s'est montré pédagogue, déterminé, responsable et rassurant. Bref, il rappelle, avec humilité et application, qu'il tient la barre dans la tempête. Suivez mon regard... Quitte à privilégier la bouteille à moitié pleine, à travers quelques affirmations clés.

On a évité une catastrophe en Grèce. C'est exact. Mais le Président insiste davantage sur les 100 milliards effacés que sur les 260 milliards qu'il reste à Athènes à rembourser. En particulier, la récession provoquée par la rigueur risque de tarir les rentrées fiscales et de reposer le problème dans quelques mois.

On a sauvé l'Europe, oui. Mais il ne commente pas l'insuffisance du fonds de garantie s'il fallait supporter une défaillance de l'Italie ou de l'Espagne.

On a préservé le contribuable français. En tout cas, un échec à Bruxelles lui aurait coûté très cher. Mais il n'est pas tout à fait épargné : les banques paieront moins d'impôt à l'État, prêteront moins d'argent et rémunéreront moins les actionnaires pour compenser les milliards perdus en Grèce. Par ailleurs, le Président, obsédé par la convergence avec l'Allemagne, admet qu'il faudra trouver des milliards de dépenses en moins et de recettes en plus pour accompagner la baisse de la croissance.

Bruxelles a été une victoire politique. Nicolas Sarkozy a parfaitement rappelé que ce sont trente années de déficits budgétaires, donc de défaillance du politique, qui ont conduit à l'impasse actuelle. Il accuse la spéculation qui joue contre le contribuable ou le salarié, mais sans en tirer toutes les conséquences, par exemple sur la séparation des activités bancaires. En même temps, il montre que le volontarisme politique peut éviter le pire. Au prix, tout de même, d'exigences allemandes ou de dépendance à la Chine.

La France est un bon élève avec son triple A. Si les salaires et les prestations n'ont pas baissé, c'est, rappelle le Président, grâce aux réformes, les retraites par exemple. Mais c'est aussi grâce à l'augmentation, moins médiatisée, des prélèvements obligatoires en hausse de 50 milliards en un an. Nicolas Sarkozy admet et déplore que la France dépense toujours 150 quand elle gagne 100. Une pratique incompréhensible pour qui paie des agios pour dix euros de découvert !

L'Europe en crise et la mondialisation offrent à Nicolas Sarkozy, même s'il se défend de penser à sa réélection, une occasion de tâter l'eau de la campagne, comme le prouvent les attaques contre les 35 heures. Rien ne prouve que l'énergie mise dans le sauvetage si compliqué de l'euro, ajoutée au rappel des affaires, suffira à y voir plus clair et à dégeler les sondages demain matin.

En revanche, il ne faudrait pas négliger l'effet politique qu'aurait une telle séquence dramatique, non plus à six mois, mais à quelques semaines du premier tour. Ceci pour dire que l'actualité a des talents - on sent bien que les racines de la crise ne sont pas éradiquées - qui peuvent réserver des surprises.

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